Chapitre.20

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Pénétrant dans le restaurant chic situé en plein cœur du centre-ville de Moscow, le trentenaire russe tendit son manteau au préposé avec une expression détachée qui lui était propre avant de se diriger vers la table réservée dune démarche nonchalante et assurée, ignorant par la même occasion les regards des convives notamment, ceux de la gente féminine.

Malgré les regards insistants, il resta stoïque par l'attention qu'il suscitait, déjà habitué.

Son visage resta impassible et son regard croisa brièvement celui des femmes qui tentaient désespérément de capturer son attention. Il s'assit et ramena sa main sur la table en regardant sa montre:

Dix minutes de retard.

Il se mordit durement l'intérieur de la joue en pressant la chair encore plus fort, bougeant discrètement son pied, détestant attendre.

Son état ne sembla pas s'arranger lorsqu'il croisa le regard d'une femme qui était à une table opposée à la sienne. Elle était seule, et le regardait depuis qu'il s'était attablé. Elle étira un sourire sûrement ravie qu'il la regarde pour la première fois après toutes ses tentatives d'attention.

Son sourire, Alexeï ne le lui rendit pas, et regarda ailleurs comme si elle n'était un détail parmi tant d'autres dans ce restaurant.

Ce qu'elle était de toutes les façons.

Insignifiante.

Cette qualification lui rappela une autre femme qui portait bien cet adjectif :

L'américaine.

L'éternelle fauteuse de troubles qui n'avait pas montré le bout de son nez depuis le samedi dernier, dans son bureau.

Il fallait dire que c'était un peu le but du jeu qu'il avait instauré pour son propre plaisir.

Alexeï avait arpenter l'écurie malgré lui, poussé par cette envie de la croiser une fois encore mais en vain.

Puis alors, sur le point d'aller demander à sa gouvernante avec subtilité où est-ce qu'elle se trouvait, il avait abdiqué en revenant à lui, se fustigeant d'agir ainsi. Ce n'était tout simplement pas digne de lui et si nouveau. Une nouveauté qui lui plaisait quand même, mais une nouveauté qu'il voulait pourtant voir disparaître.

Le trentenaire dont le cœur n'existait pas, du moins il le pensait, et dont le cerveau avait d'autres choses auxquelles penser qu'à une femme, ignorait jusqu'à aujourd'hui ce qui lui avait pris d'agir ainsi avec elle.

Toutefois il n'était pas dupe. Il savait très bien ce qu'il avait essayé de tester avec subtilité. Il avait eu envie de voir et savoir ce qu'elle pouvait bien penser de lui et s'il lui faisait de l'effet.

La raison pour laquelle il l'avait habilement suivi en allant où elle allait, en se plaçant derrière elle et en faisant tout pour l'effleurer.

Cependant tout cela n'avait pas été planifié par Alexeï. Ce jour-là, il avait juste suivit son instinct et ce que lui dictait son corps:

Un rapprochement. Une proximité.

Il avait eu besoin d'un contact avec elle. Et ses rougeurs, ses mimiques anxieuses, son rire nerveux et ses expressions, avaient été pour lui une preuve qu'il ne lui rendait pas indifférente. Curieusement, cette conclusion n'était pas sans lui déplaire, et c'est ce que Alexeï avait détesté.

Il n'était pas bête et savait qu'il y avait bien une raison pour laquelle il cherchait à savoir s'il lui plaisait ou pas. Il commençait à la désirer, et ce, depuis la nuit où elle avait quitté sa villa pour se perdre dans une cabine téléphonique environné de cet aspect sombre qu'avait pris l'horizon. Cette nuit où il avait découvert ses cheveux et s'était un peu trop attardé que la normale sur son visage.

Dans L'antre Du RusseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant