Chapitre 38

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L'atmosphère dans la pièce était chargée d'émotions et surtout, d'incompréhension de la jeune femme, qui n'avait pas encore réellement saisi ce que son oncle venait de l'avouer.

Pourtant, il était là, se tenant face à la jeune femme, ses mains solidement posées sur les épaules.

C'était fini, elle n'avait plus à fuir son pays et se cacher, elle n'avait plus à rêver de lui jusqu'à en faire des cauchemar. Le meurtrier de son amie et celui du jeune homme avait été arrêté, celui qui avait d'elle une personne en cavale.

Tout cela était une très bonne nouvelle. Mais alors pourquoi la jeune femme n'était pas vraiment  heureuse ? Pourquoi elle n'avait d'yeux que pour ce russe, dont la mine était toujours aussi froide et distante, comme à son habitude ?

Les yeux de son oncle brillaient d'une satisfaction non dissimulée tandis qu'il répétait :

-Tout est réglé, querida. Tout ce cauchemar est terminé.

Pourtant, tandis que son oncle parlait, Liyana ne pouvait détacher son regard d'Alexeï. Son visage restait impassible, une froideur distante qui la perturbait plus qu'elle ne voulait l'admettre. Il semblait loin, inatteignable, comme s'il dressait un mur invisible entre eux.

Une sourde inquiétude naquit en elle, un pressentiment qu'elle ne parvenait pas à chasser. Son cœur s'emballa, martelant sa poitrine avec une force déraisonnable, comme si elle était sur le point de perdre quelque chose de précieux, de vital.

-Tu peux enfin revenir à la maison querida. Est-ce que tu l'entends ?

Revenir? Maison ?

Elle secoua hâtivement la tête, puis sur le point de parler, elle fut coupée par Alexeï.

-Et quand est-ce que vous prévoyez de partir?

Sa respiration se bloqua.

-Eh bien, le plus tôt sera le mieux mais c'est à Liyana de décider. Je suis sûre que la connaissant, elle a encore trouvé un moyen de se faire des amis à qui elle voudra certainement dire au revoir est-ce que je me trompe querida ? Demanda son oncle en l'entourant de sa main, pour qu'elle vienne vers lui.

-Non...tu...j'ai effectivement des amis mais je...

-Parfait. Alors on pourra partir dans deux, trois jours peut-être, le temps que tu leur fasses tes adieux, coupa Ignacio avant de se tourner vers le russe en demandant, qu'en dis-tu Alexeï ?

Et sans même la regarder, et d'une voix détachée, répondit simplement :

-D'accord.

Ce seul mot, lâché sans émotion, fit vaciller Liyana. Elle sentit quelque chose se briser en elle, une déchirure profonde, une perte qu'elle ne pouvait nommer. C'était comme si une partie de son âme la quittait, un vide s'installant à sa place, l'abandonnant à un froid intérieur qui la laissait démunie.

Ignacio, percevant la pâleur de son visage, s'inquiéta.

-Ce n'est pas une bonne nouvelle, Liyana? Demanda-t-il avec douceur.

La jeune femme fut brutalement, arrachée à sa contemplation silencieuse d'Alexeï, et tourna enfin la tête vers son oncle.

-Si, bien sûr. Je suis juste un peu embrouillée... sûrement le décalage horaire, mentit-elle maladroitement, forçant un sourire qui n'atteignait pas ses yeux.

Dans L'antre Du RusseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant