Dans L'antre Du Russe

Chapitre.40

Le temps semblait s'être arrêté pour Liyana qui resta immobile, chaque fibre de son être tendue vers cette voix qui résonnait encore dans son esprit. Son souffle se fit plus court, chaque inspiration une lutte contre l'émotion qui menaçait de la submerger. Elle n'osait pas se retourner, terrifiée à l'idée de faire face à celui qui se trouvait derrière elle, mais incapable d'ignorer ce murmure persistant dans son esprit qui lui répétait de se tourner.

Au fond de son cœur, il y avait un espoir que ce ne soit pas lui, car elle n'était pas du tout préparée à l'affronter. Mais, dans une autre partie de son cœur il y avait non, l'espoir, mais la certitude que c'était bien cet homme, qui il y a désormais quatre mois, l'avait laissé partir, et l'avait même chassé de son cœur.

Son cœur battait à tout rompre, jouant des rythmes cymbalins, si bien que la jeune femme avait l'impression qu'il allait en sortir. C'est ainsi que sans encore se retourner, elle plaça une main discrète vers son cœur, et espérait que dans cette pénombre dans laquelle la pièce était plongée, il n'allait pas le voir.

Elle pouvait presque sentir sa présence, lourde, pesante, emplissant la pièce comme une ombre qu’elle ne pouvait ignorer. Pourtant, elle n’osait pas se retourner, redoutant ce moment, redoutant de croiser son regard après ces quatre mois d'absence.

-Liyana…

Entendit-on dans la pièce. Elle frissonna de tout son être, le cœur lourd et les pensées éparpillées. Qu'allait-elle faire ? Qu'allait-elle dire ? Cette visite la laissait ...

Non pas qu'elle n'avait jamais songé à ce qu'il vienne ici pour elle, mais elle l'y avait pensé durant ses deux premiers mois lorsqu'elle était revenue aux États-Unis. Idiote qu'elle était, elle avait pensé qu'il ne tiendrait même pas deux jours et qu'il reviendrait, car elle était sûre qu'il ressentait quelque chose pour lui. Et pourtant, les jours avaient fini par se transformer en semaine, et les semaines en mois, sans qu'elle ne perde toujours espoir qu'il vienne. Mais, après ces deux mois, elle avait fini par comprendre, qu'il n'avait jamais tenu à elle.

-Retourne-toi, continua-t-il d'une voix douce, presque suppliante, une rareté chez lui si bien qu'elle fronça les sourcils un moment, ses yeux dansant dans chaque voin du mur auquel elle faisait face.

Il y avait tant de choses tant de douleur, de regrets, et de souvenirs qu’elle préférait enterrer.

-Je...commença la jeune femme qui  ferma les yeux un instant, prenant une profonde inspiration pour tenter de calmer les tremblements qui agitaient ses mains. Tu peux me parler ainsi, nous n'avons pas besoin de nous voir.

Il ne perdit pas de temps qu'il reprit aussitôt :

-Non Liyana ça ne marche pas comme ça. Retourne-toi s'il te plaît.

Elle avait envie de rester comme ça, dos tourné, mais elle savait qu'elle ne pouvait pas l'ignorer, pas maintenant. C'était peut-être la derniere fois qu'ils avaient l'opportunité de s'expliquer. Car peut-être, venait-il lui annoncer son mariage, et, voulant aller de l'avant,  il venait simplement s'excuser et peut-être même la remercier. Car après tout, ne lui avait-elle pas dit qu'il devait ouvrir son cœur à d'autres personnes ? Et s'il était réellement là pour lui dire que tout était entièrement fini entre eux, qu'allait-elle dire, faire ?

Les mains tremblantes, elle prit une autre inspiration silencieuse, rassembla tout le courage qu’elle pouvait, et se tourna fébrilement.
Son cœur battait si fort dans sa poitrine qu'elle se demanda s'il allait éclater. Et là, debout dans l'ombre, à peine visible sous la lumière tamisée du salon, se tenait le russe. Lorsqu'elle remonta vers ses yeux, leurs regards se croisèrent, et ce fut comme si le temps s'était suspendu.