Le voilàààà !
Enfin, le dernier chapitre de Bienvenue à l'Oeillet
Ce n'est évidemment pas la fin de l'histoire, la suite arrivera sous peu dans le tome 2, mais je suis quand même super contente de conclure cette partie de l'histoire d'Otsu. Elle en aura vue de belles, et j'ai envie de dire que c'est fini, mais ce serait un gros mensonge
Mais dans ce chapitre, Otsu a quand même droit à un peu de positif, je crois ^^'
Bonne lecture !
Ils quittèrent l'auberge au matin, discrètement, dans la même voiture qui avait emmené Otsu loin de Stohess. Le cocher ne desserra ni la bouche ni la mâchoire, ne leur offrant qu'un bref hochement de tête en guise de salut. Le trajet se fit en silence. L'un savait ce qu'il y aurait à découvrir dans le district, l'autre ne pouvait que l'imaginer, entremêlant ses souvenirs au présent, sachant que cette fois ce serait pire. Cette fois, elle avait vraiment quelque chose à perdre. A leur arrivée, la jeune femme n'attendit pas que la voiture s'arrête complètement, et elle descendit sans un regard en arrière, entendant à peine Livaï dans son dos, qui lui disait de s'approcher du trou, dans le mur, si elle avait besoin d'aide. Sur le moment, elle ne comprit pas de quoi il parlait. Sur le moment, elle ne se posa même pas la question.
Otsu traversa des rues bien connues, maintes fois arpentées que la catin ne reconnût pas. D'autres avaient été épargnée par le combat des deux titans, et seuls quelques silhouettes hagardes y erraient. Mais Otsu y prêta peu d'attention, elle continua à courir, à trébucher sur les pavés, à contourner les blocs de maison et les corps sans vie. La courtisane passa devant cette église où, un jour, elle avait croisé Arbeit. Et elle ne lui accorda qu'un bref regard de côté, parce que l'église avait été écrasée, et que ses murs et son toit baignaient dans de la chaire et du sang. Elle continua à courir, toujours plus vite, sans se soucier de la douleur dans sa poitrine et dans ses pieds qui parfois ne sautaient pas assez haut par dessus les ruines. Un seul instant, Otsu s'arrêta. Quand elle arriva au bout de sa rue. Elle déglutit, refusa de regarder les lambeaux de maison, refusa d'écouter les pleurs et les cris, et repartit. C'était là bas. Juste là. Juste un peu plus loin. Ses chaussures battaient violemment le pavé. Ses yeux étaient fixés sur l'horizon. Moins que l'horizon. Juste là bas. Juste un peu plus loin.
Ses yeux humides et grands ouverts.
Fixés sur le mur de l'Oeillet. Sur la façade extérieure où battait encore le panneau de bois. Sur le trou béant qui en défigurait tout le côté gauche. Sur les poutres du toit. Sur le lit qui pendait à moitié dans le vide. Sur les ombres qui erraient, si petites devant les murs effondrés. A un moment, Otsu avait arrêté de courir pour marcher, si lentement qu'elle aurait pu avancer à reculons. Et puis elle s'était arrêtée. Les poings serrés. Les lèvres serrés.
Le cœur serré. Ses yeux voyaient. Mais Otsu croyait qu'ils lui mentaient. Elle ne comprenait pas ce qu'ils lui montraient.
Il y avait des voix autour d'elle, des cris et des murmures, des sanglots et du silence dans la poussière qui retombait lentement tout autour d'elle et étouffait ses propres pensées. Il y avait une femme assise sur empilement de décombres. Elle bougeait les lèvres mais Otsu n'entendait rien. Il y en avait une autre derrière, qui lui tenait les épaules. Ou se tenait à ses épaules. Otsu détourna la tête et inspira une grande bouffée d'air. Depuis quand avait-elle arrêté de respirer ? Longtemps, peut-être. La jeune femme se mit aussitôt à tousser et à cracher. La poussière.
L'odeur du sang.
Otsu s'essuya la bouche et avança un peu plus dans les décombres. Elle n'osa pas avancer très loin. Le salon de thé, l'officiel, était complètement détruit. Le cors d'une petite femme aux cheveux clairs gisait dans un coin, à moitié recouvert d'un drap. Plus loin, la catin discerna l'escalier. Et dans cet escalier, quelque chose pendait, coincé entre deux barres de la rampe. Quelque chose de pâle pendait dans le vide. Malgré elle, Otsu se trouva à l'intérieur des décombres. Ses pieds quittaient à peine le sol, doucement.
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Bienvenue à l'Oeillet
MaceraA la frontière entre Rose et Sina, les riches s'amusent parfois au dépend des lois. Et pour les avertis, L'Oeillet est bien plus qu'un salon de thé. C'est un lieu de libertés, d'effluves d'alcool, de rires, de chants et de danses. Depuis son départ...