10 - Perséphone

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Média : Le dessin m'appartient, ma fierté du moment ~



Yuna ne savait pas comment réagir face à Mikey, le fil de ses pensées devenait flou. Il avait joué le rôle du juge en prononçant sa sentence et son bourreau s'était empressé de l'appliquer. Il n'était pas entièrement responsable, mais sa participation n'était pas non plus négligeable. La brune ne s'était pas acharnée à lui rejeter la faute sur le dos durant ces derniers jours. Elle savait que tout avait commencé par sa propre décision et sa naïveté de croire qu'elle pourrait prouver son utilité et s'en sortir sans la moindre égratignure. Si elle devait incriminer quelqu'un pour son malheur, c'était le bourreau, Sanzu. Puis, sa pensée prit une trajectoire inhabituelle, surprenante, presque dérangeante : si ce soir elle pouvait se présenter sans être totalement brisée, sans être devenue folle, c'était grâce à Mikey, ou plutôt grâce à l'image qu'elle s'était faite de lui.

Elle se sentit comme aimantée par son regard sombre et se surprit elle-même à avoir parfaitement su le matérialiser lors de cette terrible nuit. Il était à la fois intense et tristement vide. Il était unique, mais en même temps familier. La vérité était que cela ne lui était pas complètement étranger de faire face à des yeux n'exprimant que peu d'émotions. C'était une particularité qu'elle avait régulièrement pu constater chez des patients psychopathes. Elle n'avait pas vraiment eu de réelles opportunités pour discuter posément avec lui afin d'établir un diagnostic similaire, mais cela ne l'aurait pas surprise si c'était le cas. Elle sentit sa curiosité la tirailler, voulant découvrir ce qui se cachait derrière sa forteresse impassible, l'envie de le comprendre.

- Qu'est-ce que tu fais là ? questionna Kakucho en s'approchant d'elle, l'extirpant de sa contemplation.

En tant que fin observateur, il repéra du premier coup d'œil une légère nuance violacé dissimulée sous une épaisse couche de maquillage. Il n'eut pas à poser de questions pour déterminer l'origine de ces marques, la réponse s'imposa naturellement à lui.

- Euh... bafouilla-t-elle en levant la tête. Sanzu m'a dit de venir ici...

Un éclair de désolation anima son regard pendant une fraction de seconde avant de retrouver sa neutralité. Il ne répondit rien, et se contenta de passer devant elle pour tenir la porte.

Mikey, qui s'était contenté d'observer silencieusement la jeune femme, contracta sa mâchoire. Il pensait avoir annihilé son espoir, l'avoir précipitée dans un tourment insurmontable. En la laissant seule avec Sanzu ce soir-là, il avait eut conscience que celui-ci lui ferait vivre un moment de désespoir, ce qui l'avait amené à supposer que lors de leur prochaine rencontre, il ne percevrait plus que de la souffrance dans ses yeux. Or, il venait d'être confronté à quelque chose dont il n'était pas certain. Quelque chose d'irrationnel qui n'avait duré qu'une seconde : de la gratitude, rapidement supplantée par une curiosité presque dévorante.

Il inspira si lentement que c'était à peine si l'on pouvait voir son buste se gonfler, puis il entra sans tarder dans l'immeuble lorsque Kakucho lui ouvrit la voie. Ses sens lui indiquaient que la jeune femme le suivait, mais à bonne distance. Il ne savait pas pourquoi son second l'avait fait venir, et à vrai dire, cela lui importait peu. Tant qu'elle ne causait pas de problème, qu'elle accomplissait son travail et qu'elle ne le trahissait pas, Sanzu pouvait bien faire d'elle ce qu'il en voulait, à condition qu'il ne mette pas fin à sa vie et qu'elle demeure capable d'exécuter ses ordres. Tel était l'accord conclu entre lui et son second lorsqu'il était venu lui demander de superviser Yuna, quelle que soit sa décision.

Au cœur des ténèbres (Sanzu x OC x Mikey)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant