8 - Le bourreau

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Le média ne m'appartient pas.


Le bruit de la porte se refermant derrière elle résonna tel le gong annonçant le début de son enfer, car elle savait que l'homme souriant en face d'elle aller lui faire vivre un véritable cauchemar maintenant qu'ils étaient seuls. Les souvenirs de ce qu'il aurait pu lui faire devant un public revenait assaillir sa mémoire et intensifia le flot de ses larmes. Elle savait qu'elle allait amèrement regretter son choix, peut-être était-ce déjà le cas, mais qu'aurait-elle pu faire d'autre ? C'était bien là, la seule solution possible pour parvenir à sauver son frère du courroux de cet homme.

Elle le regarda se lever, un regard et un sourire empreint d'espiègleries gravées sur son visage alors qu'il s'avançait. Il s'accroupit en face d'elle et, lorsqu'il approcha sa main de sa mâchoire, elle se crispa instinctivement en fermant les yeux. Elle s'attendait au pire, redoutant le contact imminent. Il posa délicatement sa main sur sa joue, avec une tendresse inattendue, et replaça doucement les mèches de ses cheveux derrière son oreille. Surprise par ce geste, elle ouvrit les yeux et découvrit son visage penché, appuyé sur sa paume, son coude posé sur son genou, affichant une expression de douce contemplation. Elle n'osait bouger, de peur de provoquer une réaction plus violente de sa part.

- On va faire tellement de choses ensemble, j'suis sûr qu'on va bien s'amuser...

Ses doigts glissèrent de nouveau sur sa joue, récoltant quelques larmes avant de les ramener à ses lèvres. Ses yeux s'écarquillèrent en découvrant la saveur salée qui se diffusait sur sa langue. Dès l'instant où il avait pu caresser sa peau sous la pulpe de ses doigts, il savait qu'elle serait délicieuse. Maintenant, il se retrouvait excité de constater que cette sensation s'étendait même à ses larmes.

Le désir qu'elle avait suscité en lui n'avait fait que grandir de jour en jour depuis cette nuit-là, atteignant un point où il ne pouvait presque plus penser qu'à l'instant où il pourrait enfin assouvir ses pulsions. Elle était jolie, exotique, et elle lui était soumise. Cette femme avait sournoisement alimenté un vieux fantasme qu'il s'était bien gardé d'exprimer à autrui : une femme séduisante qui le suivrait et n'obéirait qu'à lui et exclusivement à lui seul. Cette idée, qui n'avait jusqu'à récemment été qu'une chimère dans son esprit, n'était pas nouvelle. Depuis longtemps, il avait pris conscience de son désir de vouloir posséder une femme. Pas de l'aimer, mais bien de la posséder et de la modeler jusqu'à qu'elle devienne une parfaite marionnette se consacrant uniquement à ses souhaits et à ses désirs.

Des putes, il en avait baisé des centaines depuis qu'il avait fondé le Bonten aux côtés Mikey et des autres, mais une femme qui ne vivrait que pour lui : jamais. Il avait toujours pensé que ce serait inutile, encombrant, et demanderait beaucoup trop de temps et d'attention pour un criminel comme lui. Pourtant, il aurait pu choisir n'importe quelle prostituée dont le visage et le corps étaient complètement refaits, avec un caractère soumis et désireuse de combler tous ses moindres désirs. Cependant, aucune n'avait réussi à le convaincre que ce fantasme méritait d'être réalisé. Mais ce soir, il arrivait à se soucier de ça. Il arrivait à se reposer ces questions en observant la jeune femme baisser les yeux devant lui. Plus il regardait cette étrangère, plus son esprit arrivait à se détacher de ses vieilles convictions et à l'imaginer, voire même à l'envisager.

Était-il désireux de cette femme à ce point-là, ou bien cherchait-il simplement à la consommer ? Pensait-il avec son cerveau ou avec sa queue ? Il hésitait, car il devait faire appel à toute la maîtrise dont il était capable pour réfréner son envie de se jeter sur elle et la prendre sur le parquet, tout en ayant la sensation qu'il la convoitait pour bien plus que cela.

Au cœur des ténèbres (Sanzu x OC x Mikey)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant