Au cœur des ténèbres (Sanzu x OC x Mikey)

18 - L'amygdale

Média : Ne m'appartiens pas, trouvé sur X

Chaque seconde comptait, et pourtant, c'était comme si l'ascenseur de la résidence de Naoya prenait plus de temps que d'ordinaire. Les portes s'étaient à peine ouvertes que Yuna se faufila entre elles et traversa le parking d'un pas pressé. Mais, malgré l'urgence, elle ralentit son allure. Quelque chose clochait dans sa manière de marcher. Quelque chose était différent, comme si ses talons étaient plus hauts et plus pointus que d'habitude. La sensation à son pied était également différente ; c'était plus confortable. Intriguée par ce qu'elle ressentait, elle s'arrêta brusquement et leva le pied. Une semelle rouge flamboyante lui fit immédiatement comprendre que ces chaussures n'étaient pas les siennes. Il ne lui fallut qu'une seconde pour réaliser qu'elle avait dû confondre sa paire avec celle de Junko au moment de quitter l'appartement de Naoya.

- Et puis zut...

L'idée de remonter avait à peine effleuré son esprit qu'elle l'avait aussitôt rejeté, reprenant son chemin jusqu'à sa voiture. Chaque seconde comptait... Elle démarra et prit la route vers Shinjuku.

La jeune femme attrapa son paquet de cigarette et s'en alluma une. En temps normal, elle ne fumait pas à l'intérieur de son véhicule, mais là, elle en ressentait vraiment le besoin. Faisant fi du vent froid de la nuit venant fouetter son visage et rafraîchir ses mains sur le volant, elle ouvrit sa fenêtre À chaque bouffée toxique, la nicotine posait, petit à petit, un baume sur ses nerfs à vif. Dire qu'elle avait peur était un euphémisme ; elle était terrorisée. Un Sanzu qui criait ou proférait des remarques mesquines était un Sanzu normal, alors qu'un Sanzu calme, au ton neutre, était un Sanzu vraiment en colère. Le dernier traumatisme qu'il lui avait infligé était encore récent, et elle ne se sentait pas prête pour en encaisser un nouveau. Si elle parvenait à peine à le digérer, c'était, étonnamment, encore une fois grâce à Mikey.

Mikey. Le chef du Bonten.

Cet homme, dont elle ne connaissait rien, apparaissait parfois dans ses rêves, ou plutôt, dans ses cauchemars. Alors que son subconscient la torturait entre les mains de son bourreau, Mikey s'immisçait dans ses songes. Il ne fallait pas croire qu'il arrivait tel un sauveur sur son cheval blanc, mais il ne participait pas non plus aux sévices. Il était, la plupart du temps, juste en train de la fixer de son regard vide. Si vide qu'il en était aspirant, noyant les sensations de douleurs et de souffrances imaginaires. C'était comme si elle s'échappait en comblant cet espace, redonnant vie à ses yeux, comme si elle protégeait une part de son être en le cachant dans ses prunelles sombres. C'était dénué de toute logique, propre au non-sens caractéristique des rêves, mais cela fonctionnait... Quand Mikey se mêlait à ses cauchemars, ils devenaient moins atroces, plus supportables. Parfois, il lui parlait, et bien que ce n'était en rien des paroles réconfortantes, elles agissaient comme un bouclier autour de son cœur et son esprit, atténuant ce que lui faisait subir Sanzu.

Mikey, le boss du Bonten était, sans le savoir, le gardien de son humanité, le protecteur de sa conscience.

Ironique pour celui qui avait joué le rôle du juge trois semaines plus tôt pour prononcer sa sentence...

Yuna avait conscience qu'elle ne devait pas placer ses espoirs en lui. Même si dans ses rêves, il était une aide dont elle attendait la venue chaque nuit, dans la réalité, il n'en était rien. Il était le chef de cette organisation criminelle, celui qui les dirigeait tous. Et cela impliquait qu'il devait être pire qu'eux. Cependant, cela éveillait tout de même sa curiosité à son égard, au point qu'il envahissait parfois son esprit de questions. Des questions auxquelles elle était avide d'en obtenir des réponses.