3 - La maison familiale

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Média : Ne m'appartiens pas


La vie n'était pas un champ de roses, illuminé par un soleil éclatant, où coexistaient tous les êtres vivants en parfaite harmonie. Yuna le savait très bien, elle n'était pas si naïve. Son travail lui rappelait sans cesse que le mal foulait cette terre et répandait son malheur à quiconque osait s'en approcher. Mais pour elle, il était important de garder une part d'optimisme et de croire que tout n'était pas noir, que le monde n'était pas seulement souillé par la cruauté humaine. Cependant, les quelques jours passés à sombrer dans l'espace cloisonné de son appartement avaient mis sa vision des choses à rude épreuve.

Une semaine s'était écoulée depuis que Yuna avait repris le travail. Bien qu'au début, se lever pour se préparer à la vie active lui avait demandé tous les efforts du monde, il s'avérait que finalement, revenir travailler avait été bénéfique pour son moral. Le fait de recommencer à vivre son quotidien n'avait pas été aussi difficile qu'elle l'avait imaginé, et retrouver des criminels ne la mettait pas en dégoût, ni ne lui provoquait d'émotions négatives. Elle avait craint de ressentir de la colère, de la tristesse, voire même de la peur en se confrontant à des personnes semblables à celui qui avait tué sa mère. Cependant, elle avait réussi à faire la part des choses, en comprenant que ces individus n'étaient en rien responsables de ce meurtre.

Ce qui lui avait paru étrange, c'était le fait que ni le réconfort que lui apportait son petit-ami, ni les paroles bienveillantes de ses collègues, n'avaient réussi à rallumer l'étincelle de son âme. Ce qui l'aidait à traverser son deuil, c'était de tout faire pour soigner les prisonniers, de les aider à faire face à leur maladie psychique. Elle se disait sans doute que s'ils arrivaient à s'en sortir, pourquoi ne le pourrait-elle pas ?

Hélas, elle devait à nouveau faire face à la réalité qui était la sienne. En sortant de son travail, elle n'allait pas regagner son domicile, mais avait pris le chemin l'amenant devant le cabinet du notaire pour la lecture du testament de sa mère. C'était la dernière chose qui lui restait à faire, après cela, toutes les affaires qui la concernaient seraient terminées, hormis l'enquête de police.

Une boule se forma dans le creux de son estomac alors que l'heure fatidique approchait. Sortir de son véhicule lui demandait un courage qu'elle peinait à réunir. Son frère devait lui aussi être présent, et elle craignait qu'une fois cela achevé, elle ne le reverrait plus jamais, qu'il allait disparaître définitivement de sa vie. Il ne lui restait plus que lui comme membre proche de sa famille, et elle ne voulait pas affronter la forte probabilité de se retrouver seule au monde. Elle ne lui reprochait pas l'excès de colère qui avait mis fin à leurs retrouvailles, comprenant que sa situation l'avait poussé dans ses derniers retranchements. Elle aurait tellement voulu l'aider, mais même en ayant vérifié ses finances, elle pouvait à peine rembourser le quart de sa dette. Le partage de l'héritage aurait pu être un espoir, mais elle doutait fortement que sa mère disposait d'une telle somme.

- Que faire...? se questionna-t-elle à elle-même dans un soupir las.

Peu de solutions ne lui venaient à l'esprit hormis celle de fuir le pays. Elle soupira à nouveau, en laissant sa tête retomber sur le volant. Elle ressentit une douleur dans sa poitrine en se rendant compte qu'elle ne pouvait rien faire pour lui.

La jeune femme s'extraya enfin de sa voiture pour se rendre au cabinet où elle fut accueillit par une secrétaire souriante. Elle lui rendit son sourire par simple politesse et se laissa guider jusqu'au bureau du notaire. La brune fut surprise d'y voir son frère déjà présent. L'envie de le prendre dans ses bras était omniprésente mais la réprima face au regard qu'il lui adressait. Il n'y avait plus l'ombre d'une flamme ardente de sa colère, c'était tout bonnement neutre, lui donnant la sensation d'être devenue une inconnue à ses yeux. Elle aurait préféré affronter sa colère que d'avoir la sensation d'être invisible. Elle déglutit difficilement en s'asseyant à ses côtés, face au notaire.

Au cœur des ténèbres (Sanzu x OC x Mikey)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant