Chapitre 4 Séléna

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Je me réveille sans trop savoir où je suis. Mon dernier souvenir, c'est lui dans ma chambre, en colère parce que je lui refuse la seule chose qu'il veut de moi. Mais cette fois-ci, ses coups sont remplis de haine, puis la douleur, et la peur pour ma fille, et enfin, plus rien.

J'ouvre les yeux avec difficulté. Ma tête tourne, et je sens encore cette douleur dans tout mon corps, ce qui me fait gémir. Une personne bouge à côté de moi, alors je commence à paniquer. Je ne veux plus qu'il me touche, je ne sais pas où se trouve ma fille.

— Ne bouge pas, me dit une voix féminine que je ne connais pas. Tu es perfusé, et nous avons dû te bander une partie de ton visage. Je reviens, je vais chercher les autres.

Je ne comprends rien à ce qu'elle me raconte. J'essaie encore une fois d'ouvrir les yeux, enfin, le seul que je peux ouvrir et qui n'est pas gonflé, il ne m'a vraiment pas loupé ce salopard. Petit à petit, il s'habitue à la lumière, alors je détaille mon environnement. Je me retrouve dans une chambre, sur un lit double aux draps noirs. Les murs sont vides de décoration et en béton, les meubles sont en bois. Cette décoration me rappelle un passé lointain. Je ne peux pas être ici, c'est sûr, c'est impossible.

La femme qui était présente il y a peu revient et me dit :

— J'ai alerté les autres. Ils ne vont pas tarder à venir te parler. Mais dis-moi, comment t'appelles-tu ?

Je ne réponds rien, mais lui demande, paniqué :

— Ma fille, où est ma fille ? Où suis-je ? Et comment suis-je arrivé ici ?

Elle sourit avec gentillesse et répond d'une voix rassurante :

— Tu es arrivée dans une voiture conduite par une femme qui se nomme Maria.

Maria, elle a toujours été là pour moi, une fois de plus, elle m'a sauvé la vie. Comme cette fois où j'ai accouché seule en pleine nuit dans ma chambre sans médecin ni sage-femme. Mon père avait jugé que la douleur était ma punition pour avoir eu un enfant non consenti par lui, préférant le voir mourir. Maria, ma servante, était là pour m'aider à faire naître ma petite merveille. Quand elle me l'a mis dans les bras après des heures de souffrance, tout a été effacé, il n'y avait plus qu'elle qui comptait.

Je secoue la tête pour chasser mes souvenirs et lui redemande :

— Où suis-je ? Où est ma fille ?

— Tu te trouves ici, dans le QG des Hell's Eagles, et ta fille est chez moi, avec mes deux filles, sous la surveillance d'un prospect.

Je soupire. Alors, comme ça, Maria m'a ramené des années en arrière, chez eux, chez lui. Je ne suis pas sûr que l'accueil va être des plus chaleureux.

— Comment t'appelles-tu ? me redemande cette femme.

Je sais que de toute façon, un jour ou l'autre, elle l'apprendra. Alors, en soupirant, je lui réponds :

— Séléna.

— Pourquoi es-tu venue ici ? Et comment se fait-il que Vipter te connaisse ?

Je me tourne vers elle et lui réponds :

— Il y a des choses qui ne concernent que lui et moi.

— Ambre, bébé sort de cette chambre. De toute façon, elle ne te dira rien, comme toujours. N'est pas, Séléna ?

Je reconnais tout de suite cette voix dure qui ne laisse place à aucun sentiment. Je me tourne vers lui.

— Spank, je veux juste protéger ma fille.

— Très bien alors, tu vas pouvoir partir. Vipter s'occupera bien de sa fille que tu lui as cachée pendant six ans.

— Tu ne peux pas me faire ça, c'est ma fille ! Tu ne peux pas me la retirer. Je suis sa mère, c'est moi qui me suis occupée d'elle pendant toutes ces années, lui dis-je paniquée.

— À qui la faute, Séléna ?

Une larme coule le long de ma joue. Je sais que je ne mérite pas leur clémence, mais je refuse d'être traité de la sorte.

— J'ai compris, Maria a fait une erreur en m'amenant ici. Je me débrouillerai seule, comme je l'ai toujours fait. Rends-moi ma fille, et je partirai, pour ne plus jamais revenir, je lui dis en essayant de me relever.

— Je te crois sur parole, c'est ce que tu sais faire de mieux, t'enfuir sans laisser de trace. Mais aujourd'hui, tu as oublié que mon ami a le droit de voir sa fille, et je ferai tout pour le protéger. Même s'il ne veut plus te parler, tu vas rester ici et tout me dire.

— Il n'y a rien à savoir. Il y a sept ans, je devais partir, et je ne pensais pas revenir. Aujourd'hui, ma fille est en danger, et je dois la protéger. Je pourrais mourir pour elle.

— De qui ou de quoi faut-il la protéger, Séléna ? Je ne peux rien faire si tu ne m'en dis pas plus.

— Et tu n'en sauras pas plus, je lui réponds les yeux plein de larmes.

Il se retourne et tape de rage dans le mur avec son poing.

— Toujours aussi têtue. Je vais te laisser te reposer, tu as intérêt à être plus loquace quand je reviendrai.

Il passe la porte, avant qu'il ne la referme j'ose lui poser la question qui me tracasse depuis tellement longtemps.

— Comment va-t-il ?

— Pas bien, comme tu peux t'en douter, il vient de découvrir qu'il avait une fille. Tu sais qu'il aurait fait un père formidable.

Je ne sais pas quoi lui répondre.

— Je pourrais voir ma fille.

Il sort en hochant la tête.

Quelques heures plus tard, la même femme que tout à l'heure passe la tête par la porte.

— J'ai une surprise pour toi.

Quand elle ouvre plus grand la porte, ma petite Amalia court vers moi en sautant sur le lit.

— Maman, les gens sont trop gentils ici. Ambre m'a acheté des jouets et plein de vêtements, on est même allées au parc avec ses filles. Elles sont belles et grandes, mais elles veulent bien être mes copines, me dit-elle avec plein d'excitation dans la voix.

Je ris aux paroles de ma fille. Je regarde Ambre et la remercie discrètement. Je remarque maintenant qu'elle se tient debout et qu'elle est très enceinte.

— C'est pour quand ?

— Dans deux mois, mais ce sont des jumeaux alors je pense qu'ils arriveront plus tôt.

Amalia nous coupe et me dit :

— J'ai vu papa, et il a les yeux identiques que moi comme tu me l'avais dit, mais on n'a pas la même couleur de peau. Moi je suis plus marron que lui.

— Oui, tu es un mélange, un peu de ton papa et un peu de ta maman, ce qui te rend unique et magnifique, je lui réponds en souriant.

Ambre s'apprête à sortir et me dit :

— Je viendrai chercher Amalia dans une heure ou deux pour que tu te reposes, nous lui avons préparé une chambre ici.

— Qui veillera sur elle, je lui demande, je préfère qu'elle soit près de moi.

Alors la porte s'ouvre et Vipter entre et dit :

— C'est moi, après tout je suis son père.

HELL'S EAGLES Reviens moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant