Je suis assise sur mon fauteuil, face à mon lit, contemplative devant la magnifique robe que Diego a choisie pour nos fiançailles. Forcément, elle ne passe pas inaperçue, moulant mon corps de près avec un dos nu plongeant jusqu'à la limite de mes fesses, assortie à des Louboutins noirs. Une nausée m'envahit à la pensée de cette soirée. Ce soir, je serai liée à un homme parmi les plus horribles et cruels qui soient, et je crains de devoir finir dans son lit, ou pire, car je suis convaincue qu'il n'attendra pas que la fête soit finie pour passer à l'action. Pendant des jours, j'ai tenté de l'éviter, de me cacher pour ne pas me retrouver seule avec lui. Les rares fois où cela s'est produit, mon frère avait besoin de lui, par chance. Il m'a demandé de retirer mon stérilet pour que nous puissions rapidement fonder une famille, afin que je lui donne enfin l'héritier tant désiré. Ce n'est pas ainsi que je voulais offrir un frère ou une sœur à Amalia. Je pense à elle en permanence, me disant que s'il obtient ce qu'il veut, il ne s'en prendra pas à elle.
Des coups sont frappés à la porte, me sortant de mes pensées.
— Entrez, je murmure d'une voix qui trahit à la fois ma résolution et mon trouble intérieur.
Mon frère franchit le seuil, vêtu d'un costume gris clair trois pièces qui met en valeur sa silhouette musclée. Il a toujours été séduisant, mais c'est un homme maintenant aux traits durs et au regard noir qu'il n'avait pas autrefois. Il arbore la même peau caramel que la mienne, la seule différence avec moi sont ses yeux verts quand les miens sont noirs, ses cheveux noir corbeau, encadrent son visage avec une élégance brute.
— Que veux-tu ? Je lui demande d'un ton sec, bien que mon cœur se serre à sa vue.
— Je viens m'assurer que tu seras prête pour ce soir. Père craint que tu ne parviennes pas à aller jusqu'au bout des festivités, et tu sais à quel point cela est crucial pour notre famille, déclare-t-il d'un ton presque solennel.
Les mots qui sortent de sa bouche me répugnent.
— Notre famille ? Répliquai-je d'une voix tremblante. De quelle famille parles-tu ? Tu es parti pendant plus de dix ans. Tu m'as laissée seule entre les griffes de ces monstres. Notre famille a cessé d'exister le jour où maman est morte. Alors sors d'ici, et sois rassuré, je sais parfaitement ce qui m'attend si je ne participe pas à cette mascarade ce soir. Des vies sont en jeu, des vies qui comptent pour moi bien plus que tout ce que ce cartel pourrait représenter, je lui rétorque, mes paroles teintées d'amertume et de colère.
Il ne répond pas, se contente de quitter la pièce en claquant la porte derrière lui.
Lorsque j'arrive à la fête, le jardin est déjà envahi par une cohue de noms importants du pays. Des sénateurs compromis que mon père tient dans sa poche côtoient les plus influents des trafiquants et les familles les plus riches. Je les méprise tous, présents par crainte ou par désir de se concilier les faveurs de "la manos de la muerte". Aucun d'entre eux n'est là pour moi. Dans cette foule, je me sens seule, dépourvue d'amis, de famille.
— Te voilà enfin, princesse, j'ai failli attendre. Je passe pour qui si je ne sais pas tenir ma fiancée avant le mariage, lance-t-il d'un ton empreint d'une colère à peine contenue, conscient du regard scrutateur de l'assemblée
Il m'attire à lui par la taille, sa main glissant dans mon dos, une sensation qui m'envoie des frissons, non pas de plaisir, mais de dégoût. Puis, il serre ma nuque et me guide à travers la foule tel un trophée à exhiber devant ses hommes et ses associés. Après une heure de ce défilé, mon père monte sur l'estrade dressée plus tôt dans la journée, saisit une flûte de champagne des mains d'un serveur et prend la parole :
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HELL'S EAGLES Reviens moi
RomanceIl y a sept ans, Vipter avait trouvé son âme sœur, mais elle a disparu du jour au lendemain. Depuis, il enchaîne les relations sans sentiments ni attaches, tout en ressassant le passé. Cependant, un jour, son passé refait surface, accompagné de tous...