Chapitre 18 Séléna

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Lorsque je suis montée dans cette voiture, j'ai su que mon cauchemar reprenait vie. L'homme au volant ne prend pas immédiatement la direction de chez mon père, mais fait un arrêt pour rejoindre une autre équipe. J'ai tout de suite reconnu Marco, le bras droit de mon ex-fiancé Diego. Je suis sortie de la voiture comme une furie et me suis plantée devant lui. Je joue un jeu dangereux avec lui, car c'est un homme sans scrupules, pire que Diego. Il semble insensible, comme s'il prenait plaisir à voir les autres souffrir. C'est pourquoi il a gravi rapidement les échelons dans l'organisation : ils ont besoin de quelqu'un pour exécuter les basses œuvres, sans poser de questions, sans réfléchir.

— Que fais-tu ici, Marco ? Diego, a-t-il si peur de ne pas pouvoir me contrôler qu'il a demandé à son chien de garde d'intervenir ?

Il sourit, mais ce sourire est terrifiant, comme celui des psychopathes avant de passer à l'acte.

— Princesse, nous savions tous que tu reviendrais à la raison lorsque la vie de ta petite fille et celle de ton insignifiant motard seraient en jeu. Nous pouvons tout te faire faire dans ces cas-là. Le patron ne voulait pas laisser impunie la trahison.

— De quelle trahison parles-tu ?

— Nous savons tous que tu n'aurais pas pu partir seule la dernière fois, dans l'état où tu étais. Maria a joué un rôle dans ton départ précipité, et elle a eu ce qu'elle méritait.

Je comprends où il veut en venir, et folle de rage, je me jette sur lui, le griffant et lui donnant des coups tout en criant :

— Tu n'es qu'un salaud, une pourriture, hijo de puta, tu n'as pas intérêt à avoir touché à mi hija !

De puissants bras m'attrapent, m'immobilisent et me forcent à retourner dans la voiture. C'est alors que je réalise, attachée, que mes joues sont trempées de larmes.

Très vite, les murs majestueux de la propriété se dressent devant moi, évoquant des souvenirs enfouis et des craintes réveillées. Mon cœur bat la chamade, anticipant les répercussions inévitables de ma fugue. Mais par-dessus tout, la pensée de revoir Diego me glace le sang. Les portes massives s'ouvrent lentement, nous invitant à poursuivre notre chemin jusqu'à l'hacienda, où mon père attend sur le perron. Il arbore son habituel costume blanc, malgré la chaleur étouffante. Sa garde-robe ne connaît que cette couleur immaculée, reflétant sa domination absolue. La voiture se gare devant le perron, un domestique s'empresse d'ouvrir ma portière, mais je reste immobile, hésitante.

— Ne fais pas l'enfant Séléna. Viens embrasser ton père comme il se doit.

Je me glisse hors de la voiture, mes pas hésitants me portent vers mon père qui m'attend. Son aura imposante semble remplir l'espace autour de lui, tandis qu'il me tend la main, ornée de sa chevalière, pour un baiser rituel. Cette tradition, cette soumission tacite que je suis censée lui témoigner, je la déteste.

— Tu me causes tant de tourments, mi hija. Pense au chagrin qu'a enduré Diego quand tu l'as quitté.

— Le chagrin de Diego, papa ? Il m'a abandonnée, laissée pour morte, lors de notre dernière rencontre !

La colère gronde dans sa voix.

— Ne me parle pas sur ce ton ! Tu sais que tu méritais cette punition, une femme obéis à son mari.

— Il n'est pas mon mari, et ne le sera jamais.

Je sens mon cœur battre la chamade alors que mon père, l'expression sévère, réprimande notre dispute devant tous. Mais c'est lui qui a ouvert cette brèche.

— Nous en discuterons plus tard, m'ordonne-t-il d'un ton ferme, tandis que son regard, dur comme le roc, me scrute de haut en bas.

— Va te changer, murmure-t-il avec un soupçon de désapprobation. Porte des vêtements plus dignes de notre rang. Diego sera des nôtres ce soir. J'ai fait préparer ta chambre.

HELL'S EAGLES Reviens moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant