CHAPITRE 7 CAUCHEMAR

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Nous avons tout dévoré. Il ne reste rien, même pas un fond de sauce dans les écuelles. Après un soupir de satisfaction collectif, je me pose une petite question : comment a-t-il eu tout ces mets ?

Je lui pose la question. Il me regarde, en silence, finissant de lécher goulument une assiette. Je pense qu'il ne faut pas attendre de réponse de sa part. Peut-être a-t-il perdu sa langue ? Ou est-il muet depuis son enfance ? Quoiqu'il en soit, cette réponse m'est apportée lorsque le patron de la taverne vient nous voir, un œil au beurre noir, en demandant si nous avons fini, si tout c'était bien passé et si nous avons besoin de rien d'autre. Notre négociateur de jour sourit à pleines dents pour exprimer sa satisfaction.

— Merci beaucoup. C'était un régal et nous ne manquerons pas de recommander votre établissement à tout notre entourage ! Déclamé-je dans un esprit de bonne conscience.

— Très Bien. Vous pouvez rester ici autant qu'il vous plaira ! Ajoute-t-il fébrilement.

Puis il s'éclipse.

Une conversation étant entamée, j'en profite pour rebondir et questionner mon compagnon :

— Alors, comment devons-nous t'appeler ?

— Hummm

— Ah, ce n'est pas très commun, blagué-je.

Il me lance un regard à se faire pipi dessus.

— Ok, j'arrête les blagues. Alors nous pouvons te trouver un petit surnom. J'ai choisi celui de Neira et elle est ravie.

Ma petite protégée acquiesce d'un geste de la main, allongée sur la table, repue, son autre main se tenant le ventre sur le point d'exploser.

— Super-Homme, proposé-je.

Il fait un non de la tête.

— Homme fort ?

Toujours non.

— Géant ?

Il s'agace et me lance un regard effrayant.

A ce moment, Neira fait un gros rôt bruyant à faire trembler un verre.

L'inconnu rigole.

— Ok, je saisis ton genre d'humour, c'est déjà ça !

Je continue mes propositions en intégrant cette donnée :

— Beurk !

Il sourit, je soupire.

— Cela est un peu dégoûtant tout de même. Il faudrait trouver quelque chose dérivé de ce mot. Mais je n'ai pas d'idée à cette heure si tardive. On trouvera plus tard. Je te remercie de m'avoir sauvée, ..., encore. Pourquoi tu me suis ?

Il me regarde longuement en guise de seule réponse. Malgré son air de gros dur, son regard démontre une certaine sensibilité. Mais est-ce peut-être seulement mon besoin actuel d'avoir un ami, une protection, qui me donne cette impression.

Il détourne les yeux, baille bruyamment et se lève. Un message à faire passer ? Il est vrai que la nuit est tombée depuis un bon moment et que la journée a été très éreintante. Il nous faudrait aller dormir un peu. Mais où ? Comment trouver quelqu'un qui nous ouvrirait les portes de sa maison pour la nuit dans cet endroit horrible. Nous n'avons pas d'objets pour échanger ce service.

Mon questionnement intérieur est interrompu par le géant qui se lève, récupère délicatement du bout des doigts Neira, qui s'est endormie sur la table, et me fais comprendre de le suivre. Nous entrons dans la taverne et empruntons l'escalier :

L'Odyssée de NéphaéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant