« AAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHH !!! Il nous voiiiiiiiiit ».
Beurk, sur qui je suis étalée suite à notre chute vertigineuse, me flanque un revers de la main pour me réveiller, et pour faire cesser les hurlements dans ses oreilles. Je me retrouve par terre avec une rougeur sur la joue. Je fixe le ciel un instant, comme pour me remettre d'un cauchemar. Beurk grogne en se frottant l'oreille endolorie. Neira voit bien que quelque chose ne tourne pas rond dans ma tête.
Pour ne pas aborder le sujet, je m'assoie et scrute l'horizon. Mais où sommes-nous ? La grotte a disparu, ainsi que l'armée prête à nous tomber dessus. La forêt n'est plus là non plus.
— Qu'est-ce que c'est que ces immenses tours ??
Nous avons l'air d'être au cœur d'une ville inconnue. Elle n'a rien en commun avec la première. Tout est démesuré. Les maisons sont collées les unes aux autres. Certaines s'élèvent jusqu'au ciel et possèdent des centaines de fenêtres. Une odeur bizarre flotte dans cette atmosphère étrange. Je me relève avec un vertige face à ces géants. Beurk, toujours aussi impassible, se contente de frotter la poussière sur son corps. Neira a l'air aussi perdue que moi.
— Essayons de trouver...une aide, quelque part.
Nous nous mettons en marche, vers l'inconnu.
L'odeur est vraiment horrible ici. Comme un barbecue mais en pire. C'est très difficile à définir. Des centaines, voire des milliers, de personnes, déambulent dans les rues bordées de commerces, plus étranges les uns que les autres. Ils marchent à vive allure comme si leurs vies en dépendaient. Pourtant je ne vois rien d'alarmant aux alentours. Je me fais bousculer à plusieurs reprises. Les ignorants qui font la même chose auprès de Beurk se retrouvent au sol sur les fesses. De temps en temps, il les bouscule aussi d'un coup d'épaule. Cela a l'air de bien l'amuser. Un homme habillé d'un long manteau brun me heurte encore et je trébuche sur le rebord de la petite route pavée que nous empruntons. Beurk me rattrape par le bras juste avant qu'une drôle de carriole ne m'écrase.
— Mais qu'est-ce que c'était ?
Je crois que je commence à paniquer. Beurk, toujours aussi à l'aise n'importe où, me fait signe de rester sur les pavés. Il me dirige, sa main le long de mon épaule, comme un père. La faim se fait déjà ressentir et nous humons une odeur succulente. Ce doux fumet vient d'une petite échoppe, de l'autre coté du chemin. Neira acquiesce à ma question muette et nous nous précipitons vers notre futur festin en traversant le chemin dans sa largeur. Alors que nos estomacs commencent à crier victoire, un énorme bruit nous explose les oreilles, suivi de plusieurs chocs les uns après les autres. Un homme sort de son véhicule bizarre. Il jette d'abord un coup d'œil aux dégâts occasionnés par ceux qui le suivaient, puis il s'avance vers moi :
— Danger Public ! commence-t-il comme salutation. Je vous poursuis pour imprudence et dégâts matériels volontaires.
Il tapote du bout du doigt sur un objet et lance :
— Voilà, vous allez être convoqués prochainement et je pense que ce ne sera pas la seule convocation que vous allez recevoir.
Il se tourne en direction des autres véhicules. Chaque propriétaire est en train de tapoter aussi.
— Mais c'est quoi une convocation ?
— Ah très vite, danger public !
Puis il remonte dans son engin et file.
Les poursuivants font de même. Beurk, me donne une tape derrière la tête en traversant à son tour.
Nous commandons des mets qui ont l'air plus succulents les uns que les autres. Nous nous attablons à l'extérieur, la serveuse nous amène les premiers plats et, sans savoir comment nous allons payer tout cela, nous sourions en empoignant nos couverts. Mais avant d'avoir pu goûter ne serait ce qu'une petite bouchée, une horde de bolides hurlantes surgissent. Des hommes en uniforme particulier en sortent et le plus grand d'entre eux nous interpelle :
— Bien le bonjour Mesdames, et Monsieur !
Il est quand même obligé de lever la tête pour s'adresser à Beurk.
— Suites à – il sort un papier de sa poche et lit – 18 infractions signalées, vous êtes en état d'arrestation avec comparution immédiate. Veuillez nous suivre sans opposition. Toute tentative d'évasion, de résistance ou de refus sera ajoutée à vos inculpations. Allez, debout !
Un des « agents » m'attrape par le bras, faisant valser ma fourchette pleine de nourriture. J'en avais déjà l'eau à la bouche. Un autre a mis Neira dans une petite boîte transparente. Quand les dix restants ont tenté d'embarquer « la montagne affamée », tout est devenu plus brutal. Surtout pour eux. Nous nous sommes contentées, avec Neira, de regarder passer les soldats volants, jusqu'à que le chef tire sur Beurk avec une arme bizarre, faisant un BBBIIZZZZZZZZZZZZZZ. Notre colosse a tourné de l'œil et s'est écrasé au sol. Ils ont chargé notre ami, comme ils ont pu, et nous avons quitté les lieux. Sans manger.
A bord de ces véhicules, le paysage défile vite. Il reste vraisemblablement le même tout le long du trajet. De hautes maisons, des commerces de tout genre en rez-de-chaussée, une forte population pour de si petites rues. De temps à autres, des structures plus jolies, plus grandes encore font leur apparition. Mais ce qui m'a le plus interloquée, ce sont tous ces panneaux où des femmes ou des hommes sont représentés avec un ustensile, et plein d'écritures incompréhensibles « Chianor, fait ressortir votre côté féline », « WouaitWouaitchiai, éliminez, sans vous souciez ». Ma réflexion prend fin lorsque notre « voiture », c'est ainsi que les soldats nomment leur véhicule entre eux, stoppe devant une bâtisse qui ressemble fortement à la bibliothèque d'Antikia. Ils ouvrent les portes de ma prison mobile, me somment de descendre, en me bousculant par plaisir, et nous accompagnent vers l'entrée qui succède à d'interminables marches en pierre. Beurk et Neira qui étaient dans des véhicules différents me rejoignent, dans les mêmes conditions. Encore une fois, le va et vient incessant de la foule oblige à laisser cette porte ouverte. A l'intérieur, c'est l'opposé de la bibliothèque : un brouhaha résonne dans le long couloir bordé de portes adjacentes.
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L'Odyssée de Néphaé
Fantasía"Je m'appelle Néphaé et j'ai 16 ans. Je suis encore bien naïve mais je me pose des tas de questions depuis toujours, surtout depuis que j'ai appris que je suis adoptée. Mon seul but maintenant est de retrouver mes parents biologiques. Je me suis lan...