Cauchemar... De la violence, du sang. Il fait noir et froid... je tremble, de peur, ou de froid. Je ne sais pas. Où suis-je ? Qui êtes-vous ? Noooonnn, laissez-moi ! Noonnn....
— NOOOOOONNNNNNN !
Je me réveille en sursaut. Neira est au-dessus de moi. Le visage inquiet. Elle me demande si tout va bien d'un signe de tête.
Je m'assois dans le foin qui m'a servi de matelas. J'essaie de retrouver mes esprits.
— Euh oui, oui, ça va. Ce n'était qu'un cauchemar. Trop de soleil sur la tête.
Je plaisante mais en réalité, je suis un peu perdue. Je n'ai jamais eu autant de rêves aussi perturbants. Mais surtout, ces cauchemars ont un côté tellement réel. Cela m'effraie.
Je regarde la route se dévoilant devant nous. J'aperçois au loin un petit panneau sur lequel est écrit : « ANTIKA »
— Nous sommes arrivés ?
Mon protecteur me répond oui de la tête.
Je ne sais pourquoi mais je suis heureuse. Pourtant, cette ville pourrait être pire que celle que nous venons de quitter.
Après être passés sous une arche recouverte en partie de lierre, nous pénétrons dans une large ruelle bordée de différents bâtiments aux larges fenêtres ouvertes. La chaleur tenace de cette journée laisse le plaisir de voir les intérieurs au travers des ouvertures. Sobres et familiales, les pièces sont assorties à la blancheur des pierres extérieures. De grandes colonnes surplombent les entrées sur lesquelles s'animent des statues ou des peintures dans des scénettes de la vie quotidienne.
Mes yeux s'émerveillent devant un tel spectacle. Tout est si beau ici. Les femmes sont élégantes, les hommes distingués. Nous n'avons même pas besoin de demander la direction car tout est inscrit sur de petits panneaux en bois, posés sur des piquets, avec des flèches indiquant le chemin.
Beurk arrête notre voyage au bord d'une fontaine pour que le cheval puisse s'abreuver et se reposer. Je descends de ma couchette sur roues, je me penche au-dessus de l'eau et trempe la main pour m'y rafraîchir aussi. Je me passe la main sur la nuque. Ma peau est chaude, presque brulante. Je relève lentement la tête, ouvre les yeux en m'étirant le cou. Je vois alors une grande statue qui orne la fontaine. Un jet d'eau en sort. Elle représente visiblement un homme de grande importance. Je m'interroge, intérieurement, fixant ce visage.
Un petit vieillard portant un long capuchon s'adresse à moi :
— Impressionnant, n'est-ce pas ?
— Hum, oh, oui. Cela doit être une personne extraordinaire pour avoir sa statue ainsi au milieu d'une si belle ville !
— Grande statue ne signifie pas grand homme, mademoiselle. Apprenez que parfois, l'homme a besoin de se flatter l'égo pour exister au travers des autres. Interrogez donc votre amie ! Il vise Neira en disant cela.
— Je ne comprends pas ?
— Le moment viendra ! Puis il enchaîne rapidement. Cet homme aspirait à quelque chose de malsain. Il voulait le pouvoir, la gloire, la reconnaissance et l'amour. Mais on ne peut tout posséder sans mérite. Et voilà ce qui lui manquait le plus. Les intentions sont alors devenues mauvaises. Et le besoin, la peur et la vengeance l'ont anéanti.
J'attends la suite, comme lorsque ma mère me lisait des histoires le soir. Le petit vieux se faufile partout en racontant la suite. Un coup derrière moi, un coup de l'autre côté de la fontaine. A chaque moment près de moi, il pose sa main sur ma jambe ou sur mon bras. Très bizarre, mais j'attends tellement la suite que je n'y prête pas plus attention.
— Et alors, qu'est-il devenu ? Qui aimait-il ? Que s'est-il passé ?, je le presse...
— Il aimait une magnifique créature, extraordinaire. Une beauté inégalée dans ce monde. Un visage d'ange, des cheveux couleur soleil, des yeux de mer, des bras et des jambes allongées...
Il avale sa salive un instant, à chaque description, sa main survole mon corps au même endroit
— Des seins incroyablement ronds !
Ses mains sont prêtes à attraper les miens mais il s'arrête.
— Des fesses musclées et rebondies !
Le voilà maintenant prêt à me caresser le derrière.
— Une œuvre d'art qui aurait envoûté n'importe quel homme, surtout lorsqu'elle était trempée !
A ces mots, il me pousse dans la fontaine.
Je pousse un cri de surprise stoppé net par l'eau qui s'infiltre dans ma bouche. Je ressors immédiatement la tête de l'eau, en colère :
— Mais ça ne va pas. Qu'est-ce qui vous prend ? Pourquoi vous avez ça ? Regardez-moi, je suis trempée jusqu'au os, vous êtes malade ?
Il se tient face à moi, le sourire jusqu'aux oreilles, un petit air malsain qui me rappelle vaguement quelqu'un. Il a dans les mains un petit appareil rectangulaire qu'il pointe vers moi. Complètement satisfait de sa blague, il rit et bave en même temps.
J'adresse un regard à Beurk qui sourit également. Je ne le comprends pas. Par moment il court à ma rescousse et d'autres il rigole de mon sort. Neira, quant à elle, imite ma situation en prenant un petit bain aussi. Je fume de l'intérieur, j'ai envie de hurler mais je me sens fébrile tout à coup. Je m'assoie dans la fontaine alors que j'ai l'impression que le sol tremble. Le petit vieillard a pris la fuite sans dire quoi que ce soit. Je me calme vite. Neira me signe qu'il faut y aller. Direction la grande bibliothèque ancestrale.
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L'Odyssée de Néphaé
Fantasía"Je m'appelle Néphaé et j'ai 16 ans. Je suis encore bien naïve mais je me pose des tas de questions depuis toujours, surtout depuis que j'ai appris que je suis adoptée. Mon seul but maintenant est de retrouver mes parents biologiques. Je me suis lan...