CHAPITRE 35 PEET L'ARNAQUE

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— Mais attendez ! Je veux jouer aux dès moi encore. S'il plaît vious ! Oh, j'arrive piu à palrer !

Ils nous conduisent à une grande table, derrière un rideau. Cinq ou six personnes, fumant et buvant, sont assises. La fumée m'embrume la vue.

— Patron, y a un « blem » avec eux ! Ils gagnent à chaque coup au Craps !

Le gros qui me tient par le bras s'adresse à un vieil homme. Il retire le bâton fumant de sa bouche. Il me reluque de bas en haut, puis Viktor de haut en bas.

— Je t'ai déjà vu toi ! souffle-t-il en pointant furtivement mon compagnon de jeu.

— Oui, oui M. Efdéjy. Je suis...

Il l'interrompt :

— Je me fous de savoir ton nom. Tu n'as jamais eu de souci avant, alors pourquoi tu viens m'arnaquer maintenant mon p'tit gars.

—Non, non, Mons...

— Ferme-là !

Il se lève, comme s'il avait cent ans, s'avance lentement vers nous, la tête baissée. Arrivé à deux centimètres de nous, il relève, lentement aussi, son visage tout en le gardant légèrement penché – il doit avoir un torticolis. Ma mère en a eu un une fois et cela avait l'air douloureux- il crache sa fumée au nez de Viktor qui se retient de tousser.

— C'est à elle que je vais m'adresser. Je ne t'ai jamais vu ici fillette. C'est quoi ton truc ?

— Mon truc ! Ben, j'aime bien vos cocktails ! je glousse et laisse échapper un petit rot. Oups, Pradon !

— Elle se fout de ma gueule en plus ! Tu te fous de ma gueule gamine ?

— Mais alors pras du trout !

Il jette son objet fumant au sol, m'attrape par les cheveux et me dit d'un ton tout à fait calme :

— Tu crois que tu peux venir dans ma maison, tricher à mes jeux et m'insulter dans la même soirée ? Tu sais ce qu'il arrive aux petites malignes comme toi ici ?

Je cherche un soutien envers Viktor qui ne bronche pas.

— Non, je ne sais pas, mais je ne me sens pas très bien tout à coup...BLURPPP

Je vomis tout le liquide que j'ai pu, sur les chaussures de ce monsieur qui me menaçait.

Il a lâché mes cheveux par réflexe. Puis il n'a pu que constater les dégâts occasionnés sur ces souliers, son pantalon, la table et même le fauteuil derrière lui.

— Oops, dosélo ! m'excusé-je, ne pouvant retenir un sourire.

Il ne rit pas du tout, lui. Son visage ridé commence à devenir écarlate. Il lève sa main pour me flanquer une gifle mais au moment où il entame la descente, un nouveau balèze traverse le rideau et interrompt le massacre de ma joue :

— Monsieur ! excusez-moi de vous interrompre...

— J'espère que c'est une putain de bonne raison, Alfonso, sinon c'est toi que je massacre !

Cet Alfonso a une carrure lui permettant sans aucune difficulté de venir à bout d'un pauvre vieux comme mon bourreau mais visiblement, il en a plus que peur, et cela me plonge dans une frayeur grandissante.

— Regardez qui est revenu nous dire bonjour !

Alfonso tire le pauvre gars qui se cachait derrière le rideau. M Efdéjy tourne la tête et stoppe net. Moi aussi, je me fige lorsque, éclairé par les lanternes, le visage de Peet se dévoile.

— Nom de Dieu, Peet l'arnaque ! T'es amnésique ou complètement stupide ? Ou alors tu me ramènes mon fric, enflure !

— Hey, Efdé ! Comment tu vas ? La famille ? Je passais dans le coin...

L'Odyssée de NéphaéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant