Cela fait une éternité que nous sommes sur cette barque. Nous n'avons pas eu la bonne idée de manger avant de prendre le départ. La nuit commence à tomber. On se regarde dans les yeux, on pleure comme deux fillettes égarées, sans leurs parents, ce que nous sommes. Puis nous apercevons une lumière vive. Franchement, nous croyons d'abord à un mirage puis mon ventre se met à grogner tel un ours que je me dis que je suis sûrement en train de mourir de faim. La lumière se rapproche de plus en plus et je m'attends à sombrer dans le sommeil éternel. Ca y est, je suis aveugle. C'est ainsi que j'imaginais la mort autrefois, douce et plaisante. Mais un énorme bruit me sort de mes songes funestes. Deux coques de bateaux qui se heurtent, c'est bruyant, et la nôtre a perdu le combat. L'eau commence à s'infiltrer dans notre embarcation. Un homme nous fait signe du haut de son perchoir flottant :
— Et bien, ne restez pas scotchée là, vous allez couler !!
Une échelle de corde nous est envoyée et je grimpe, sans méfiance, sur ce navire qui représente pour moi un sauveur.
On nous amène dans un superbe salon de velours rouge, avec des meubles fabriqués dans un bois magnifique et qui brillent. On me donne une couverture pour me réchauffer et un mouchoir pour Neira. Personne de l'équipe n'a l'air surpris, comme moi, de voir une petite créature volante. Visiblement, il est normal que les êtres tels que Neira vivent avec les humains. Je pense que je vais devoir être moins naïve à l'avenir. Celui qui a l'air d'être le chef prend la parole :
— Bienvenu à bord du « Mercandier », mesdemoiselles. Qu'est-ce que deux créatures telles que vous font au beau milieu de la mer Lointinia ?
— La mer quoi ?, je réponds avant de poursuivre avec un large sourire. Et bien pour ma part, je recherche mes vrais parents, en ce qui concerne mon amie, Neira, je pense qu'elle ne fait que m'accompagner !
J'allais continuer sur ma lancée mais le chef me coupe la parole. Il ne répond même pas à ma première question, ni ne demande plus d'explications et enchaîne sur un ton ironique :
— Alors vous êtes seules, dans cette barque et personne ne vous cherche !
— Oui, c'est vrai, dit comme cela, ça paraît complètement stupide. Nous avons été un peu trop enthousiaste de ce départ, nous en avons même oublié de prendre à manger. Nous ne savons même pas où nous allons et combien de temps cela prendra.
Neira écoute bouche bée ce que je raconte, me fais de grands signes, pour rajouter quelque chose à mon récit sans doute. Je poursuis :
— Mais c'est le premier voyage que nous faisons. Mes parents, enfin mes parents adoptifs, disaient toujours que c'est par la pratique que nous apprenons. Mais heureusement le vieux monsieur nous a donné une bonne carte... .
A ces mots Neira s'est pris la tête dans les mains comme désespérée. Je poursuis ma phrase toujours sans comprendre sa réaction :
— Mais Neira est une navigat...
Le chef me coupe la parole de nouveau.
— Une carte donnée par un vieil homme, et où est-elle ?
Je fouille alors dans mes poches. Neira fait « non » avec sa tête, je fronce les sourcils pour exprimer mon incompréhension face à sa réaction. Je n'ai pas eu le temps de sortir la carte entièrement de ma poche que le capitaine du bateau me l'arrache des mains.
— C'est de plus en plus facile de nos jours. Aller, emmenez les avec les autres !, siffle le capitaine.
Evidemment, après réflexion, ce n'est pas auprès d'autres personnes sauvées de la noyade ou de la faim que l'on nous a jetées. Il n'y a, pour la plupart, que des femmes et des fillettes. Certaines ont un regard à faire peur. Je me présente par politesse :
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L'Odyssée de Néphaé
Fantasi"Je m'appelle Néphaé et j'ai 16 ans. Je suis encore bien naïve mais je me pose des tas de questions depuis toujours, surtout depuis que j'ai appris que je suis adoptée. Mon seul but maintenant est de retrouver mes parents biologiques. Je me suis lan...