Chapitre 10 A l'ATTAQUE

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Nous arrivons devant un immense bâtiment, en pierre taillée. Une voûte majestueuse orne la porte en bois qui trahit la vieillesse de la bâtisse. Beurk pousse la porte. L'entrée est rigoureusement agencée. Une dame, tout aussi âgée que la bibliothèque, nous accueille. De nombreuses personnes sont présentent, des jeunes pour la plupart. Un silence studieux surplombe les têtes penchées au-dessus des livres.

— Bonjour, c'est pour quoi ?, demande-t-elle d'une voix rouillée.

— Bonjour, nous sommes à la recherche...

Neira m'interrompt, discrètement, et m'indique de ne pas trop en dire.

—...de l'Histoire de la ville. Voyez-vous nous sommes de passage et nous aimerions connaître le passé d'une si belle ville. Sa naissance, son développement, sa religion, etc.... Où pourrions-nous trouver cela ?

Je ne suis pas du tout à l'aise. J'ai l'impression de dire un énorme mensonge. Ce qui n'est pas du tout vrai. Je ne dévoile pas tout seulement.

La gardienne des livres nous indique toute une liste de numéros correspondant aux allées dédiées à ces sujets. Je la remercie.

Nous allons nous installés à une table, un peu à l'écart du reste des étudiants. Beurk fait un bruit d'enfer à chacun de ses pas. Les yeux se lèvent, certains avec une expression de mépris, d'autres de surprise en voyant notre équipe hétéroclite. Je prends en main la direction des opérations face à la longue liste de couloirs à explorer.

— Bon, nous allons nous partager le travail. Je vous rappelle ce que nous cherchons : un temple, ancien, récent, en ruine ou toujours actif, un bâtiment ou autre avec ces symboles. La priorité est bien les symboles. Si vous trouvez une similitude, une ressemblance ou si vous avez un doute sur quoi que ce soit, vous venez me trouver. Neira, tu te charges des sections sur la droite, Beurk, tu t'occupes du fond et moi à gauche. Bon courage à vous et soyez attentifs.

Je parle tel un chef, voire un adulte responsable. La direction ne me va pas trop mal. Et j'aime cela, en plus.

Chacun quitte la table dans la direction proposée. En me faufilant dans ma première allée, je croise un grand homme, en capuchon noir qui n'est pas du tout en train de lire ou d'étudier. Il me regarde brièvement, puis tourne les talons. Je continue mon chemin. Je repaire quelques livres sur l'histoire religieuse de la cité. J'en entasse un bon nombre sur mes avant bras. Quant je ne peux plus en rajouter, je reviens vers la table pour commencer la lecture.

Je croise de nouveau cet homme. Je fronce les sourcils et je vois qu'il fait signe à une autre personne, habillée de la même façon. Je me sens scrutée, ce n'est pas très agréable.

Une fois assise à ma place, en compagnie de Neira qui ne peut étudier qu'un livre à la fois, je lui fais part de mon inquiétude :

— Neira, j'ai une mauvaise intuition. Il y a des hommes un peu bizarres dans cet endroit.

Elle regarde autour d'elle. Devant son air d'incompréhension, je lui précise les positions des deux hommes. Ses yeux s'arrondissent, légèrement paniqués.

— Crois-tu qu'ils nous suivent, ou peut-être qu'ils sont là juste pour surveiller le lieu qui doit rester paisible ...

BOUMMMM

Je n'ai pas pu finir ma phrase. Une étagère entière s'écroule dans un vacarme effroyable. Des cris de jeunes filles s'élèvent et la foule fuit le lieu de l'accident. Accident qui n'en est pas un. Une fois la poussière dissipée et le calme revenu, nous apercevons Beurk, se tenant debout à la place du meuble. Son expression disant clairement « OUPS ». Je me suis dit qu'il avait dû faire tomber l'étagère en essayant d'attraper un livre mais ce n'est pas du tout un bouquin qui occupe sa main.

Il empoigne le cou d'un homme qui lévite au-dessus du sol. Ce dernier tente de se débattre mais son assaillant ne bouge même pas d'un poil.

— Mais qu'est-ce que tu fais Beu...

Je stoppe ma réprimande. Je regarde mieux l'homme en question. Il est habillé comme les deux autres.

— Oh purée...

Je viens de comprendre. Je cherche du regard les deux autres complices. Ils ne sont plus à leur poste. Ils se ruent sur mon ami pour sauver leur copain sans doute. Le premier donne un violent coup de poing dans le flan droit de Beurk mais ce dernier n'a même pas sourcillé. Il tourne lentement sa tête vers le nouveau combattant, et d'une pichenette, l'envoie contre le mur d'en face. Le deuxième brandit son épée, tremblant légèrement. Beurk lâche sa première prise et va faire front. Ce combat n'est absolument pas équitable. Même si l'adversaire à l'air de maîtriser à la perfection son arme, Beurk met fin à l'affrontement en s'emparant d'un livre aussi gros qu'un chat et le jette directement dans le visage de l'homme qui tombe. Le dernier adversaire, après avoir repris son souffle, se relève et court, armes aux poings dans le dos de Beurk. Je tente de le prévenir.

— Beurk attention !!!!

Mon ami me regarde, esquisse un sourire et lève un avant-bras. Son poing vient heurter la tête de l'homme dans un bruit grave. Ce dernier titube, sur quelques mètres, puis chute violemment.

Nous rigolons devant cette pagaille sans nom. Je souffle pour laisser s'échapper toute la peur que j'ai eue :

— Wouah, on a eu chaud, non ? Heureusement que tu es notre ami et non l'inverse !, rigolé-je en m'adressant à Beurk. Même s'ils n'étaient que trois. Mais qu'est-ce qu'ils nous veulent ? C'est bizarre, non ? Bon, je suggère que nous sortions d'ici avant d'avoir d'autres ennuis. Je n'ai aucune envie de ranger tout ce bazard.

Ils acquiescent et nous nous dirigeons vers la sortie. Le hall est vide. Nous poussons les gigantesques portes de la bibliothèque. D'abord aveuglés par la luminosité du milieu de la journée, nous restons stupéfaits quelques secondes devant une horde d'hommes habillés en noir, armés, qui nous menacent à notre sortie. Je hurle, Neira aussi me semble-t-il. Mais ce qui me fait paniqué le plus, c'est que Beurk aussi à l'air un peu effrayé. Alors je me dis que nous avons vraiment un problème.

L'Odyssée de NéphaéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant