CHAPITRE 30 TOMBER A PIC

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A notre cinquième accusation, lorsque le Juge frappe de son insupportable petit marteau, le choc est plus marquant que les précédents. Lui-même en est étonné. Il examine son outil, puis recommence la manœuvre. Le bruit est pire encore. Au troisième essai, nous avons même ressenti le sol et les murs trembler. Le Juge questionne du regard les soldats qui paraissent aussi surpris. L'un d'eux s'avance vers le grand bureau, prend le marteau et frappe encore. Nous sommes alors tous soufflés au sol par une explosion. Cette dernière a brisé le mur de gauche en milles morceaux. Nous tentons de nous relever, les oreilles sifflantes.

Je me redresse péniblement, me tiens les oreilles douloureuses, et quand j'arrive enfin à distinguer quelque chose, j'aperçois un homme passant par l'ouverture nouvellement crée. Il bondit tel un chat sauvage, puis se relève et entame une course pour traverser la pièce. Mais il se stoppe net quand il arrive à la hauteur de Beurk.

— OH, nom d'un tonneau ! Toi ici. Ça faisait longtemps mon pote !

Ils se serrent dans les bras comme de vieux amis qui ne se seraient pas vus depuis une éternité.

— Qu'est-ce que tu as encore fait !

Beurk lui dit alors :

— Erreur judiciaire ! en rigolant et en me pointant du pouce.

Son ami se tourne vers moi :

— Toi ! dit-il

— Vous ! dis-je.

J'avais devant moi Peet. Le mec le plus arrogant et impoli que je connaisse depuis mon départ.

Des tirs de flèches et de BBIIIZZZZZZ nous frôlent.

— Nous éclaircirons ce casse-tête plus tard. Suivez-moi si vous ne voulez pas pourrir dans un cachot.

Sans hésitation, nous courons derrière lui. Il lance une boule en jute sur le mur d'en face qui se pulvérise comme son jumeau. Nous atterrissons sur l'escalier que nous empruntons vers le bas en direction de la sortie. Mais soudain l'image de cet homme tentant de fuir me revient en tête. Je hurle :

— NOOOOOOOOON. Nous ne pouvons passer par là. Nous allons tous mourir, comme le monsieur tout à l'heure.

Beurk acquiesce mon opposition. Peet, qui a l'air de croire plus Beurk que moi, répond :

— Ok, si nous ne pouvons pas sortir par la grande porte, empruntons la petite.

Il fait un clin d'œil à Beurk qui a sûrement compris car il grimace.

Peet reprend sa course en direction d'un petit couloir. Une foule noire de soldats arrive dans le hall d'entrée. Peet ouvre une porte tout au fond. Il s'agit d'une pièce où des gens lavent du linge, réparent et lavent de drôles de chaises blanches avec un trou au milieu. Une odeur horrible envahit cette pièce. Une odeur de caca et d'urine. C'est écœurant. Peet se dirige vers une grande trappe contre un mur. Il l'ouvre et lance :

— Allez, c'est l'heure du plongeant odorant !

Beurk bougonne et s'y jette dedans. Neira peut voler et le fait bien remarquer.

— Chanceuse ! lui siffle Peet. Allez, Princesse, c'est à toi !

Il s'adresse à moi.

— Mais qu'est-ce qu'il y a dedans ? Cette odeur est horrible. Nous n'allons pas nous salir ?

— Ne t'inquiète pas, il paraît que c'est bon pour la peau, allez !

Il me pousse dans la trappe au moment où je me penche pour essayer de voir ce qui m'attend en bas.

Je glisse le long d'un tuyau humide, marron et jaune. A la compréhension de ce que c'est, je hurle de plus belle, à la limite de vomir mais je me retiens en me bouchant le nez. Ce fût plus compliqué de se retenir quand la glissade prend fin dans un bac entier d'excréments dans lequel je plonge, tête la première.

Beurk me sort de là par le bras et je fais mes adieux au peu de nourriture présente dans mon estomac sur le sol.

J'ai à peine le temps de retrouver mes esprits que Peet nous presse pour courir de nouveau. Il nous guide à travers cette ville maléfique jusqu'à un endroit qu'il dit être sûr.

L'Odyssée de NéphaéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant