L'Odyssée de Néphaé

CHAPITRE 43 PRESENTATION ROYALE

Nous atteignons enfin la cité Light à l'heure du déjeuner. Notre caravane pénètre dans la forteresse par de gigantesques portes. Celles de la bibliothèque d'Antika sont ridicules à côté. Nous traversons alors une ville à l'intérieur, comme ces petits bateaux enfermés dans une bouteille que j'ai aperçu au marché de Méthoahalau. Les gens ont l'air heureux, paisibles. Ils fourmillent, comme à Kroykrow, mais plus sereinement, plus gaiement. Nous sentons bien que la fête se prépare, pourtant, il reste encore des jours avant celle-ci. Zébu stoppe le convoi à proximité de l'entrée du château.

Je n'avais encore jamais vu un bâtiment comme celui-ci. C'est très impressionnant, imposant. Je me demande combien de temps a été nécessaire pour construire cette bâtisse. Peet qui devine ma pensée se rapproche de moi :

— Des années, voire plus. C'est aussi des milliers de personnes, d'esclaves, de morts et de familles brisées.

— Woua, tu as le chic de voir le bon côté des choses toi ! riposté-je.

— Tu devrais en faire autant. Cela te permettra de ne pas tomber de trop haut quand tu affronteras la réalité. Forge-toi une carapace de Princesse, si tu veux, mais forge-toi s'en une.

Ce garçon est une vraie énigme. Plus je le côtoie et plus je lui découvre des sentiments qui semblaient inexistants chez lui. Nos moments partagés lors des entraînements nous ont beaucoup rapprochés. Je l'ai trouvé sérieux, intelligent et j'ai pu parcourir quelques parties de son corps qui ne m'étaient pas du tout désagréables. Quoi, qu'est-ce que je raconte ? C'est un goujat et un arnaqueur, ce type ! Mais pourtant, j'ai aussi pu observer sa tendresse envers les enfants de la troupe, son empathie à plusieurs reprises, dont maintenant, et sa soif de justice. Là est peut-être la clé de son comportement. Il a dû vivre quelque chose qu'il l'a traumatisé à tout jamais et l'a rendu tel qu'il est maintenant. Mais de temps en temps, ses bons côtés ressortent.

Après s'être adressé à un garde, Zébu revient :

— Nous avons un emplazement de l'autre côté du Zâteau. Dommaze, nous ne zommes pas arrivés azzez tôt. Mais le prinzipal est d'être là. ALLEZ, COMPAGNIE, GO !

Ces ordres hurlés me manqueront. Malgré ces superbes jours passés en leur compagnie, il nous faudra bien reprendre notre route, notre quête, mon but.

Le montage terminé, nous passons à table. Peet, qui a pris l'habitude de s'asseoir près de moi me questionne :

— Alors guerrière princesse, tu envisages quoi, maintenant ?

— Quoi, qu'est-ce que tu veux dire ?

— J'ai vu que tu cogitais beaucoup sur la route. Tu dois te demander comment poursuivre ton but. Nous avons passé plus de quinze jours avec eux mais, au fond de toi, tu sais qu'il va falloir les laisser derrière nous. Mais où aller ? Car à la dernière attaque, nous n'avons pas plus progressé. Oui, nous avons découvert la magie mais visiblement, ici, ils la connaissent déjà, donc ce n'est pas une avancée mondiale non plus. Le seul truc que nous avons de secret, ce sont ces passages dans l'espace qui ne fonctionnent qu'avec des reliques magiques. Qui les a créés ? Pourquoi ? Comment ? Qui en possède ? Cela reste en suspend. Et surtout pourquoi tu en as une ?

— Bonnes questions en effet !

Aïto et Neira se sont joints à notre conversation ; enfin si l'on peut dire !!

Ils me fixent tous, attendant une réponse à ne serait ce qu'une question de toutes celles évoquées par Peet.

Je triture ma nourriture pour réfléchir plus paisiblement, ce qui est bizarre.

— Oui, nous allons bientôt dire au revoir à nos superbes hôtes mais pas tout de suite. Zébu m'a raconté brièvement l'histoire de cette contrée en guerre. Il a évoqué la magie aussi. Il prétend que la lignée royale de ce château est de sang de magicien et que chaque membre a des pouvoirs. Alors je pense qu'il serait judicieux d'aller creuser un peu de ce côté-là. Essayons de nous faire inviter au château !