CHAPITRE 31 BRIN DE TOILETTE

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Il fait très sombre. Mes yeux sont tellement « embués »par le liquide que je ne distingue pas grand-chose.

— Honneur à la Demoiselle !

Peet s'incline devant moi en me montrant une salle d'eau.

« PAF », je le gifle d'abord puis le remercie et m'enferme dans la pièce. J'ôte mes vêtements. Ils sont bons à jeter maintenant. Je hais cet homme. A chaque fois que je le croise, je n'ai que des galères. Je me mets sous une espèce d'entonnoir suspendu au plafond. Mais rien. Je hurle en m'acharnant sur le bidule. Peet surgit.

— Oh, doucement princesse. Tu vas niquer toute la tuyauterie. T'as jamais vu une douche au quoi ?

Il tourne le levier qui se trouve contre le mur et de l'eau, tiède, sort de l'entonnoir.

— Oh, c'est de la magie !

— Non, de l'ingénierie !

Il se moque encore, je le sens bien. Je le foudroie du regard puis je me souviens que je suis nue. Je crie à nouveau et lui balance à la figure tout ce qui tombe sous ma main, l'obligeant à sortir.

— Désolé, désolé, dit-il en partant, mais pour ma défense, il s'arrête dans l'embrasure de la porte, tu as un corps superbe.

Je lui balance la brosse en bois qui s'écrase contre la porte. Je pense en avoir fini mais il rouvre la porte :

— AH, et tu pourrais avoir besoin de cela pour enlever toute cette merde !

Il me renvoie une savonnette en jetant un dernier coup d'œil sur moi. Cette fois-ci, c'est le tabouret qui heurte la porte. Je prends mon temps sous la douche. C'est agréable. Le savon sent extrêmement bon mais j'ai du mal à enlever l'odeur de mes cheveux. L'eau commence à devenir froide. Je stoppe en relevant le levier et je m'enroule dans une serviette trop grande pour moi.

Je sors de la salle d'eau, vêtue de ma serviette. Je découvre Peet et Beurk, assis sur des fauteuils en tissus, sirotant un verre. Ils sont propres tous les deux. Devant mon air d'incompréhension, notre hôte rebondit :

— Nous avons pris les devants. Nous nous sommes rincés dans la rivière. Vu le temps que Mademoiselle prenait et le peu d'eau chaude que nous avons à disposition, nous avons trouvé une autre solution. Heureusement ! ponctue-t-il.

Je suis mal à l'aise. Ils ont dû se laver dans une eau froide alors que j'ai profité d'une douche tiède. Je remarque que Neira est nettoyée aussi.

— Elle a pu utiliser l'eau de la cuisine avant que tu n'épuises tout ! renchérit Peet. Je t'ai trouvé des fringues pour remplacer tes vieilleries.

Il me lance un tas de tissus entremêlés. Je tente de comprendre de quoi il s'agit mais je ne distingue pas le haut du bas.

— Eh, petite beauté, tu devrais lui montrer comment enfiler ça correctement ! recommande Peet à Neira.

Cette dernière, toute fière de ce nouveau surnom, m'entraîne dans la salle d'eau pour m'aider.

Après une ou deux retouches de ma bonne-fée, l'habit correctement positionné, je me contemple dans un miroir. Cette « fringue » est un peu trop près du corps à mon goût. Elle dessine le contour de ma silhouette comme si je ne portais rien. Mais plus je me regarde et plus je trouve cela plaisant. Les couleurs sont trop voyantes par rapport à mes vêtements habituels mais je n'ai pas le choix. Je me demande si ce sont les couleurs préférées de Peet. Le bleu qui recouvre ma poitrine ne lui ressemble pas mais le jaune brillant qui occupe le reste de ma tenue lui irait comme un gant. Elle me rappelle la couleur des petites pièces métalliques qui servent à « payer ». De l'or me semble-t-il !

Durant ma réflexion, Neira s'est afférée à me tresser les cheveux sur un côté avant de finir dans le dos. Elle y agrémente quelques fleurs de couleurs jaunes qu'elle a récupéré je ne sais où. Puis elle m'embrasse sur la joue et sort.

Je marque un léger temps avant de la rejoindre.Quand je me présente, Peet ne termine pas la phrase qu'il avait entamé. Ilmanque de renverser son verre en tentant de se lever pour m'accueillir. 

L'Odyssée de NéphaéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant