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Avril 2021

Grèce

PDV MATHILDE

-Oui. je dis en allemand. 

-Je suis trop fort. me répond Achille dans la même langue.

-Le plus fort des petits garçons. je réponds dans la même langue. 

Achille à 3 ans et c'est une vraie éponge. Il aime beaucoup m'entendre parler allemand et me demande de lui apprendre des mots ou des petites phrases. Ce n'est pas pour déplaire à ses parents qui aiment voyager et qui sont heureux de savoir que leur garçon est curieux. 

-Comment on dit en allemand, c'est l'heure d'aller au lit? demande Ken.

-Mais papa j'apprends.

-Et je suis très fier de toi, mais il est l'heure d'aller au lit agapi. 

Il râle mais écoute tout de même son père, son cousin de coeur va également au lit. 

-Vous êtes sûr? demande Théo.

-Je suis en béquille, ça sert à rien, je vais rester assise et me faire chier.

-Je suis pas parrain pour rien. répond Hakim. Et cette ksos risque encore de se casser la gueule si on la laisse solo. 

Ils s'en vont tous les 5 dans un bar de nuit histoire de sortir un peu. J'ai propose de rester ici pour garder les petits et Hakim s'est proposé de me garder moi. Il faut dire que j'ai dû leur faire peur, hier j'ai glissé et je me suis en quelque sorte ouvert le menton. Ce qui fait que j'ai un joli et gros pansement. 

Je regarde Hakim un peu étonner quand il pose une bouteille d'alcool et deux verres.

-Tu voulais qu'on recommence depuis le début. Mais je crois que pour qu'on soit réellement honnête toi et moi, on va avoir besoin de toi. 

Il me tend un verre que j'accepte. 

-Honneur aux dames. 

-Pourquoi tu n'as pas de photos de tes parents.

-J'avais 5 ans quand ils nous ont emmenées en vacances en France. Ils nous ont laissé et on les a revus que l'été quand on allait en Algérie. 

-Pourquoi...

-À mon tour. Pourquoi ce look?

-Aussi étonnant qui puisse paraître j'étais un vrai garçon manqué. Je me suis toujours caché sous des jogging et des gros pull. Ce look est venu quand je suis arrivé en France. J'ai enfin pu exprimer cette partie de moi. J'aime mon look, je trouve ça féminin et élégant.  Pourquoi ils vous ont laisser? Ils t'ont expliqué? 

-Oui. On serai rester en Algérie, on aurait pas eu cette vie là. Après j'imagine qu'ils auraient aimé un métier plus stable que le rap. Mais on a eu plus d'opportunité que là bas. Ils nous ont toujours dit que c'était pour ces raisons. 

-Tu es encore en contact avec eux?

-Un appel par mois à peu près.

-Mais vous n'êtes pas proche? 

-Non. Pourquoi l'art? 

-Mes parents ont fait en sorte qu'on est une culture assez large. On a passé beaucoup de temps dans des expositions, concert ou cinéma. On a beaucoup voyagé aussi. Et en Allemagne, les journées d'école permettent aux enfants d'avoir des activités à côté. J'ai fait plein de sports et de l'art. C'est venu de ça globalement. Tu as une relation forte avec tes grands-parents alors? 

-C'est eux qui m'ont élevé. Ils représentent toute ma vie. Il me reste plus que ma grand mère maintenant. Mais perdre mon grand père a été une des plus grosse épreuve de ma vie. Comment était ton adolescence en Allemagne? 

Je souris. 

-J'étais un vrai garçon manqué. Mes parents ont une grande propriété en proximité de Berlin. J'avais un terrain de cross, je passais mon temps que un quad, un BMX ou une petite moto. J'avais mes grands frères, j'ai passé beaucoup de temps avec eux et leurs amis. J'ai jamais aimé l'école, à l'époque j'étais ronde, pas bien dans ma peau. Je me suis fait harcelé tout mon secondaire, enfin collège et lycée. J'avais mes amies, c'était mon échappatoire, on faisait beaucoup de connerie. Mais mes parents n'ont jamais rien su, mes frères m'ont toujours couverte. En soit une adolescence normale pour jeune berlinoise.

-Avoir un frère humm.

-Handicapé. je dis. Ce n'est pas un gros mot. Avoir un frère handicapé à rien changer dans l'amour de mes parents ou leur attention. Mais j'ai grandi plus vite dans le but de l'aider et de le comprendre. Mes parents ont jamais voulu qu'Oscar soit un poids pour nous ou quoi que ce soit. Et ils ont pas voulu qu'il se sente différent. Donc on a toujours été une famille normal. En tant que soeur tu le protèges, je me suis battu plus d'une fois.

-Toi? il me demande amusé. Tu fais un mètre cinquante.

-Je t'ai dit. J'ai grandi avec que des gars. Je sais me battre. Et j'ai fait de la boxe aussi. La tienne était comment?

-J'ai grandi en HLM en banlieue parisienne, à Grigny. On avait notre routine. J'ai jamais été scolaire mais assez de façon à pouvoir faire un bac pro. Le rap c'était pas une option à l'époque. J'ai perdu mon grand père, ma grand mère était en galère, j'ai fini dans les trafics. J'en suis pas fière, j'ai été au tribunal plus d'une fois. J'ai eu mon bac après j'ai fait de l'interim des petits boulots de merde, je rappais la nuit. J'ai mis longtemps à décrocher pour être à fond dans le rap. Une adolescence clichée aussi. 

-Et les gars?

-Je connais Zer2 depuis la maternelle. Ken est arrivé après et les autres aussi.

-Et si tu n'avais pas eu le rap?

-Je ne sais pas. J'aurais probablement continué avec cette vie-là. J'aurai eu un métier qui me plaît pas et je serai resté dans le même HLM que ma grand mère. T'es une venue en France pour quoi?

-Mes études.

-Menteuse. 

Je souris doucement.

-Ça tu le sauras le jour ou j'aurais plus vu que ça. je réponds. Tu me fais écouter?

-Quoi?

-Votre rap.

Il a pris une enceinte et m'a fait écouter en commençant par leur premier album. Il m'a expliqué toutes les histoires derrière les chansons quand il y en a. Les gars sont revenus, askip leur soirée n'étaient pas ouf. Ils m'ont expliqué avec Hakim toute leur discographie.

TeddyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant