11 | Trou beant 📘

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Chère journal, j'aimerais être embrassée un jour, follement, passionnément, une apothéose.


Mara


Ça devait être ma finalité. Mon moment de gloire. J'étais si excitée, si heureuse. Mais quand je suis arrivée en haut de marches, j'ai fait la chose la plus débile que l'imbécile en moi pouvait faire, je l'ai cherché des yeux. Et quand j'ai réussi à le trouver, fière d'avoir mis la robe qu'il a choisi, la robe qui me fait pourtant penser à la partie de moi que je déteste le plus, je l'ai vu sourire diaboliquement dans ma direction avec Valentina.

Sa sœur.

Celle que j'ai empoisonnée.

J'ai réussi à reprendre mes esprits quand les douces notes de piano ont commencé et j'ai pu enfin me concentrer sur la danse. La lumière se fait, chaque volontaire est face à son cavalier, chacune d'entre elles sont dans une robe près du corps, tandis qu'ils sont en costume noirs classique et une chemise blanche, leur nœud papillon assorti à la couleur de la robe de leur cavalière. Ils se baissent chacun leur tour dans une révérence. La fille met la main dans celle de l'homme toujours en soumission, puis ils commencent les pas. Ils tournent, dansent, elles se font lever dans les airs alliant féminité, férocité, élégance. 

Qu'est-ce que Samuel aimerait voir ça, il m'a tellement aidé à tout perfectionner. Ma respiration s'accélère en même temps que la danse, mes mains deviennent moites, des frissons me gagnent. Mon corps se gonfle d'un sentiment de fierté, je me sens respirer à pleins poumons alors que ma tête enregistre chaque seconde de ce moment pour me le repasser plus tard.

C'est beau. C'est beau et parfait. Comme dans ma tête. Et pourtant, je me sens mal à l'aise dans cette robe, comme si j'étais un imposteur, et quand la musique s'arrête, que la lumière baisse en intensité au centre de la pièce, les gens applaudissent, ils applaudissent avec retenue, mais ils applaudissent.
C'est une douce cacophonie qui vole jusqu'à mes oreilles.

Les filles avec qui je n'ai communiqué que par Whatsapp et en visio se serrent dans les bras sous l'émotion, et je ne peux m'empêcher d'avoir un peu, un tout peu de fierté pour ce que j'ai accompli.

Pour la première fois depuis des années, je m'autorise.
Ce n'est pas grave. Juste une minute. Une simple minute. Juste cette fois.

Le plaisir.

Je me le suis interdit. Mais quelques fois, quelques fois c'est trop dur.

Cette danse, la fontaine, le milkshake à la vanille, les donuts. Je vais le regretter. Je vais vraiment le regretter tôt ou tard.

J'assiste aux trois danses qui suivent, et l'adrénaline de tout à l'heure s'est déjà dissipée. Même quand les filles sont venues me féliciter plusieurs fois, des étoiles pleins les yeux. Même quand Thorn est venu m'inviter à danser. Tout ce que je voyais, c'était la fin de ce but que je m'étais donné et Jack qui reste collé à sa sœur et à ses amis.

Fatiguée, je décide de monter à l'étage. J'ai besoin d'air. De calme. Et de paix.

Des fois, j'arrive à un stade où je ne sais plus ce que je veux, et on dirait que ça arrive ce soir. Pile quand il ne faut pas, c'est tout moi ça. Je pense à tout, mes cauchemars qui me hantent, ce que ferait ma mère à ma place, que fait mon père à cette heure-ci ?

Ce projet était mon frein, ma bouée, il me permettait de garder la tête hors de l'eau, d'oublier mes actes, mes fautes, moi-même. Je n'étais pas préparé a qu'il se termine, je ne l'avais pas prévu. Et même si je suis incapable de pleurer, il y a des larmes dans le cœur qui ne traversent pas les yeux.
Je suis incapable de gérer ce que je ressens.

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