8 - Soleil brulant 📘

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Jack

Je ne sais pas vraiment ce que j'attends de cette journée, de quelle manière, je vais la torturer aujourd'hui. Juste découvrir sur son visage que je l'ai choisi, lire sa surprise sur ses traits, c'était jouissif. Je monte les quelques marches du bus et cherche sa petite tignasse blonde. Elle a le sommet de son crâne contre la fenêtre et regarde la vue par la vitre, c'est-à-dire la devanture d'un magasin de quincaillerie au pied d'un immeuble délavé, vue peu intéressante, mais elle ne décolle pas son regard de ce qu'elle voit. Je sais qu'elle me fuit, pourtant ma petite princesse aux yeux de démons ne fuit personne, j'aime cette vision, je veux la voir ramper à mes pieds et la supplier de l'épargner -ce que je ne ferais pas- mais cette image me fait palpiter le ventre.

Je m'assois à côté d'elle sans la lâcher du regard et je la sens soupirer légèrement quand elle sent ma présence.

— Détends-toi princesse, on va bien s'amuser.

Elle se tourne et me fait enfin face, son visage s'incline vers le mien et elle fronce les sourcils, comme si elle essayait de découvrir toutes mes mauvaises intentions.

— Je ne sais pas à quel jeu tu joues vaurien, mais je ne suis pas du genre à ne pas jouer, alors que le meilleur gagne.

Elle me tend sa main, je la regarde deux minutes et glisse la mienne dans la sienne.

— J'ai hâte de voir ça, princesse.

— Je ne suis pas u... Elle s'arrête, oh et puis appelle moi comme tu veux.

Le bus démarre et je ferme les yeux toute l'heure qui suit, les mains scellées entres elles sur ma braguette, et je tente de m'endormir, ce qui est putain de difficile quand elle est à côté de moi. Au début, elle ne bouge pas et je devine qu'elle regarde les paysages devant elle, puis après un instant, je sens son regard sur moi, mais je n'ouvre pas les yeux pour autant. Je me bats déjà contre son doux parfum qui a envahi chaque cellule de mon corps. Elle gigote un peu, et j'entends un petit emballage. Quand j'ouvre un œil, elle est en train de lécher une sucette intensément en regardant des vidéos sur son téléphone. J'essaye de me concentrer sur ce qu'elle regarde, mais je reste obnubilé par ses lèvres sur ce petit morceau de sucre rose.

Elle se tourne légèrement, et ses yeux bleu et vert percutent les miens, un sourire se dessine sur son visage de démon.

— Qu'est-ce que tu regardes ? Tu en veux ?

Elle me tend la sucette, et je n'ai aucune foutue idée pourquoi j'approche ma bouche pour l'énerver et l'ouvre pour engloutir sa sucette qui a goût de péché.

Elle fait les gros yeux et je jurerais que ses joues ont rosi, comme si cette fille n'avait jamais partagé des choses bien plus intimes des milliers de fois.

— Qu'est-ce que tu as ? Dis-je quand je la vois faire sa moue gagnante.

— C'est un serment que tu viens de faire.

— Un serment ?

— Un serment de bave.

— Et à quoi correspond ce serment au juste ?

— Qu'on fait une trêve pour la journée.

— Et si je fais ça, qu'est-ce que j'y gagne ?

Elle hausse les épaules.

— Absolument rien à part une journée sans guerre, c'est le principe d'un serment, c'est juste une promesse, il n'y a rien en échange.

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