Hostage

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J'ai la tête un peu trop pleine, le vide qui me tient à distance

Les pas encore trébuchants après toutes ces années,

Et j'ignore pourquoi le temps n'échoue jamais à amener le désespoir

Pourquoi il existe une frontière au sens de croire,

Une dimension presque irréelle à celle d'espérer.




Quoi qu'il en soit, j'ai cessé d'attendre

La légèreté de vivre, la chaleur des silences

La tête trop pleine, je ne tente plus de lâcher prise

Les abymes à bout de bras, j'ai cessé de nager vers la surface

En sur-place

Je peux voir la surface se mouvoir

Et le reflet du ciel onduler

En sur-place,

Je me sens doucement flotter

À défaut de me battre,

Je danse

À la merci des choses qui m'ont brisée,

Je respire.




Je suis une hotage du monde,

Hotage du ciel et des océans

Des vagues qui s'échouent sur d'extraordinaires réalités,

Hotage de la liberté.

Retenue prisonnière là où les nuages perdent de vue l'horizon

Là où même le soleil n'aperçoit plus le lendemain.

Recluse dans le tracé poussiéreux des étoiles,

La peinture somptueuse des astres m'estompe

Rouge sang, bleu rêve, jaune souvenirs, violet nébuleuses...

Tout s'entrechoque dans un désordre d'une justesse inexplicable.

Je suis une hotage du monde,

Du chaos, et de la singularité des autres

De cet instant où l'écume du passé déferle sur le rivage,

De ce foutu désespoir de vivre qui me colore le visage

Par petites touches, lorsque tout se fait fade.

Hotage de la joie,

Cette joie,

La vraie

Celle qui éclate et caresse au même instant

Celle dont on passe le restant de son existence à pleurer l'éclat

La joie

Cette joie irrationnelle

Ce bonheur incontestable

Ce regard à couper le souffle,

Qu'on pose, soudainement sur la vie.




J'ai la tête un peu trop pleine de lumières,

Trop vide de sens.

J'ignore tout des jours, mais je connais par cœur la lueur des fenêtres solitaires

Qui signeront leur fin.

J'ignore tout de cet instant où l'espoir triomphe,

Mais je n'oublierai jamais les regards brûlants de fatigue,

Je n'oublierai jamais les yeux grands ouverts sur la détresse du monde

La poésie qui ne connait aucune frontière.

Mon cœur bat dans la poitrine de ceux qui ont cessé d'y croire,

Il bat assez haut dans la nuit pour entendre tinter les étoiles

Il bat dans les fleurs à peine écloses,

Dans les yeux des enfants tout juste ouverts sur le monde.

Mon cœur bat

À chaque endroit

Où il existe,

Peut-être encore

Une raison de vivre.
















Silhouettes Où les histoires vivent. Découvrez maintenant