Ma peau porte les marques des mains qui s'y sont posées trop tôt
Ma silhouette dans le miroir, déformée par le regard des passants.
J'ai le regard cerné de doutes et la voix étranglée de "Pourquoi ?"
Mes nuits sont blêmes et parfois écarlates.
Je voudrais disparaître, mais que restera-t-il de moi si je ne peux plus plaire ?
On m'a fait comprendre dès l'âge où rien de tout cela n'avait encore de sens,
Que mon corps serait l'un, si ce n'est le seul moyen pour moi
De me faire ma place.
"Ta peau est presque entièrement marquée."
Oui, mes jambes ont été lacérées par les rencontres d'un soir,
Mes lèvres se sont fissurées à force de sourire
À ceux qui n'étaient intéressés que par l'intérieur de mes cuisses.
Mes bras, j'en ai raturé la peau blanche à coups de "Je ne suis pas assez bien"
Mes ecchymoses comme entraves à la façade parfaite
J'ai laissé l'encre se déverser dans ma peau,
Prendre les courbes de mon histoire
Raconter la poésie dont je vibre.
Il ne reste presque rien de la petite fille que j'étais
J'ai peut-être cherché à l'effacer,
De toutes les façons possibles
Toutes ces années
Pour que jamais rien de cet enfer,
Ne puisse l'atteindre.
C'est un cercle sans fin.
Lorsque la violence s'éloigne,
Elle finit par manquer
Faute d'avoir connu autre chose,
Ou d'avoir su en guérir.
La douleur et les pleurs me soulagent.
Lorsqu'il est temps de rentrer à la maison,
J'ai toujours besoin de me sentir
Un petit peu brisée.
Comme si maman allait venir me serrer dans ses bras,
Comme si j'allais pouvoir me réfugier sous mes draps des mois durant
Les fracas de la ville m'effraient,
Après avoir passé la nuit à marcher entre ses débris
J'ignore comment font les autres
J'ignore comment le jour parvient à se lever,
Par-delà des heures si noires.

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Silhouettes
PoetryInformes et vaporeuses, elles rassemblent en elles les personnes que nous étions, celles que nous nous apprêtons à devenir. Elles ont de l'enfance la lueur presque irréelle, de la mélancolie le bleu profond. De l'espoir, la beauté et l'inatteignable...