Il est trop tard pour revenir vers toi
Trop tard pour te prendre dans mes bras
Il fait encore froid dehors,
Aussi froid que ces soirs d'hivers marqués par mon absence
Tu le sais, qu'il fait encore trop froid pour remettre les pieds là-bas
Tu le sais,
Qu'on ne s'en remet jamais vraiment
Et que c'est peut-être parce que je suis ta grande sœur,
Que le monde me semble incapable
De changer
De s'adoucir
De guérir
Non,
On ne guérit pas de ces choses là
Et c'est peut-être parce que je suis ta grande sœur,
Que j'en suis persuadée.
Tu m'as raconté, sourire aux lèvres
Les pires horreurs qu'on t'avait fait subir
Et même la douleur en moi,
S'est figée
Incapable d'exprimer
Incapable de ressentir
Incapable de souffrir
Comme s'il était trop tard
Comme si on avait assez pleuré
Comme si rien
Ne pouvait plus nous sauver.
Alors, j'ai pensé à ce que je devais faire
À ce que je n'avais pas fait
À ce dont j'aurais été incapable de penser
J'ai pensé à partir retrouver ces gens,
Je voulais les voir
Les regarder droit
Droit
Droit dans les yeux.
Sans espérer comprendre,
Je voulais les voir
Imaginer leur peau, raturée comme l'est la tienne
Contempler l'absence de remords dans leurs regards blêmes
Ressentir mon cœur s'emballer,
L'adrénaline faire couler les larmes
Restées noyées le jour
Où vous m'avez pris
Mon petit frère.
Puis, ça ne part toujours pas
Jamais ça ne s'en ira
Comme les cicatrices sur ta peau
Comme le silence de ces soirs d'hivers dont je ne savais rien
Comme tout ce que maman ignore
Comme tout ce que tu refuses de me dire encore.
Puis, j'aurais voulu te protéger
J'aurais voulu
"J'aurais voulu"
Ces mots me font me sentir plus vide encore
J'aurais voulu te donner foi
En le monde et en ce qu'il peut devenir
Mais il fait encore trop froid dehors
Les nuits trop sombres
Les autres trop cruels
Moi qui n'ai jamais cessé de croire,
Je me retrouve paralysée
Cela cessera
Cela cessera je le sais
J'ai besoin de fermer les yeux,
De les fermer longtemps
Avant de les ouvrir à nouveau.
_ _ _
Ce poème date un peu, mais ce genre de sentiments revient trop souvent pour que je le laisse dans mes brouillons.
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Silhouettes
PoesiaInformes et vaporeuses, elles rassemblent en elles les personnes que nous étions, celles que nous nous apprêtons à devenir. Elles ont de l'enfance la lueur presque irréelle, de la mélancolie le bleu profond. De l'espoir, la beauté et l'inatteignable...