Je pourrais dire à quel point je souhaite rester
Je pourrais écrire la façon dont la lumière me fascine
Je l'ai fait tant de fois
Pourtant, il reste en moi la silhouette de cette jeune femme assise sur un banc
Les plaquettes de médicaments vides,
Dépassant de son sac à main
Il reste en moi la mélodie des sirènes,
Les lumières rouges en plein jour, au coin de la rue.
Je ne saurais me séparer de cette sensation de mort dans ma poitrine
Du soleil d'octobre
Et de la voix de cet homme au téléphone,
Essayant désespérément de me convaincre
De ce dont j'étais si profondément consciente.
Il reste en moi la pensée que le monde avait fini par échouer
Le souvenir de mon cœur s'étant résigné à s'arrêter
Et je me suis longtemps demandée,
Pourquoi le regard de ma mère, et les rires de mes frères et sœurs
Pourquoi la chaleur de mon chat endormi sur mes genoux
N'avaient pas suffit
À me faire changer d'avis.
Le printemps est revenu,
Pourtant mon cœur bondit encore lorsque je m'aventure dans ce parc
Et à travers ces rues.
Les lumières se sont éteintes
La mélodie s'est tue
Pourtant je me vois encore,
Immobile
Attendant qu'on vienne m'aider,
Déterminée à m'en aller.
Il reste en moi, les paysages que j'ai pensé admirer pour la dernière fois
Et j'ignore pourquoi ils rayonnent tant
J'aurais peut-être aimé que tout de ce jour s'éteigne
Que rien ne me revienne, comme il l'avait été.
Je sais pourtant que la ville se souvient de moi,
Qu'elle s'incline doucement à mon passage
Comme si un simple coup de vent pouvait me briser à nouveau
Je sais que la foule n'est plus la même,
Que les enfants ont grandi
Qu'il reste tout, et qu'il ne reste rien
De ce que j'ai aimé.
Les poèmes ne suffiront pas à faire revenir, ni à effacer
La vie porte en elle chaque once de ce que nous sommes
La vie ne s'inquiète pas de la mort,
Elle sait au fond, qu'il n'était pas temps pour moi de la quitter.
Ma vieille amie tient certainement à ce que je me souvienne
Tout en m'assurant,
Que le monde ne s'est pas figé
Et que rien ne s'est jamais arrêté
En mon absence.
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Silhouettes
PoetryInformes et vaporeuses, elles rassemblent en elles les personnes que nous étions, celles que nous nous apprêtons à devenir. Elles ont de l'enfance la lueur presque irréelle, de la mélancolie le bleu profond. De l'espoir, la beauté et l'inatteignable...