Nos rendez-vous avec Thomas s'enchaînaient sans que j'y puisse quoique ce soit. C'était plus fort que moi, j'avais besoin de ma dose. Il était comme une drogue. J'adorais aller au musée avec lui, j'adorais danser avec lui, j'adorais l'écouter parler, j'adorais l'entendre rire et le regarder peindre. Tu sais que pour notre troisième rendez-vous, il avait peint mon portrait ? Il me l'avait offert et il m'avait précisé que j'avais plutôt intérêt à garder cette peinture soigneusement chez moi, parce que son coup de pinceau se vendait déjà cher à l'époque. Tom était extraordinaire, je ne parvenais pas à me mettre à ta place, je n'arrivais pas à voir ce que tu avais dit de lui. Moi, il ne me regardait pas comme s'il avait envie de me sauter. Il s'était montré toujours très respectueux et bien élevé. Il ne m'avait jamais fait d'avances et n'avait jamais eu un geste déplacé. Il était vraiment à l'écoute. Il faisait attention à moi. Il ne m'embrassait jamais sans être sûr que c'était mon désir également. Il ne me touchait pas comme des garçons avaient pu le faire avant lui, et qui m'avaient dégoûté à l'idée d'être touchée. Lui, il était différent. Je suppose que tu le savais et que c'est peut-être pour ça que tu as toujours essayé de nous saboter. Je ne sais même plus comment j'ai abordé la question avec lui. Nous étions assis sur son canapé. Lui était concentré à corriger des copies d'élèves et moi, j'étais en train de préparer celle que je rendrais à mon professeur d'éco deux semaines plus tard. Fallait le voir, et encore aujourd'hui, j'adore le regarder comme ça. Les jambes croisées, son tas de copies sur la cuisse, son stylo à billes rouge entre les doigts, sa paire de lunettes de vue sur le nez et ses cheveux plaqués à l'arrière de son crâne. Il était beau, il l'est toujours. Parfois il baillait, il en avait marre et peut-être même qu'il n'était plus très attentif à force, mais il continuait de corriger. Il ne voulait pas prendre de retard.
– Thomas...
J'avais l'impression d'avoir perdue ma voix mais il avait tourné la tête vers moi. Il m'avait entendue, forcément, j'étais à l'autre bout de son canapé, assise en tailleur, mon ordinateur sur les cuisses. C'est juste que j'avais la sensation d'être intimidée face à un professeur qui me demandait pourquoi j'avais rendu blanc, alors qu'il avait prévenu six mois à l'avance de l'examen en cours.
– Quoi ? a demandé mon petit-ami.
– Est-ce que tu as déjà voulu coucher avec Lucie ?
Je regrettais déjà la question, mais elle était posée. Thomas s'est mis à rire nerveusement. Ses sourcils étaient froncés. Il n'était pas préparé à une telle question et pourtant, il a répondu du tac au tac ;
– Non ! Jamais de la vie ! Pourquoi cette question ?
Je me sentais bête. Tu m'avais sûrement menti et je sais aujourd'hui que tu m'as toujours menti, mais je le connaissais à peine, et toi, je te connaissais depuis presque dix ans.
– Je ne sais pas, avais-je prétendu. Tu... tu es son genre de garçon alors peut-être...
Ses sourcils s'étaient davantage froncés. Je m'étais déjà perdue dans ma tentative de mensonge. Tu vois Lucie, j'avais beau savoir que tu me menais en bateau, j'essayais encore de te protéger. Je ne voulais pas qu'il t'attrape à la volée pour te demander d'arrêter tes bêtises, qu'il te fasse te sentir comme une moins que rien. Je ne voulais pas qu'il finisse par s'en prendre à David, au point que ça brise leur amitié.
– Asia ? a relancé Thomas.
– Laisse tomber, c'était une question idiote...
– Il n'y a pas de questions idiotes, a répondu Monsieur. Mais non, je n'ai jamais voulu coucher avec Lucie. Je l'ai rencontré quand David nous a présentés. Je ne suis pas le genre d'homme à fantasmer sur les petites-amies de ses copains !
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UN JOUR DE TOI - TOME I
RomanceC'est à ton mariage que j'ai rencontré Thomas, tu te souviens ? Il était là, à rire avec David, à essayer d'attirer mon attention avec ses petites blagues peu recherchées, mais qui m'avaient fait rire. Je me souviens de la chanson, c'était You de T...