Nous étions au salon de tatouage. À la base, il s'agissait de toi. Il n'y avait ni David, ni Thomas dans nos vies. Nous étions les deux filles qui s'étaient rencontrés sur les bancs d'école et qui avaient appris à se connaître. Je me souviens du jour où l'on s'était avouées avec un sentiment de honte, que nous étions respectivement fans de One Direction. Je dis honte parce que c'était la honte, à l'époque. Je ne sais plus l'âge que nous avions et je m'en fiche. Je me souviens de toi qui me racontais que Louis Tomlinson était l'homme de tes rêves pendant que moi je rêvais d'Harry Styles et en même temps, tu croyais dur comme fer au couple qu'ils formaient soi-disant secrètement. Tu avais le don pour ça et même que parfois je me mettais à y croire par ta faute. Tes théories tenaient la route la plupart du temps, mais quelquefois, je te voyais juste comme une folle un peu trop investie. Tu riais aux éclats, quand je te le disais. Je peux encore entendre les échos de ton rire malgré le temps qui passe. Tu sais, je ne voulais pas de ce tatouage. En vrai, tu étais une fille imprévisible, du haut de tes dix-huit ans. Je me souviens que tu avais pris rendez-vous dans ce salon pour te faire tatouer une espèce de papillon sur l'épaule et finalement, tu m'as regardée et tu m'as demandé ;
– Et si on se faisait un tattoo ?
J'avais écarquillé les yeux. Un tatouage ce n'était pas rien. Il fallait y réfléchir et pire encore, l'assumer une fois sur la peau. Tes idées partaient dans tous les sens alors que je ne t'avais pas donné de réponses. Tu voulais que l'on se tatoue Larry ou encore un ballon, un nuage, une lune, un soleil, un cerf, un cœur... je ne savais même plus comment je m'appelais, mais déjà à l'époque, j'étais complètement folle de toi. Je me serais tatoué une bite pour t'impressionner ! Je te jure que je l'aurais fait.
– Ou alors... Un arc et sa flèche, as-tu proposé.
C'est là que ça me semblait tomber sous le sens. L'arc n'est rien sans sa flèche et la flèche ne sert pas à grand-chose sans son arc. Les deux ont toujours eu besoin de l'autre pour fonctionner, comme toi et moi à l'époque. Ça voulait tout dire à mes yeux, mais j'ignorais ce que ça voulait dire aux tiens. Tu sais Lucie, tu ne parlais pas beaucoup à l'époque. Tu nous faisais faire des choses en espérant que je ne pose jamais de questions et c'est ce que j'ai fait. J'ai arrêté de t'en poser pour me laisser porter.
Nos tatouages faits, la flèche pour moi, l'arc pour toi, nous sortions du salon sous un soleil de plomb. Nos folies du genre arrivaient toujours sous les meilleurs jours niveau météo. Nous n'étions pas en été pourtant, mais c'était comme si l'univers insinuait que nous étions la lumière de l'autre, à chaque fois que nous étions ensemble. C'était ce que je croyais, avant que je rencontre Thomas.
Nous marchions toutes les deux vers l'université. Nous étions déjà en retard, mais ça semblait t'importer peu. Toi, tu avais l'habitude des retards et même si tu séchais parfois les cours, tu restais très cultivée et tu rattrapais toujours tes manquements. Tu avais le don pour apprendre plus vite que les autres et même que tu étais souvent ennuyée de la manière dont les professeurs nous enseignaient la matière pour laquelle ils se sentaient destinés. Il faisait trop bon pour que l'on se mette à courir s'enfermer dans l'université et même si j'étais du genre à te pousser pour t'éviter les absences en cours, pour cette fois, j'étais d'accord avec toi. Je ne voulais pas rentrer m'enfermer dans le cours pitoyable de Monsieur Durand, notre professeur de commerce. Putain, j'adorais l'école, mais ce prof, j'aurai pu le tuer ! Lui et son crâne à moitié dégarni. On aurait dit un vieux connard frustré par la vie et nous étions loin de connaître sa vie privée, mais c'était notre truc à nous, d'imaginer ce que les profs pouvaient bien faire en dehors de la fac. Lui, je me souviens qu'on le voyait tous les dimanches, entouré de sa famille faisant semblant de l'aimer, à faire le connaisseur sur tous les sujets abordés, une bière à la main pendant que sa femme se tuerait à faire prendre le feu du barbecue. Ouais, on avait l'imagination débordante... Il nous embêtait tout le temps, et il est vrai qu'on lui donnait matière à nous emmerder. Nous papotions plus qu'écoutaient son cours. Parfois même, on étouffait nos rires après des anecdotes que l'on se remémorait. C'étaient de bons moments, ceux-là. Ceux avant que tu rencontres David.
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UN JOUR DE TOI - TOME I
RomanceC'est à ton mariage que j'ai rencontré Thomas, tu te souviens ? Il était là, à rire avec David, à essayer d'attirer mon attention avec ses petites blagues peu recherchées, mais qui m'avaient fait rire. Je me souviens de la chanson, c'était You de T...