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      J'étais toujours sur mon petit nuage au réveil. Lui était parti travailler. Il n'enseignait plus pour le moment puisque les cours étaient terminés, mais il travaillait pour une association qui vient en aide au développement d'enfants handicapés par l'art. Il faisait tellement de choses que j'avais du mal à le suivre et puis, tu le sais, je n'étais pas une tête en art. Je ne savais pas faire la différence entre un tableau d'art abstrait et un tableau impressionniste. J'étais tellement nulle que moi, j'étais le genre de fille à aller dans les musées pour me promener et faire semblant que je savais ce que j'étais en train de contempler... Toi, tu allais dans les musées pour faire chier le monde. Pour nous faire courir dans les quatre coins du Louvre à la recherche d'une œuvre qui n'y était même pas. Putain, je t'aurais tuée ! Tu te laissais beaucoup trop influencer par ce que tu voyais sur internet...

Ce matin-là, je ne m'attendais pas à recevoir ton message. Pour moi, nos vies reprenaient leur cours comme tu avais voulu qu'elles finissent par le faire. Je ne voulais rien de toi. Je voulais tout de Thomas. Je n'étais plus celle que tu croyais. Je n'étais plus à attendre après toi. Je n'étais plus celle qui sautait sur son téléphone en espérant que tu me proposes un plan. Tout avait changé.

Lucie – Bonjour. Je trouvais ça bête que l'on ne prenne pas le temps de discuter toutes les deux. Es-tu d'accord pour que l'on se voie dans l'après-midi ?

Je ne voulais plus rien de toi et je n'attendais plus rien de toi, mais tu souffrais, j'avais pu en témoigner la veille. Forcément que je ne refuserais pas le rendez-vous. Tu étais toujours mon amie malgré ce que tu t'obstinais à faire croire sur les réseaux sociaux. La matinée avait été longue. Je redoutais le moment où nous nous rejoignions. Je m'étais fait un tas de scénarios et je savais finalement, aucun de ceux-là correspondraient à ce qu'il se passerait vraiment. C'était mon truc les scénarios et c'était un truc que tu n'aimais pas trop. Tu ne disais pas grand-chose sur le sujet, mais tu savais te faire comprendre. Quand je parlais de futur avec toi, tu avais toujours envie d'y croire, mais il y avait toujours un mais. Tu sais, j'ai fini par croire que tu voulais me fuir et j'imagine que c'est ce que tu as fait, à force. Tu m'as fui à la première occasion.

Si j'avais tout le loisir de penser à toi durant ce matin-là, je pensais également à notre première fois à Thomas et moi. J'étais un peu gênée au niveau de l'entre-jambe, ce n'était pas agréable à ressentir, mais ce n'était pas la mort non plus. J'avais ressenti pire avec mes règles... J'avais d'ailleurs regardé sur internet si cela était normal d'être aussi dérangée au niveau vaginal et sur le net, ils disaient que la plupart des filles ressentaient une gêne après leur première fois. C'était le cas de le dire, c'était une gêne que j'oubliais parfois et que je ressentais quand je me trouvais sur les toilettes a essayé d'uriner sans pleurer. Je voulais en parler avec Thomas, pas de la gêne, mais de notre première fois. Je voulais être rassurée. Je voulais qu'il me dise que je m'étais bien débrouillée alors que je n'avais rien fait. J'avais à peine osé le toucher. Tu sais Lucie, j'aurais adoré pouvoir parler de tout ça avec toi. J'aurais adoré voir ton regard et ton sourire, quand moi, la petite Asia, je t'aurais dit que ça y est, j'étais rentrée dans la cour des grandes ! J'avais enfin pu goûter au sexe avec un homme. Je trouvais ça triste de ne pas avoir le droit ou du moins, de penser que je n'avais pas le droit d'en discuter avec toi. Je trouvais ça triste que notre relation se soit dégradée à ce point puisqu'en plus, tu le savais à l'époque, tu étais ma seule amie. Je n'étais pas le genre de personne qui allait vers les autres aussi naturellement que toi. Je priais même pour que personne ne m'approche et toi, tu avais été la seule que j'ai laissé faire avant Thomas et sa vie d'artiste. Il est clair qu'en apparence, cela semblait plus facile pour toi que pour moi, mais comme j'avais eu les échos de ton mari, plus mes suppositions personnelles, je savais que tu souffrais autant, voire plus que moi.

UN JOUR DE TOI - TOME IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant