J'étais en train de gémir de plaisir quand le téléphone de Thomas s'est mis à sonner. Il avait choisi de ne pas y faire attention parce qu'il était occupé, comme tu peux le constater aujourd'hui. J'ai accroché ma main sur sa nuque pendant que nos lèvres s'embrassaient sensuellement et que son téléphone s'est remis à buzzer. Il ne voulait pas négliger notre câlin, mais j'avais pu constater qu'il avait froncé les sourcils au deuxième coup de fil. L'on se regardait quand le téléphone a sonné une troisième fois. Il s'est agacé et d'ailleurs moi aussi. Il a inspiré intensément puis, il a pris son iPhone en main, cessant nos activités par la même occasion. Je ne pensais pas qu'il décrocherait, mais c'était David, il ne pouvait pas prendre le risque. Le son de son portable était fort alors je pouvais entendre ce que ton mari était en train de lui raconter. Tu avais fait une tentative de suicide dans votre baignoire. Il t'a vue à temps et maintenant, tu étais à l'hôpital. Thomas a soupiré. Il en avait marre de toi, il savait que tu manipulais tout le monde, même s'il avait conscience qu'il ne fallait pas prendre ça à la légère non plus. Moi, j'étais perdue. Je ne savais plus quoi penser de tes actes. Je m'inquiétais et une part de moi me faisait penser que tu étais entrée dans l'offensive. Je te connaissais, tu m'avais parlé de ton enfance et du nombre de fois où tu t'étais tailladée pour que les gens s'intéressent à toi, parce que ta mère ne le faisait pas et que ton père était parti vivre en Italie avec son nouvel amoureux. Tu m'avais toujours dit que tu savais comment te victimiser et comme obtenir gain de cause. Tu m'avais également dit que si tu voulais vraiment te suicider, tu ne le ferais certainement pas ainsi et que tu ne raterais pas ton coup. Je savais alors que tu avais fait ça pour attirer l'attention de tout le monde, pour que tout le monde croie que tu vivais un réel enfer alors que tu nous manipulais, David et moi.
Thomas s'est étalé à côté de moi en soufflant de la situation. J'ai tourné la tête vers lui. Tu lui avais coupé l'envie de me faire du bien et c'était peut-être ton but finalement, quand tu agissais contre lui. Lui retirer l'envie d'avoir ses moments avec moi.
– Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai fait mine de demander.
– Ta copine me casse les couilles, a-t-il dit.
Il n'a pas tout de suite avoué ce que tu avais fait. Il ne savait pas comment me le dire, mais son ressenti sur le moment, c'était que tu lui cassais les couilles.
– Elle a tenté de se suicider, a fini par me dire Thomas.
J'ai regardé le plafond. Je ne voulais pas qu'il voie dans mes yeux que tout comme lui, je savais très bien ce que tu étais en train de nous faire. Tu vois, je voulais encore te protéger.
– David m'a dit qu'elle était à hôtel Dieu et qu'elle risque d'être enfermée quelque temps...
C'était comme ça à l'époque. Tu voulais mourir, les raisons importait peu, on t'enfermait pour que tu finisses par dire que tu voulais vivre. Les problèmes mentaux n'étaient pas pris au sérieux et ne l'ont jamais été. Les dépressifs ne savaient vers qui se tourner. Les psys n'en étaient pas des bons, les psychiatres nous bourraient de médocs et les hôpitaux nous envoyaient chez les fous comme ils disaient tous. Nous qui souffrions de problèmes mentaux, c'était ce que l'on était aux yeux du monde, des fous.
– Juste le temps de se reprendre en mains, a dit Tom.
J'ai soupiré silencieusement et j'ai lâché prise. J'ai pleuré. Ce n'était pas pour toi, c'était contre toi. C'était de la colère. J'en avais marre. Tu me faisais subir trop de choses et tu m'obligeais à passer sous silence trop de choses. Je n'en pouvais plus.
– Hey... a soufflé mon amoureux en s'étalant sur moi, elle va bien, a-t-il dit inconscient des vraies raisons qui m'avaient mises dans cet état. David est avec elle.
Mais je savais que tu n'avais pas fait ça pour voir David à ton réveil. Tu l'avais fait pour me voir planté là, à me sentir coupable de ton état.
– Bébé ? S'inquiétait Thomas. Arrête de pleurer...
J'ai séché mes larmes. Je me sentais tellement conne d'être dans cet état par ta faute.
– C'est juste qu'elle... j'ai débuté, qu'elle souffre.
Il ignorait pourquoi je lui disais ça. De son point de vue, c'était David le souffrant, pas l'inverse.
– Est-ce une raison pour faire souffrir les autres ? A demandé mon amoureux. Regarde-toi...
J'étais d'accord avec lui, ce n'était pas une raison pour que tu fasses souffrir tout le monde.
– Elle va bien, essayait-il de me rassurer. Ne t'en fais pas.
Je ne vais pas dire que je m'en fichais, ce n'était pas le cas. Je me souciais de ton état, mais je te connaissais. Je savais que tu étais en train de me manipuler. Que tu étais prête à tout pour que j'arrête de voir Thomas.
– Tu veux que je reprenne ce que j'avais entrepris de faire ? M'a demandé Thomas pendant que j'étouffais un rire. Je peux...
J'ai posé mes mains sur ses épaules, les yeux toujours humides du mal que tu me faisais et de la charge mentale que tu me demandais de porter.
– Tu es beau, lui ai-je dit.
Parce que dans tout ce que tu ne me laissais pas le choix de voir, Thomas était la plus belle chose à mes yeux et à mes côtés. Je te détestais Lucie. Parce que là encore, sans en avoir conscience sûrement, tu venais de gâcher un instant de partage avec mon amoureux. Alors je sais, ce n'était pas rien de se tailler les veines, mais toi, je savais pourquoi tu le faisais et ça me mettait en rogne.
– Je sais que je suis beau, m'a répondu Thomas en secouant doucement ses mèches rebelles.
J'ai doucement ri.
– Tu es triste ça y est...
Forcément que j'étais triste. Tu venais de ruiner ma soirée et j'avais envie d'écouter All Too Well (10 minutes version) de Taylor Swift, à hurler dans la baignoire de Thomas parce que tu vois Lucie, tu étais mon Jake. On avait eu quelque chose de trop beau à mes yeux et toi, tu étais en train de le réduire en cendre.
– C'est l'heure d'écouter du Taylor Swift, j'ai dit pour rire.
Thomas a joué la mine triste. Il n'aimait pas me voir dans cet état et il connaissait Taylor Swift parce que je l'avais soûlé avec sa discographie.
– Qu'est-ce que je suis censée faire ? J'ai questionné. Rester avec toi ou aller la voir ?
– Qu'est-ce qui te semble le plus correct ? A demandé Thomas.
J'ai haussé les épaules. Une part de moi se disait que je devais rester bien au frais, dans le lit avec Thomas. Pendant qu'une autre part de moi se disait que ton état pouvait être plus grave que je le pensais. Que peut-être que tu n'avais pas fait ça pour que je m'intéresse à toi.
– Tu veux qu'on aille s'assurer que ça va ? A proposé mon amoureux. On écoutera Taylor Swift dans la voiture...
– Tu ferais ça ? Me suis-je étonnée.
– Je fais tout pour toi.
Il m'a embrassé et il s'est redressé, prêt à renfiler des vêtements pour m'emmener te rendre visite. L'urgence voulait que les visites soient autorisées, mais on doutait pouvoir rentrer dans l'hôpital. Nous nous sommes donc rhabillés et sommes partis en direction de l'hosto. Dans la voiture, Thomas n'avait pas oublié que je voulais entendre Taylor Swift alors il a lancé l'album RED (Taylor's version) parce qu'il savait que c'était l'un de mes favoris et qu'il avait aimé le contenu quand je lui avais fait écouter. J'avais envie de pleurer durant tout le trajet et ce n'était pas parce que je pensais à toi. C'était parce que tu me gâchais la vie et pire encore, tu gâchais celle de David qui ne demandait qu'à t'aimer. Je n'osais pas imaginer son état après t'avoir retrouvé dans la baignoire. J'avais encore un tas de questions dans la tête et c'étaient des questions que je ne te poserais pas parce qu'on savait toutes les deux ce que tu m'aurais répondue.
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UN JOUR DE TOI - TOME I
Roman d'amourC'est à ton mariage que j'ai rencontré Thomas, tu te souviens ? Il était là, à rire avec David, à essayer d'attirer mon attention avec ses petites blagues peu recherchées, mais qui m'avaient fait rire. Je me souviens de la chanson, c'était You de T...