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Nous étions donc tous les quatre autour d'une table, à profiter des derniers rayons du soleil. On allait passer à l'heure d'été, mais il n'empêchait que les températures très vite en soirée, en ce début de printemps. Thomas m'avait donnée sa veste afin que je ne sois pas totalement frigorifiée. Nous en avions déjà fini avec nos assiettes et l'on profitait d'un dernier verre. J'ai croisé mes jambes sous la table et ais cognés mes genoux contre celui de Thomas, alors il a étalé sa main sur ma cuisse. J'ai posé mon coude sur le dossier de sa chaise afin de jouer avec les mèches de mes cheveux. David racontait sa vie donc nous n'avions pas tant besoin de trouver à dire. La vie de ton mari était chargée, il aurait pu tenir une audience à lui seul.

– C'était le jour où on a appris que Lucie était enceinte !

Mes yeux se sont directement posés sur toi. Moi, j'avais très bien entendu ce que ton mari venait de dire, mais Thomas lui avait demandé de répéter. Tu étais enceinte, bordel. D'ailleurs, tu avais fait de gros yeux quand il a vendu votre petit secret inconsciemment. David qui venait de s'en rendre compte, s'en voulait déjà. Tu ne semblais pas le maudire du fait qu'il venait de révéler quelque chose qui vous concernait que tous les deux, mais tu étais rouge et moi, je savais que tu rougissais facilement dans le mensonge, seulement pour le coup, je m'étais dise que tu étais intimidée à l'idée que Thomas se montre aussi heureux pour son ami, même s'il ne t'avait pas dans son cœur.

– Et toi, Asia, c'est pour quand ? A demandé ton mari.

– Jamais, j'ai répondu en étalant mon bras sur les épaules de mon amoureux. Je n'ai pas le temps pour ça.

– Tu pourrais l'avoir, a souligné Thomas.

C'était un sujet sensible, entre Thomas et moi. Lui, il parlait déjà bébé. En vrai, cela devait faire un an que l'idée était dans sa tête. Il avait abordé le sujet avec moi, mais je lui avais fait part du fait que je n'étais absolument pas prête à l'idée de devenir une maman et encore moins prête à condamner ma vie pour la donner à un bébé. Lui, il voyait les choses autrement. Il disait que c'était de l'organisation, mais que le temps que le bébé aille à l'école, il suffirait de trouver une certaine stabilité pour qu'on puisse contenter tout le monde sans que notre vie de couple en pâtisse.

Tom a croisé ses bras sur la table entre David et lui. Il ne m'en voulait pas de ne pas être prête, mais il avait peur que ce soit trop tard le jour où je le serais. Il avait trente-six ans et il pensait que c'était le moment où jamais. Qu'après ça, il serait trop vieux pour assumer un bébé dans nos pattes.

– C'est un choix de vie, après, a dit David.

Thomas me regardait par-dessus son épaule, ton mari me fixait et toi, tu fixais Tom. Tu devais sûrement jubiler de l'idée que pour une fois, je lui refusais quelque chose et pas des moindres. Il s'agissait d'un projet de vie.

– Pourquoi tu me regardes comme ça ? J'ai demandé à Thomas d'une petite voix.

– Pour rien, a-t-il répondu.

J'avais soudainement envie de pleurer. Ce n'était pas la faute à David et le bonheur que vous nous partagiez. C'était à cause de ce que j'étais capable de ressentir dans le regard de Thomas. Il le voulait vraiment ce bébé. Ce n'était pas une crise passagère du « Et si on faisait un bébé ? » c'était réel.

– Hé... a soufflé Thomas.

Je me suis pincé les lèvres et même si j'avais envie de partir en courant, j'ai préférée assumer que j'étais triste à l'idée de ne pas pouvoir répondre à son désir actuellement.

UN JOUR DE TOI - TOME IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant