12

7 1 1
                                    


Thomas et moi étions chez ma mère. C'était terrible pour moi de venir ici en sachant que je n'y verrais plus mon père. J'étais toujours dans mon deuil et j'avais du mal à le faire, à cause de tout ce que tu engendrais dans ma vie personnelle. C'était compliqué de passer dans le salon sans plus voir papa me sourire doucement, sans forcément me parler, mais juste me sourire. C'était bizarre de mettre la table sans plus attendre dix minutes qu'il daigne lever ses fesses de son fauteuil pour nous rejoindre. C'était douloureux de ne plus sentir sa présence ici et je me demandais comment maman savait vivre dans cette maison, sans lui à l'intérieur. Elle était plus forte que moi, il faut croire.

Nous étions sur la terrasse, dans le jardin. Thomas discutait avec ma maman de ses projets, elle adorait parler avec lui, il était le genre d'homme qui savait captiver l'audience et en plus, l'art était quelque chose qui intéressait maman. Je n'étais pas dans mon assiette et elle l'avait remarquée, mais elle n'avait pas insisté sur la question. Elle était loin de penser que c'était toi, l'élément perturbateur de ma vie, elle pensait à tort, tout comme Thomas, que j'étais dans cet état parce que je pensais à papa.

J'ai baissé la tête pour voir Ralph, le chien de la famille. Il voulait des caresses ou peut-être qu'il sentait combien j'étais triste. J'ai tapé gentiment son crâne puis, je lui ai caressé le ventre avant qu'il s'étale sur les dalles, pour encore plus de caresses.

– Bah voyons, j'ai soufflé.

Comme le chien avait compris que je ne satisferais pas son caprice, il s'est redressé pour aller quémander les caresses de maman. Je l'ai regardé faire puis, j'ai tourné la tête vers Thomas, après avoir posé mes coudes sur la table en bois du salon de jardin. Mon homme a étalé sa main sur mon dos pour un peu de réconfort puis, il a penché la tête sur la gauche comme s'il jaugeait mon état de tristesse.

– C'est toi qu'il veut, Asia, m'a sortie de la pensée maman. Regarde-le !

Le Golden-Retriever avait la langue pendue, sur ma droite. Il attendait après mes caresses et ça m'avait fait doucement sourire.

– Il veut peut-être faire une balade, a dit Maman. Il sait que quand tu es là, il a le droit à une heure de marche...

C'était sûrement ce qu'il attendait, mais je n'avais pas la force de le promener. Thomas a appelé le chien qui s'est empressé de le rejoindre, parce que je ne l'avais pas satisfait, une nouvelle fois. J'ai posé ma joue sur mes mains qui s'étaient emmêlées et j'ai regardé maman.

– Tu sais, il est mieux là où il est, elle a dit au sujet de papa. Il ne souffre plus.

Je me retenais de pleurer et j'ai décidé de quitter la table pour aller promener le chien. Thomas m'a rejoint parce qu'il ne voulait pas que je m'aventure seule au coucher du soleil. Nous sommes sortis de la maison, laissant Ralph tendre sa laisse au maximum. Tom m'a pris la main et même la laisse du chien. Nous avons fait le tour du pâté de maison puis, se sommes aventurés dans les chemins terreux qui séparaient les champs entre eux. La vue était magnifique, mais je n'avais pas mon téléphone pour l'immortaliser alors, je me suis contentée de regarder en silence. Tom a lâché Ralph pour qu'il puisse vivre sa balade en toute liberté. J'ai accroché ma main au biceps de mon homme, et j'ai regardé le chien s'enfoncer dans le chemin comme à son habitude. J'avais envie de tout raconter à Thomas. J'avais envie de lui dire tout ce que tu m'avais dit et tout ce que tu prétendais qu'il avait essayé de te faire, mais j'avais tellement peur qu'il me prenne pour une idiote que je n'ai pas osée. J'avais peur qu'il me dise que c'était la moindre des choses, parce qu'après tout, il m'avait prévenue et je t'avais quand même laissé ta chance de t'exprimer. Au fond de moi, je savais qu'il ne ferait pas ça. Je savais que tout ce qu'il me dirait serait rassurant et que la seule chose qu'il ferait de mal, c'est te trouver pour te dire de ne plus m'approcher, plus jamais. J'aurais pu, tu vois, Lucie, j'aurai pu lui dire et le laisser faire ce qu'il avait envie de faire juste après, sauf que je savais que s'il t'approchait pour te dire de me laisser tranquille, tu deviendrais encore plus méchante et déterminée. J'étais dans l'impasse, j'étais prise au piège et tu en jouais tellement que j'en perdais le goût de vivre. Ma relation avec Thomas en pâtissait de tes exploits. Nous n'étions plus des amoureux. Nous étions des gens qui couchaient ensemble quand il fallait. Nous ne discutions plus de ses projets ou des miens. Nous n'étions plus un couple comme avant. Tout ce dont on parlait, c'était de David puis, David et toi.

UN JOUR DE TOI - TOME IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant