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      J'étais assise à une table du fast-food quand je t'ai vue y entrer avec toute ta bande. J'attendais Thomas. Il était bloqué dans les embouteillages et c'était ironique parce qu'il avait pris sa voiture au matin pour justement éviter d'arriver en retard ce soir.

Pour qu'on me laisse tranquille, j'avais commandé un grand coca et choisie une table dans un coin plutôt intime du restaurant. Ta bande de potes faisait beaucoup de bruit. Vous vous étiez répartis sur trois bornes et puis, tu m'as vue. Je m'attendais à ce que tu fasses semblant de ne pas me connaître, mais tu as choisi ton menu et tu es venue me rejoindre avec un chevalet que tu avais posé sur ton avant-bras. J'ai inspiré intensément avant que tu t'asseyes sans même me demander si j'en avais envie.

– C'est comme ça que tu fêtes ton anniversaire ? M'as-tu demandé. Seule avec un coca ?

– J'attends Thomas, je t'ai précisé.

Tu te doutais sûrement que je l'attendais, mais tu voulais l'entendre. Tu voulais que je te donne raison à penser qu'il prenait ta place petit à petit, mais plus j'avançais dans ma vie, et plus je me demandais si tu avais eu une place unique pour rester dans ma vie ou si tu t'étais assise sur les sièges des gens de passage.

– Tu crois qu'il va venir ? Tu as questionné. Parce que personnellement, quand David me disait qu'il serait en retard, il finissait par me dire qu'il ne viendrait pas !

Tu ne perdais pas le nord.

– Il est dans les embouteillages, je t'ai répondu.

– Ouais, comme David !

T'en venais à me faire douter alors que je savais que Thomas ne me ferait jamais un coup pareil. Il n'était pas comme David et nous n'avions pas votre relation. Nous, c'était du solide. Tout avait été fait correctement. Nous ne nous étions pas jetés dans les bras de l'autre pour combler un manque. Nous étions ensemble parce que c'était notre destinée.

– Tu as l'air de vouer une haine envers ton mari, j'ai dit.

J'avais fait exprès de dire mari. Je voulais te rappeler que tu l'avais épousé en me faisant croire qu'il t'avait poussée à le faire alors que j'étais désormais au courant que c'était l'inverse.

– Les aléas du mariage, m'as-tu répondu. Tu sais, tout n'est pas tout rose dans la vie des grands !

Non seulement tu ne ressemblais plus à rien et tu le savais, mais en plus tu te permettais de me rabaisser, comme si tu avais été irréprochable. Tu me faisais de la peine et je me demandais ce que j'avais bien pu te faire pour que t'acharne à ce point sur moi. Surtout que tu étais mal placée pour l'ouvrir.

– Tu penses que Thomas va t'aimer encore combien de temps ? as-tu continué. Genre... tu ne crois pas qu'il va finir par s'ennuyer avec toi ? Parce que tu sais à la longue, tu n'es pas très... voilà...

Tu n'avançais aucun argument à tes propos parce que tu avais zéro raison de me rabaisser. Moi j'en avais des tonnes et tu vois, je m'étais abstenue de me mettre à ton niveau.

– Tu sais Asia, je trouve que tu as bien changée depuis que tu es avec lui ! T'es-tu permise de me dire. Tu n'es plus du tout la même ! Déjà tu me regardes comme une pestiférée ! On dirait que je suis moins bien que toi et que tu veux que je le sache ! Tu portes des robes et des talons pour faire la meuf dans l'espoir qu'il finisse par te baiser, mais je crois qu'il lui en faut plus que ça tu sais ! Il aime bien les filles entreprenantes et toi, tu es la dernière des filles à l'être !

UN JOUR DE TOI - TOME IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant