Chapitre 3 : Le choc du destin

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La tempête éclata brusquement, ses bourrasques violentes coupant Madrec dans sa course. Il ralentit, cherchant refuge parmi les feuilles qui s’agitaient avec fureur, espérant que le vent se calmerait bientôt.

Tapi dans cet abri naturel, il tentait de retrouver son souffle, ébranlé par l’effort soutenu. Les souvenirs de Cosuria affluèrent alors, envahissant son esprit avec une intensité surprenante. Des éclats de joie partagés avec son oncle et les autres habitants s’entremêlaient avec des moments plus sombres, teintés de l’amertume qui l’avait envahi au fil du temps. Ces images se transformèrent soudain en visions horrifiques de décomposition, chassant la rêverie du jeune homme et le forçant à affronter la réalité crue. D’un geste précipité, il essuya son visage marqué par la sueur et les larmes, éveillées par la nostalgie d’un passé révolu.

— Pourquoi ? Pourquoi tout cela est-il arrivé ? murmura-t-il entre ses dents.

Après avoir constaté que la puissante, mais aussi très courte tempête était passée, il reprit sa route, sortant des buissons tout en surveillant ses arrières, se remettant à courir. En effet, le jeune homme se savait poursuivi par les meurtriers de son village et préférait arriver rapidement à destination.

Madrec avait quitté Cosuria depuis plus d’un jour, éreinté, meurtri et affamé. Seule son adrénaline, poussée par une volonté de survivre, lui avait permis de continuer, cependant il sentait sa limite approcher. Ayant l’impression de tourner en rond, le jeune homme, ignorant tout de Xpars, l’endroit évoqué dans la lettre de son oncle, s’en remettait à son aigle Farc pour le guider.

L’oiseau, maintes fois envoyé par Michael, connaissait la route vers ce lieu. Cependant, les récentes afflictions du Glouvoude l’avaient affaibli, le rendant maladif et lent, ses ailes battant avec peine contre le vent capricieux. Madrec remarqua l’absence de signaux de son compagnon depuis que la tempête avait éclaté, après que Farc eut bravé les vastes étendues où les bourrasques régnaient en maîtres.

Perplexe devant le choix de l’aigle de défier un tel ouragan, une pensée fugace traversa son esprit : et si Farc, dans un élan désespéré, avait cherché dans la fureur de la tornade une fin à son existence ? Secouant cette idée morbide, Madrec lança un appel désespéré au nom de l’aigle, tout en grimpant avec ardeur la colline que le volatil avait franchie auparavant.

— Farc ! Farc ! Où es-tu, mon ami ? Ne me laisse pas seul, s’il te plaît !

Malgré l’accablement face aux épreuves récentes, Madrec se remémora les prouesses de sa jeunesse. S’inspirant de ces souvenirs de force et de courage, il puisa dans ses dernières réserves d’énergie et poursuivit son parcours.

Parvenu au sommet, il expira un soupir de soulagement, croyant s’être mis hors de portée de ses poursuivants. Profitant de ce répit, il ralentit l’allure, marchant à la recherche de son fidèle compagnon. À sa grande surprise, une silhouette de maison se dessina devant lui, se révélant à chaque pas.

— Peu importe qui vit ici, je n’ai pas le choix. Je dois me reposer et manger un peu, sinon je ne tiendrai pas longtemps. Et puis, peut-être que je trouverai Farc aussi, qui sait ?

La vieille bâtisse en bois, sans porte et visiblement désertée, s’élevait face à Madrec. Avançant avec une prudence extrême, sur la pointe des pieds, son épée à la main, il était aux aguets, prêt à répondre à la moindre alerte sonore. Mais même la délicatesse de sa démarche ne pouvait empêcher le plancher usé de grincer, révélant malgré lui sa présence.

Madrec parcourut les pièces avec une attention de tous les instants, comme si la faucheuse elle-même l’épiait à chaque recoin. Il s’immobilisa finalement dans ce qui semblait être le salon, perdu dans ses pensées.

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