Prologue: L'exode

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Dans les murmures du vent, on narrait l'existence d'un fluide maudit, le Glouvoude, née d'une nuit sans étoiles. Son aspect rouge sombre, presque vivant, s'échappait des fissures de la terre, comme si le monde rejetait ce mal incarné. Cette substance mortelle, lorsqu'elle touchait les êtres vivants, les condamnait à une agonie lente et implacable. Mais pire encore, ils étaient transformés en monstres sanguinaires, des créatures non mortes, avides de sang.

Les érudits avaient tenté de comprendre cette énigme, mais leurs efforts restaient vains. Les rumeurs foisonnaient, allant d'une expérience alchimique désastreuse à la malédiction d'une sorcière oubliée. Mais une chose était certaine : le Glouvoude était synonyme de mort et de damnation éternelle.

                          ***

Dans le crépuscule naissant, deux silhouettes se détachaient contre le ciel assombri. Jérémy Marca, l'aîné, portait le poids de la décision sur ses épaules, tandis que Michael, son frère, semblait hanté par le doute. Quelques heures plus tôt, Michael avait dû assommer son neveu, Madrec, pour l'empêcher de s'opposer à leur départ. Le jeune homme, fougueux et courageux, ne comprenait pas la gravité de la situation. Michael l'avait ensuite enfermé dans une charrette avec les anciens et les infirmes, loin du danger immédiat.

— As-tu rassemblé tout le monde ? demanda Jérémy, la voix trahissant une urgence contenue.

— Oui, tous sauf Madrec. Il a fallu... prendre des mesures, avoua Michael, évitant le regard de son frère.

Un soupir s'échappa des lèvres de Jérémy. Madrec, son fils, était aussi têtu que courageux.

— Il apprendra, avec le temps. Mais maintenant, nous devons partir, insista Jérémy.

Le village semblait suspendu dans le temps, les paysans écoutant les deux frères avec une attention fébrile.

— Nous n'avons pas le choix, le Glouvoude avance, et nous devons donc fuir le plus loin possible, déclara Jérémy, captant chaque regard.

Une paysanne, le visage marqué par la peur, osa poser la question qui brûlait toutes les lèvres.

— Et où allons-nous ? Notre vie est ici...

Michael s'avança, la détermination claire dans ses yeux.

— Nous avons repéré un lieu situé à proximité d'un lac, pas très loin de la cité royale, où nous aurons peut-être une chance d'échapper à ce fléau et de nous reconstruire. Suivez-nous, et ensemble, nous pourrons assurer un avenir pour nos enfants, expliqua-t-il en tentant de rassurer la foule anxieuse.

Les murmures inquiets cédèrent la place à une résolution fragile mais naissante. Ils n'avaient pas d'autre choix. Ce n’était pas seulement la mort qu’ils fuyaient, mais une transformation pire encore.

                              ***

Le voyage fut harassant, chaque pas semblait un effort monumental sous le poids de la menace du Glouvoude. Les survivants, épuisés, avançaient en silence, la terreur imprégnant l’air autour d’eux. Les jours passaient, et avec eux, l’espoir s’amenuisait.

Jérémy, jusque-là leur guide indéfectible, commença à montrer des signes de faiblesse. D’abord, ce ne furent que des signes discrets : une toux rauque, une fatigue inhabituelle. Mais bientôt, la maladie se déclara ouvertement, le consumant de l’intérieur, sans pitié.

Une nuit, alors que les flammes du campement projetaient des ombres vacillantes sur le groupe assoupi, Jérémy s’effondra. Michael, en proie à une inquiétude croissante, s'agenouilla à ses côtés, le visage déformé par l’angoisse.

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