Chapitre 30 : Tritharbour

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tandis que le soleil se couchait dans un mélange de pourpre et de gris terne, baignant le paysage d’une lumière mourante. Alors que les derniers éclats du jour disparaissaient à l’horizon, Galbasul, perché en haut du mât, annonça avec gravité :

— Mes amis, nous sommes arrivés. Voici Tritharbour.

Le port se dévoilait comme un lieu sordide, une ville où le temps semblait s’être arrêté pour s'enfoncer dans la crasse et le désespoir. Les quais délabrés, bordés de bâtiments décrépits, regorgeaient de vie, mais teintée de violence et de malhonnêteté. Des cris, des rires gras, et des jurons résonnaient parmi les tavernes bondées et les échoppes insalubres. L'air lourd portait des relents de poisson pourri, mêlés à des odeurs de fumée et de soufre, créant une ambiance étouffante.

Lorsque le navire fut enfin amarré, Madrec, impatient, s'apprêta à poser le pied sur le quai. Mais une main ferme le retint.

— Pas si vite, fit remarquer Orland, d'un ton calme. Ce port est un nid de vermines, et nos têtes sont sûrement déjà affichées partout ici. Si tu descends comme ça, tu vas droit dans la gueule du loup.

Le jeune homme fronça les sourcils, surpris, mais il comprenait la prudence de son interlocuteur.

Galbasul, à son tour, confirma les propos de ce dernier :

— Quand j'étais môme, j'accompagnais souvent mon père ici. Ce trou n’a jamais changé. C’est le royaume des bandits et des profiteurs.

Orland acquiesça, jetant un dernier regard au port avant de se tourner vers ses compagnons.

— Galbasul, Kazuki, vous partirez chercher des provisions. Vous n'êtes pas recherchés, donc vous avez moins de chances d'attirer l'attention. Samellia, Madrec et moi, on reste ici. On ne peut pas se permettre d’être repérés.

Les deux hommes hochèrent la tête et descendirent du navire, se fondant dans la foule hétéroclite et bruyante du port.

              *****

Les ruelles étaient bondées, étroites, et encombrées de marchands criant à tue-tête pour attirer les clients. Le sol, boueux et jonché de détritus, rendait chaque pas un peu plus désagréable. À chaque coin de rue, des visages méfiants et des regards perçants suivaient chacun de leurs mouvements.

Un malaise grandissait à mesure qu’ils s’enfonçaient dans les profondeurs de Tritharbour. Galbasul n’avait jamais ressenti une telle tension lors de ses visites passées. Le danger était réel, constant, et son regard ne cessait de balayer les murs délabrés du port, cherchant à chaque instant une preuve de menace.

Kazuki, d'un calme apparent, ressentait aussi cette pression étouffante. Les lieux, malgré leur activité, dégageaient une atmosphère hostile, comme si la moindre erreur pouvait les faire basculer dans un combat à mort. Dans chaque endroits , des affiches attirèrent leur attention : des portraits de leurs trois compagnons , avec des primes colossales offertes pour leur capture. Les montants en caractères gras suffisaient à faire frémir n’importe quel habitant de Tritharbour.

— Ils n’y vont pas de main morte avec ces primes, souffla Galbasul, en jetant un coup d’œil à Kazuki.

Ce dernier se contenta de hocher la tête, préférant ne pas s'attarder davantage. Trop parler, c’était déjà prendre un risque.

Tandis qu’ils continuaient leur marche à travers la foule, un vieil homme les interpella brusquement. Son allure misérable tranchait avec l’agitation environnante. Ses cheveux gras et emmêlés formaient des mèches non entretenues sur son crâne dégarni, et sa bouche dévoilait des dents pourries, noircies par les années et le manque d’hygiène. Il tendit une main sale, implorant d’une voix rauque et mielleuse :

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