Chapitre 15 : Le commandant Sappho

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La cité royale de Davallion s’éveillait sous un ciel azur, ses rues pavées réverbérant l’éclat du soleil. Les bannières pourpres et or flottaient au-dessus des têtes, tandis que les marchands ouvraient leurs étals, emplissant l’air des parfums d’épices et de fleurs fraîches. C’était un jour de célébration, et la cité bourdonnait d’une anticipation joyeuse.

Les gardes, imposants et résolus, menaient le lieutenant Sappho à travers les rues animées en direction du palais pour une audience qui marquerait le début de son ascension. Alors que la ville vibrait d'activités, une ombre d'oppression s'étendait subtilement, palpable dans l'âme de certains habitants. Finoc Asgon, le guérisseur renommé, observait la crainte qui se lisait sur les visages, reflet d'une guerre à l'horizon, d'une pauvreté grandissante et de l'avancée implacable du Glouvoude.

Dans l'atmosphère électrique de la cité, les commerçants ne perdaient pas une seconde pour louer leurs biens rares, tandis que les plus démunis cherchaient à tirer leur épingle du jeu. Parmi eux, deux frères aux poches vides mais à l'esprit vif, succombèrent à la tentation et subtilisèrent quelques fruits. Leur méfait ne passa pas inaperçu, et bientôt, un marchand en colère les poursuivit, hurlant des accusations de vol.

Leur course effrénée prit fin lorsqu'ils heurtèrent de plein fouet Vassilo, le faisant presque chanceler.

— Pardonnez-nous, monsieur ! s'exclamèrent-ils d'une seule voix, les yeux emplis de terreur.

Le marchand, haletant et le front perlé de sueur, s'adressa à Sappho et ses gardes avec une révérence précipitée.

— Excusez cette scène indigne, lieutenant. Ces enfants sont de petits vauriens !

Un garde, le visage durci par la frustration, saisit le sac de victuailles volées et, après un rapide coup d'œil, ordonna aux enfants de rester immobiles.

— Pas un geste, vous deux !

Vassilo, touché par leur détresse, s'agenouilla pour se mettre à leur hauteur.

— Alors, petits chenapans, pourquoi volez-vous ?

Tremblants, les garçons se présentèrent, révélant leur lutte quotidienne pour subvenir aux besoins de leur grand-père malade, dernier lien familial après la tragédie du Glouvoude.

Le marchand, indigné, commença à accuser les enfants de mensonges, mais Vassilo l'interrompit d'une voix ferme.

— Assez ! La situation est maintenant sous contrôle.

Il sortit une bourse pleine de pièces et la lança à ce dernier.

— Voilà pour les ennuis causés.

Les enfants, les yeux écarquillés de reconnaissance, remercièrent chaleureusement le lieutenant.

— Promettez-moi de trouver un chemin honnête, leur dit-il avec un sourire encourageant.

Il leur rendit le sac de nourriture, et, remarquant son poids, fit signe à l'un de ses hommes.

— Porte le sac à leur place et raccompagne ces gamins chez eux. Ils ont eu une journée difficile.

Cependant, dans un murmure à peine audible, le lieutenant Sappho donna à ce même garde un autre ordre sinistre :

—  Coupe les mains de ses vermines devant leur grand père. Surtout, assure toi qu'il retiennent bien la leçon, dit-il fermement.

Le subordonné, ravi de cet ordre, afficha un sourire large et malicieux avant de s'éloigner avec les deux garçonnets. Pendant ce temps, le lieutenant Sappho, le regard tourné vers le palais, continua d'avancer à grands pas.

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