Le conflit du Multivers - Tome 3/4 - Les cités d'argent [Terminée]

19 : Mise en branle (3/3)

Au sein de la cité d'argent, dans le centre de commande, l'opérateur radar du secteur ouest remarqua un étrange phénomène sur son écran. Quelque chose qu'il n'avait jamais vu. Une sorte de fumée commençait lentement mais sûrement à entrer par l'ouest dans son écran et avançait inexorablement vers l'est.

Par acquis de conscience, il appela le responsable de jour, Friedrich. Le rasta arriva avec une nonchalance usuelle. En regardant quelques instants l'écran il eut un petit mouvement de recul avant de demander à l'opérateur de lui laisser sa place. Avec précision, il commença à manipuler la console, cherchant un paramètre permettant de réduire cette ''fumée'' sur l'écran sous l'œil intéressé de la chimère.

Soudain, il se laissa tomber sur le dossier de la chaise.

« - C'est la merde... commenta-il

- Que se passe-t-il ? C'est cassé ? interrogea la créature à ses coté.

- Non, ça fonctionne parfaitement bien. Mais ce n'est pas normal, c'est la plus grosse tempête que j'ai jamais vue. Envoyez un avion en éclaireur là-bas pour confirmer en visuel ce qu'on a ici.

- Du sable ?

- De l'eau, corrigea le rasta. En quantité océanique.

- Mais, normalement ce monde est sec non ? demanda la chimère.

- Pour ça que je dis que c'est la merde. Vérifiez avec les services des différentes cités d'argent, mais il faut absolument s'assurer de l'étanchéité des installations. Contrôler les pompes de relevage, les unités de secours et de décontamination. Il faut éviter de se retrouver les pieds dans l'eau : ça ne fait pas bon ménage avec l'électricité. Prévenez également la reine et le roi qu'on a un gros souci d'eau qui nous arrive dessus. »

*

Inconscient de ce qui se déroulait dehors et dans la salle de commande, le jeune Roi se déplaçait sans trop de difficultés à se repérer. Le système concentrique, hérité de l'arche, s'était étendu dans les entrailles de la montagne et désormais la ville ne dormait jamais. En théorie, le jour ''brillait'' dehors, mais dans les profondeurs, en dehors de l'heure affichée à de nombreux endroits, rien ne changeait. Le morceau de papier où était noté l'adresse de la guerrière des papillons entre les mains, il se dirigeait là-bas sans vraiment se tromper. Une ou deux fois, il avait identifié des chimères qui le suivait. Après une légère discussion avec eux, il avait fini par comprendre qu'il s'agissait de gardes que Salida avait détaché à son attention. Visiblement, se faire repérer les ennuyaient car la Reine avait expressément demandé de la discrétion. Comprenant que ça n'allait pas les aider, Manuel leur proposa de faire en sorte de ne rien avoir remarqué et de reprendre son trajet.

Vite suggéré, vite accepté.

Depuis, il déambulait à la recherche du lieu de résidence de celle dont le surnom était l'homonyme de la déesse de la mort.

Il finit par trouver le lieu au milieu d'une ruelle. L'endroit ne semblait pas richement décoré ou même très animé. La porte en acier paraissait épaisse, et la peinture vert sombre s'était écaillée en certains endroit. Un petit néon éclairait l'entrée et le chiffre, coulé dans en acier et peint dans la même couleur que la porte se situait entre les deux. Pas de fenêtres ni même de judas. On aurait pu penser à la porte de service d'une usine d'une zone dévastée si l'emplacement n'était pas dans le quartier résidentiel de la cité d'argent.

Le souverain eut un doute. Une nouvelle vérification sur le papier lui confirma que le numéro était le bon. Mais, pas de sonnettes oblige, il tapa à la porte. Cette dernière résonna un peu, prouvant que sa présence était désormais connue des occupants.