Lorsqu'il pénétra dans le monde onirique, Manuel ne put que constater les nouveaux systèmes de défense. Des balistes et leurs servants couvraient les remparts et cherchaient d'hypothétiques menaces. Les patrouilles s'étaient renforcées et les soldats se déplaçaient sans discontinuer. Nul besoin pour lui de demander les raisons d'une telle débauche de sécurité, il le savait, le sentait au plus profond de son cœur, ses enfants vivraient, il les protégerait jusqu'à son dernier souffle.
Dans la cour du château, le jeune homme et le loup blanc s'étaient posés pour profiter du frais que le ciel bleu leur fournissait. Un peu partout, le Gleipnir courait en bandes dorées sur les murs et le sol comme du scotch sur un vase brisé puis réparé à la hâte.
« - Tu es sûr que ça va tenir ? Avait demandé Manuel.
- Oui, tant que personne n'y touche. C'est assez instable, mais tant qu'il n'y a pas de perturbations, ça ne bougera pas. Je sens que tu as plein d'idées...
- Est-ce que tu peux créer une quinzaine d'emplacements mémoire s'il te plaît.
- Autant ? s'étonna le loup.
- Je prévois aussi leur mise en application, je vais avoir besoin de place pour les prototypes.
- Juste une petite question : as-tu la plus petite idée de ce que tu vas créer ?
- Oui, pourquoi cette question ?
- Je sais ce que tu as en tête... ma question portait sur les conséquences à long terme, pas sur les horreurs qui vont sortir d'ici. »
Manuel se mit à réfléchir au milieu du magnifique jardin, mais il refusa d'aller plus loin dans ses réflexions.
« - On verra ça plus tard. C'est maintenant que nous avons besoin de ça. L'impératrice nous trouvera un jour où l'autre. Il faudra que nous puissions nous défendre quand elle sera là. »
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Comme toutes les forges Silridriss, le quartier aux esclaves était situé en plein cœur des massives installations. Quelques dortoirs étaient éparpillés ça et là, à quelques endroits pour des spécialistes particuliers, mais le secteur majeur était là. Les services annexes communs qu'étaient la distribution de nourriture, d'eau et l'accès aux sanitaires s'effectuaient précisément dans ce lieu au centre de la production, mais aussi point où les polluants étaient toujours présents. Une ville dans l'immense machinerie, les familles y vivaient dans la terreur, dans l'insécurité et la misère. Un épais brouillard noir recouvrait les rues où les ombres des créatures aussi diverses que variées vaquaient à leurs occupations sous les lumières rougeoyantes du fonctionnement de la forge ou de celles filtrant entre les volets d'une fenêtre fermée. Dans une grande rue, une porte richement décorée trônait là, deux flammes rouges brûlaient de part et d'autre, éclairant l'accès de manière suffisamment forte pour que tout ce qui se trouvasse dans les dix mètres autour fusse aisément reconnaissable. Pourtant, nul individu ne s'attardait dans l'aire illuminée. Tous cherchaient ou à l'éviter ou à le traverser en vitesse, terrifiés à l'idée de ce qui pourrait sortir de l'accès pour le moment fermé.
Soudain, la porte s'ouvrit.
Tous ceux qui se trouvèrent dans la zone, se précipitèrent hors de vue encore plus rapidement. Les deux gardes ne firent même pas attention à ce qui se déroulait là. Ils trainaient avec eux le corps d'une Silridriss écaillée et vêtue d'une robe de bure et la jetèrent sans ménagement au milieu de la place. Le corps de la pauvre créature heurta le sol avec une violence que seule son incroyable constitution naturelle lui permit d'endurer. L'un des deux guerriers lui cracha dessus avant que son compère et lui ne quittent les lieux par le même accès que celui par lequel ils étaient entrés.
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Le conflit du Multivers - Tome 3/4 - Les cités d'argent [Terminée]
Science Fiction[Nécessite la lecture complète des Tomes 1 & 2] Les Berserkers et les Chimères sont retournés sur le champ de bataille. Mais si les avancées sont prometteuses, les ripostes Silridriss sont elles aussi terriblement efficaces. Pourtant, au milieu de c...