-J'espère que vous ne ferez pas de bruit. J'ai besoin de silence.
Elle haussa un sourcil face à cette réponse. Elle ne s'attendait clairement pas à ce genre de réaction. Elle se remit alors, comme toujours, en question un instant.
-Dis celui qui joue du violon de minuit à trois heures du matin ?
-Ça m'aide à réfléchir.Ça annonçait la couleur pensa-t-elle. Son regard était si perçant, glacial. Il était si beau. Des pommettes saillantes, les lèvres parfaitement dessinées, les cheveux bouclés noirs comme un jais. Quel sale con. Un sale con qui semblait nous percer à jour. Il semblait lire toute l'histoire de notre vie en un battement de cils. Mais elle n'était pas sûre qu'il était du genre à juger, il semblait juste dépité de voir les gens essayer de faire de leur mieux, comme s'il était au-dessus de tout ça.
-Il va être sympa le voisinage..
- Tu devrais venir dîner ce soir ? Coupa John, sentant le lien entre sa nièce et cet homme. On pourra disc..
-Je ne suis pas là la moitié du temps, la journée je suis à l'université, le soir je travaille pour pouvoir payer tout ça, le reste du temps j'étudie. Je joue du piano quand j'ai besoin de laisser mes cours un peu de côté. Entre musiciens nous ne devrions pas nous déranger. Le coupa sa nièce sans vraiment l'avoir voulu.Elle maintient son regard, continuant à le détailler, de l'insolence se faisait sentir dans ses yeux. Un bus passa dans la rue, l'assombrissant un court instant. Ses yeux semblèrent briller dans la pénombre.
-C'est vraiment obligé ? Demanda l'Anglais à John, comme si la jeune femme ne lui avait pas adressé la parole.
-Oui, Sherlock, ça l'est.
-Sherlock... Répéta-t-elle à voix basse, découvrant son prénom.Un grain de beauté apparaissait dans son cou malgré son écharpe bleue. Son regard ciel la perçait à jour, la traversait. Quelque chose se passa dans le ventre la jeune femme. Dans sa tête il eut comme un flash, un éclair.
-Je viendrais John.. C'est gentil. Elle lui sourit, détournant enfin ses yeux de ce fameux Sherlock.
Si sa présence pouvait le déranger, elle ne s'en priverait pas ce soir.
-Seigneur... Commenta ce dernier dans un soupire.
Elle l'ignora.
- Viens dès que tu es prête, on va commander.
- Ok, ça me va.
-Je t'invite !Elle sourit encore, un peu gêné de ne pas payer. Ils partirent, elle partagea un dernier regard avec le plus grand des deux. Elle les rejoignit après une petite douche. Elle monta les 17 marches menant à l'appartement. Il était là, dans son fauteuil, jambes croisées, mains sur les bras du fauteuil, yeux fermés. Elle n'osa pas entrer, ni frapper pour prévenir qu'elle était là. Mais au tressaillement de ses narines, le dit Sherlock Holmes savait que la Française était là. Il se contenta de l'ignorer. Mon oncle finit par arriver au salon.
- Je t'en prie entre! Restes pas dans l'entrée.. Il sourit
- Désolée, je n'ai pas osé..
-Fais comme chez toi.Elle lui tendit une bouteille de vin qu'elle avait apporté, il la prit en la rouspétant que ce n'était pas la peine et parti l'ouvrir, il servit le vin d'une manière qui la révulsa. Comment diable pouvait-on maltraiter cet alcool de cette manière. Sa bouche s'ouvrit toute seule en le voyant faire.
- A moitié du verre tonton. Pas à ras bord. C'est comme ça que se déguste le vin rouge, ce n'est pas une pinte de bière !
- Qu..Quoi ? Il regarda la bouteille et le verre qu'il tenait entre ses mains. Oh ! Oui bien sûr.. Excuse moi.John lui tendit le verre mais il fut attrapé par une autre main que celle de Nina. Une grande main aux doigts fins et souples qui savaient y faire.
- Un Bourgogne... Il le porta à son nez. Un Givry 1er cru. Très bon choix...
John le regarda surpris, les sourcils froncés. Sherlock emmena le verre à ses yeux, tourna l'alcool rouge sang dans le verre.
- Une belle robe pourpre et brillante.
- On commence à déguster un vin par ses yeux Monsieur Holmes, pas par l'odorat. On suit le visage. Mais je vous en prie goûtez le maintenant que vous y êtes.Il porta le liquide à ses lèvres, délicatement, Elle ne quittait pas son mouvement des yeux, si inconsciemment sexy. Il garda le vin un petit moment en bouche, ses billes bleues dans les siens. Une lueur de défi, une lueur hautaine.
- Tannique et fruité.
- A conserver entre 14 et 16°C. Il accompagne les tourtes et les pâtés à merveille. La charcuterie, le bœuf et les fromages à pâtes fines.
- Rien de ce que nous allons manger ce soir.
- Je n'avais que ça mais recrachez-le s'il vous déplaît.
-Ce serait gâché, ce qui serait dommage. A 32 euros la bouteille...
-Peut-être un peu trop cher pour un bouffeur de haricots ?Il fit un petit sourire en coin, amusé et un peu méprisant et il alla s'installer à son ordinateur. John resta silencieux un instant et se gratta la gorge.
-Et a part ça tu ignores que la terre tourne autour du soleil !
L'homme leva les yeux au ciel.
-Tu es là pour tes études tu as dis, quelle filière as-tu choisie ?
-La Médecine c'est évident. Rajouta Sherlock depuis son bureau.
-Évident ? Demanda John.Il resta concentré à écrire.
- Je dirais bien que c'est au vu de votre propreté impeccable mais ça c'est parce que vous êtes maniaque. Un trait de caractère qui agaçait votre ex-petit ami qui lui avait une hygiène douteuse, petit copain que vous avez quitté. Vos mains sont parfaitement propres et habiles, grâce au piano et à la danse que vous pratiquez depuis votre enfance, mais je crois que l'avez toujours été, habile je veux dire. Vos cheveux ont l'habitude d'être tiré, dû encore une fois à votre passion mais aussi à un métier ou la tenue et l'hygiène sont de rigueur, vous passez des heures à essayer de coiffer parfaitement vos cheveux. L'arrière de vos oreilles est légèrement irrité dû au masque que vous devez parfois porter en plus des branches de vos lunettes. Mais au-delà de ça, il suffisait de regarder ce qui dépassait de son sac. Il se leva et sorti un manuel de médecine. Apparemment vous ne savez pas quel domaine de la médecine choisir ce qui démontre que vous êtes une excellente élève. Oh ! Et concernant vos mains, je remarque que vous êtes une anxieuse maladive et que vous travaillez là-dessus pour aller mieux, par conséquent vos parents vous croient incapable de quoique ce soit, c'est pour ça que vous êtes ici à Londres, pour leur prouver le contraire, c'est pour ça que vous vous encombrez d'un travail, pour ne rien leur demander.
Il laissa tomber bruyamment le livre sur la table basse et retourna s'installer à son bureau sans rien ajouter de plus. Elle le regardait un instant, son cœur battait vite, c'était impressionnant mais un peu désagréable comme sensation, il n'avait gratté qu'une infime partie d'elle et pourtant, tout se bousculait. C'était affreux. Si stressant. Si déstabilisant.
-Euh.. On trinque ? Demanda John pour faire passer la pilule.
L'oncle de Nina était agacé par son ami.
- Que savez-vous d'autres ?
Elle devina qu'il retenait un rictus satisfait par sa question. Il se contenta de la regarder d'un air moqueur.