Elle se réveilla difficilement. Ses yeux et sa tête étaient lourds en plus d'être douloureuse. La deuxième chose qu'elle sentit fut le froid, un froid humide, presque piquant. Puis elle étendit le son ambiant, un silence imparfait de bruit électrique, mais bientôt, elle n'y ferait plus attention.
Elle ouvrit les yeux pour une découvrir un décor sans lumière. Il y avait juste un filer qui provenait d'un dessous d'une porte, ce filer laissait apercevoir un début d'escalier en bois. A côté, un petit point vert. Un chauffe-eau sans doute. Il n'y avait pas besoin d'être Sherlock Holmes pour comprendre ou elle se trouvait.
Ses mains étaient ligotées dans son dos mais son corps avait reposé sur un matelas. Un matelas à l'odeur de poussière et d'ancienne tache d'urine. Elle imaginait parfaitement l'apparence de ce matelas que tout le monde connaissait, le matelas blanc, une place, qui était devenu gris au fil des années, et aux rayures bleues. Un matelas souvent entreposé dans la cave et le grenier.
Elle resta calme malgré son cœur qui battait rapidement. Elle sentait sa peau avoir froid mais son corps ne le ressentait pas. Elle ferma un instant les yeux. Une ou cinq minutes ? Comment pouvait-elle se sortir de là ? Devait-elle attendre la suite ?
La porte s'ouvrit dans un léger couinement. Le courant d'air s'engouffra dans ses cheveux. Nina ouvrit alors les yeux. Et se redressa sur le coude pour regarder en direction des escaliers cette fois éclairés. Le Docteur Reeves descendit alors les marches dans un grincement, avec un plateau qui cliquetait dans ses mains. La vaisselle tremblait par un manque d'assurance de la part du médecin. Nina s'assit alors, un regard plein de méfiance et de haine. Il se stoppa face à elle, il la regarda un instant. Elle pouvait apercevoir grâce au peu de lumière qui lui parvenait le brillant de ses yeux, et le contour de ses lèvres.
-Je t'ai apporté de quoi manger.
-Vous me tutoyez maintenant ? Ca y est? Vous pensez que je suis votre chose ? Cracha-t-elle.
-Oh.. Range tes mignonnes petites crocs.. Ce n'est pas le sujet
-Je n'avalerais rien venant de vous.
-Mais tu vas mourir de faim.
-Je préfère, si ça ne vous ennuis pas.Elle le vit serrer les dents et l'entendit déglutir.
-Tu finiras par en vouloir de mon assiette. S'impatienta-t-il. Tu vas me supplier pour pouvoir la bouffer.
Nina ne répondit rien, elle se contentait de maintenir son regard. A vrai dire, elle ne pouvait même pas ressentir la faim à ce moment précis, son esprit était pris par autre chose.
-Bien. Je vais le laisser là. Si tu changes d'avis, tout est pour toi.
-Bouffez le vôtre plateau !! Je n'y toucherai pas !! Cria-t-elle.Il se mit à rire. Un rire un fou.
-On verra ça !
Il remonta alors, la laissant à nouveau seule dans le noir et ce pendant deux jours où elle resta allongée sur le dos à chanter pour passer les heures. Sa voix, sa gorge et ses lèvres s'étaient asséchées. Elle dormait quelques heures la nuit et se réveillait en tremblotant de froid. Elle perdait un peu de ses forces à cause du manque de nutrition et d'eau. L'assiette avait pourri et l'odeur envahissait la cave, mais Nina s'y était habituée. Elle avait juré de ne pas y toucher, elle savait que la nourriture n'était pas clean.
Elle attendait. Quoi ? La mort ? Non... Reeves ne la laisserait pas mourir. Pas comme ça, pas maintenant.
De l'autre côté, dans un cadre beaucoup plus chaud et douillet. John monta dans son salon, le regard dubitatif. Sherlock , dans son fauteuil regardait un pouce dans son emballage stérilisé.
-Que t'arrive-t-il ? Demanda le détective sans même regarder son ami.
-Tu.. Tu as vu Nina depuis la fin de toute cette histoire?
-Pourquoi l'aurai-je vue ?John regarda un instant le détective.
-Je.. Je sais pas. Il soupira et s'avança dans l'appartement. Je suis allée voir chez elle, il n'y a aucun bruit et rien n'a l'air d'avoir bougé devant sa porte.
Sherlock haussa un sourcil en soupirant.
-Et alors ?
-Non.. Tu as raison. Elle doit être à l'école ou.. Essaya de se rassurer John.Il essaya de se convaincre et de passer à autre chose dans un dernier froncement de sourcils et alla préparer du thé. Il y mit trois tasses au lieu de deux. Juste au cas où. Mais inconsciemment, c'était pour se rassurer. Même quand il se disputait, John l'entendait toujours rentrer, il l'entendait bouger dans les couloirs ou chez elle, hors là, le silence était complet. Pourquoi s'enfermerait-elle comme ça ? Ça n'avait aucun sens.
Il servit le thé à son ami qui remarqua la troisième tasse.
-John ! Elle va bien ! Elle doit être chez des amis !
-Tu crois qu'elle a un copain ?Sherlock leva à nouveau la tête de son pouce pour y réfléchir, les sourcils froncés.
-Non.. Bien sûr que non qu'elle n'en a pas ! C'est à peine si elle parle à ses camarades.. Se raisonna John.
-Oui ça c'est vrai. Elle a raison, c'est une perte de temps ! Répondit le détective pour se rassurer.John le regarda.
-Ouais.. Bah j'aurais préféré. Ça m'aurait donné une réponse à tout ce silence.