Chapitre 30

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  Elle était rentrée chez elle dans la journée et s'y était enfermée des jours et des jours durant. Elle ne mangeait plus, ne buvait plus. Plus rien ne passait. La moindre chose qu'elle osait avaler ressortait dans les minutes qui suivait. Elle avait mal à force de vomir. Elle passait parfois un si long moment que les jets d'eau lui endolorissaient la peau. Son sommeil était cauchemardeux et par conséquent, elle ne dormait plus. Elle n'ouvrait à personne. Elle avait si mal, si honte. Jamais elle n'aurait pu imaginer ressentir ça un jour, se dégoûter à ce point. Elle ne pouvait plus se regarder, se sentir, se ressentir. Elle traînait dans son petit appartement tel un revenant, tel un fantôme. Toute la joie ayant disparu, tout le goût des choses de la vie, ses petites choses qu'on aime, ses petites choses qui nous rendent joyeux. Comme l'odeur du beurre fondue, qui était sa préférée. Comme regarder ses murs impeccablement blancs, son chez-elle bien rangé. Même hésiter sur ses repas lui faisait ressentir un bonheur intense, seulement plus maintenant, elle n'hésitait même plus vue qu'elle ne mangeait plus. Un gain de temps gagné cela dit.

Parfois elle restait à regarder longtemps le vide, sois elle passait des heures en boule sur son téléphone.

Mais ce soir-là, tard, elle se leva, elle regarda son piano, s'y installa. Elle resta un moment immobile avant de lever sa main, ses membres un peu lourds. Elle caressa une touche de l'instrument et l'actionna. Puis deux, puis trois, puis la musique démarra. Elle joua un moment des choses qui lui passait par la tête, comme un Medley. Puis elle joua une de ses anciennes compositions. Elle aimait écrire des chansons. Toujours en Français. Pour peut-être un jour les chanter à son bar. Seulement, il n'y aurait plus de bar. Une musique sur l'angoisse, cette violente angoisse qui effraie nos nuits. Ce noir si oppressant. Ce subconscient insomniaque. Elle se mit à chanter, son corps s'allégea. Elle se surprit à reprendre un peu de plaisir à faire vivre son piano qu'elle avait ignoré durant des jours, qui s'était ternis par manque d'envie. Limite, elle l'avait détesté. C'était à cause de lui qu'elle s'était trouvé là-bas.

Sherlock, évidemment encore debout, qu'elle n'avait pas vue depuis des semaines l'entendit. Il trouva cette musique, cette chanson, malgré l'étouffement du son, belle. Magnifique même. Il hésita un moment. Devait-il la voir ? Devait-il la laisser ? L'entendre était-il bon signe ? Il se décida, il posa ce qu'il faisait et alla doucement entrer, après avoir doucement frappé la porte, dans l'appartement du 221c.

Nina s'arrêta en le voyant. Elle rangea ses mains entre ses jambes comme un reflex de protection. Mais ce n'était que Sherlock, alors ses épaules se relâchèrent, mais son ventre se contracta. Elle ne voulait pas sentir ses yeux sur elle, elle ne voulait pas qu'il pense à ce qu'il s'était passé. C'était trop douloureux de le savoir au courant. De savoir que c'est ce qu'on remémorait en la voyant. Elle regarda ses cuisses. Sherlock s'installa sur le tabouret du piano, juste à côté d'elle. Il leva ses mains et joua. Ses mains n'était pas complètement sur de ce qu'elle faisait. Mais il joua, en silence. Nina leva les yeux vers lui. Brillant et surpris. Elle le laissa faire un moment sans rien dire mais ses yeux ne le quittaient pas.

-J'ignorais que tu savais jouer.. Finit-elle par dire.

C'était sa première phrase depuis des semaines.

-Je ne sais pas.. Je suis entré une fois pour m'exercer un peu.

Elle fit un sourire, doux. Son premier depuis des semaines.

-Tu rentres souvent ici quand je ne suis pas là.. ?
-Tu ne veux pas le savoir.

Sherlock s'arrêta de jouer.

-C'était beau. Le complimenta-t-elle.
-M ..Merci..

Il regardait les touches. Ils restèrent encore plusieurs longues secondes sans rien dire. On entendait seulement leur souffle et leur déglutition. Il n'y avait rien d'autre à entendre.

221c (Sherlock x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant