Chapitre 29

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  La jeune femme se réveilla, les sourcils froncés sous la difficulté d'immerger. Sherlock était assis dans un coin de la chambre dans le fauteuil mis à disposition pour les visiteurs. Il la surveillait en silence. Les doigts joints. John était assis sur le lit, il lui tenait la main. Il regardait le vide, concentré dans ses ressentiments.

Elle reprenait conscience, respirant l'air ''frais'' comme si cela faisait des années qu'elle ne l'avait pas fait. Mais malgré ça un mal de crâne trônait en elle. La drogue, son corps qui se réhydratait, le coup derrière la tête.

-Hé... Comment tu te sens ? Demanda doucement son oncle.

Mais il n'y avait aucune réponse, la jeune femme ressentait juste une sensation de dégoût dans son corps. Comme une nausée coincée. Sa gorge se fit serrée et douloureuse.

-Je vais aller te chercher de l'eau d'accord ?

Elle arriva juste à acquiescer. En fait elle voulait être seule tout en ayant de l'aide, elle voulait prendre une douche, se sentant sali, mais n'osait pas bouger.

Dès que John s'en alla dans les couloirs elle craqua. Elle regardait ses jambes les larmes brouillant sa vue. Elle renifla. Sherlock se leva alors doucement et alla couler l'eau pour qu'elle chauffe dans la salle de bain de la chambre. Il s'approcha alors doucement d'elle et tendit ses mains. La jeune femme le regarda, les larmes coulant le long de ses joues. Elle les saisit alors.

Elles étaient si délicates, douces, habiles, chaudes mais froides en même temps.

Elle se leva du lit en continuant de pleurer, le geste de l'homme ne l'aida pas à se contenir. Elle se sentait en confiance avec lui. Lorsqu'elle se mit debout, elle sentit alors le sperme de son professeur couler le long de ses jambes, elle lâcha un couinement de dégoût et pleura encore plus. Elle ferma les yeux en se recroquevillant sur elle-même, elle avait si honte. Ses dents s'étaient serrés de douleur. Sherlock resta silencieux, un mot mal placé pouvait juste être encore plus désastreux. Il la tira tout doucement vers la salle d'eau et la laissa là après y avoir déposé un pyjama propre de l'hôpital. C'est à peine si elle osait avancer, elle se sentait comme un enfant qui avait eu un accident de vessie.

Nina la jeune femme se déshabilla, ignorant le miroir. La cage thoracique tremblante de sanglots, elle s'engouffra sous l'eau chaude, enfermée dans la cabine de douche, ce moment la réconfortait. Elle y resta un long moment et se frotta la peau à sang avec le savon. Elle nettoya ses cheveux. Elle profita de sentir l'eau couler contre son corps, nettoyer les traces de son professeur sur elle. Seulement toutes les bonnes choses avaient une fin. Elle arrêta l'eau, le silence se réinstalla, le vide et le mal reprirent leur place.

Elle sortit de la cabine et se pelotonna dans ses vêtements.

Elle se coiffa comme elle le pouvait avec ses doigts. Et ses yeux se rencontrèrent dans le miroir. Un flash des paroles de Sherlock lui vint.

''-Il est clair que si tu avais calmé tes ardeurs tu n'en serais pas là. Lui avait-il craché.

Ça l'avait tellement blessé qu'elle avait regardé longuement le détective s'en y croire.

-Tu.. Tu insinues que je suis une fille facile ? S'était-elle énervée, sans lever le ton.

-Ce n'est pas moi qui l'ai dit.''

La jeune femme se laissa glisser contre le lavabo, en boule, les larmes nichées à nouveau au bord de ses paupières. Les lèvres mi-ouvertes.

John frappa alors, s'inquiétant du temps qu'elle mettait. Il ouvrit la porte, n'entendant pas de réponse. Il la trouva dans sa triste position.

-Qu'est ce que...
-Sherlock avait raison.. Se mit-elle à pleurer. Je suis qu'une traînée.. Une salope... Je me dégoûte..
-Quoi ? Mais non ! Dit-il surpris.

Surprise qu'il essaya de dissimuler mais il allait évidemment choper son ami. Il s'approcha pour la prendre dans ses bras. Il avait essayé de garder un ton réconfortant

-Rien n'est de ta faute.. Rien du tout..
-J'aurais pas dû mettre de chemisiers..
-N'importe quoi.. Tes vêtements n'ont rien à voir là-dedans. Tu as toujours été respectable, toujours.
-J'ai forcément fait quelque chose.
-Non.. C'était un malade c'est tout..

Il la berça doucement. Sherlock avait tout entendu et, pour la première fois, ou du moins une rare fois, culpabilisa. Il essaya de le refouler mais rien n'y faisait. John sorti alors de la salle de bain pour le choper.

-Je peux savoir ce que c'est que cette histoire ?

Sherlock le regarda, pas une seule seconde amusé par la situation.

-Qu'est ce que tu lui as dit bordel !!
-Chut...
-Réponds !!
-Je.. J'ai sous-entendu qu'elle était une fille facile.

John resta un peu bouche-bée.

-Pourquoi?! Quand ?!
-Lorsque Moriarty l'a drogué chez elle. Avoua-t-il.
-Bordel. Félicitations hein !!
-John je..
-Tu es désolé ? Ah non c'est vrai ! Sherlock Holmes n'est jamais désolé ! Sauf que tu vas aller la voir et la rassurer ! Je ne veux pas de question, ce n'est pas négociable !!
-Je.. D'accord.

John retourna près de sa nièce dans un dernier regard noir et l'amena à son lit.

-Tu sortiras sans doute demain mais il va falloir que tu reviennes dans cinq jours.

Elle acquiesça en reniflant.

-Bon.. Je vais aller voir si Madame Hudson est là, je l'ai appelé pour qu'elle te prépare un sac. Je reviens..

Il embrassa son front et s'en alla à nouveau. Le silence s'installa. Sa peau était si pâle par le mal, et des cernes se dessinaient sous ses yeux. Sherlock approcha presque timidement, penaud.

-Tu devrais boire. Ça te ferait du bien..

Elle acquiesça mais n'en fit rien. Incapable d'avaler quoi que ce soit, même sa propre salive. Tout était noué.

-Tu n'es pas une fille facile. Annonça-t-il au bout d'un moment.
-Bien sûr que si regarde-moi. Tu as raison... Tu as toujours raison de toute façon.
-Non, je n'ai pas toujours raison.. Je suis un idiot sur bien des choses..

Il n'admettrait pas qu'il avait ressenti de la jalousie ce soir-là.

-Te fatigue pas... Comment tu veux expliquer ça sinon..
-Certainement pas en te flagellant avec de fausses idées.

Sherlock faisait preuve d'un effort inhumain pour réussir à avoir les bons mots.

-Je... Je suis désolé.

Nina leva les yeux vers lui. Elle voulait qu'ils arrêtent tous de la regarder. Les larmes commençaient à irriter ses joues.

-Tu es quelqu'un de bien. De respectable.
-Alors pourquoi tu as dit ça..
-Parce que.. Je ne sais pas. Je ne comprenais pas, sans doute.

Il y avait une part de vraie. Il ne comprenait pas l'engouement autour du sexe, de ce besoin de relation intime, de se draguer.. Du moins, jusqu'à il n'y a pas si longtemps. Seulement, Nina n'avait pas eu ce genre de rendez-vous avec celui qu'elle croyait être son ami. Sherlock avait ressenti de la jalousie, comment pouvait elle avoir besoin de quelqu'un d'autre dans sa vie. Mais ça, il ne pouvait pas lui révéler. Parce que dès que son esprit voulait lui faire comprendre, alors il le rejetait et se renfermait sur le sujet, intérieurement. Il était Sherlock Holmes, l'homme sans cœur, sans sentiments.

Nina le regarda et se coucha sur le côté.

-Tu vois.. ? Tu n'as aucune réponse.. Je sais que tu pense pas tes excuses, te fatigue pas...

Seulement, le détective les pensait.

221c (Sherlock x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant