Vivre le jour pour survivre à la nuit

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Il resta au sol plusieurs heures. L'équipe de nuit ne passait qu'une fois dans la nuit pour voir si tout allait bien. A quatre heures, précisément, une infirmière rentra et, voyant les jambes de Scott dépasser de l'autre côté du lit, elle appuya sur un bouton d'appel d'urgence avant de se précipiter vers lui. Ses yeux à demi ouverts fixaient le vide, son corps était mou, sans vie. L'infirmière prit son pouls et souffla de soulagement en le sentant pulser dans son poignet. Mais il était totalement irrégulier, à la fois faible et fort. Il respirait difficilement. Un médecin entra en trombes dans la chambre et s'agenouilla près du patient avant de poser précipitamment son stéthoscope afin d'écouter d'où venait le problème. La peau de Scott était bleuâtre, froide mais pourtant transpirante.

- On l'emmène d'urgence à la radio, on vérifie les poumons et on appelle le chirurgien vasculaire de garde, je pense qu'i fait un hémo, déclara le médecin, inquiet.

Deux brancardiers aidèrent à porter le brun pour l'installer sur le brancard et l'emmenèrent rapidement en radiologie afin de vérifier les dires du médecin. Si son diagnostique était exact, ils n'avaient pas de temps à perdre. Et tout semblait coller avec l'hémothorax soupçonné. Quinze minutes plus tard, différents médecins le préparèrent à l'intervention, inondant son thorax de bétadine pour la troisième fois en deux mois. Une longue cicatrice barrait son torse autrefois parfait. Le chirurgien entra dans le bloc et demanda les raisons de sa présence ainsi que l'identité du patient afin d'être certain d'ouvrir le torse de la bonne personne. La procédure dura plus d'une heure. L'hémothorax évoluait assez lentement mais il avait été détecté longtemps après s'être déclenché. Ce n'est que trois heures plus tard que Scott ouvrit les yeux en salle de réveil. Désorienté, il tenta douloureusement de se redresser, cherchant à savoir où il était et ce qu'il faisait là. Un bruit sourd, à la limite entre un gémissement et un grognement, passa la barrière de ses lèvres, attirant ainsi l'attention de l'une des infirmières en charges de la surveillance des patients nouvellement opérés. Elle s'approcha doucement et l'incita avec délicatesse à se rallonger correctement, parlant doucement pour ne pas le brusquer. Mais, encore sous la coupe de l'anesthésiant, il n'entendait que des bourdonnements désagréables et quelques sons plus aigues qui semblaient lui percer le crâne, provoquant de vives douleurs. L'infirmière lui injecta un antidouleur et le jeune chanteur laissa ses yeux se fermer, replongeant dans un trou noir sans fin, dont il semblait impossible de sortir.

Jason se réveilla ce matin avec un maigre sourire. Il avait dormi toute la nuit. Il s'était réveillé plusieurs fois à cause de ses cauchemars mais pour une fois, il avait réussi à se rendormir à chaque fois. Et c'était assez rare pour être souligné. Il retira son casque encore posé sur ses oreilles et redressa son lit. Il allait peut-être continuellement dormir avec les chansons de son amant dans les tympans. Le jeune artiste saisit son téléphone et envoya un message à son compagnon afin de savoir s'il avait passé une bonne nuit et s'il voyait son médecin aujourd'hui. Ne recevant aucune réponse, il haussa les épaules. Peut-être dormait-il encore ou il était en rééducation et n'avait pas pris son portable. Joe frappa et entra dans la chambre, un plateau dans les mains et le visage fermé. Habituellement, un grand sourire illuminait ses traits. Mais ce n'était pas le cas, ce qui alarma le châtain. Inconsciemment il comprit que quelque chose clochait.

- Tout va bien Joe ? osa-t-il demander, les mains moites et tremblantes.

Question détournée pour avoir des réponses. Il avait peur de ladite réponse. Joe souffla et posa le plateau avant de se retourner fermer la porte. L'infirmier passa une main nerveuse dans ses cheveux blond normalement impeccablement coiffés. Mais encore une fois, il n'était pas comme d'habitude et ses cheveux étaient en bordel sur le haut de son crâne.

-Déjà, il ne faut pas que tu t'inquiètes, commença-t-il.

Première chose à ne pas dire. Il allait forcément être inquiet et il commençait à se douter de quelque chose.

On vit la nuit pour mourir un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant