Une notification apparaît sur mon écran alors que je prends une autre bouffée de fumer toxique dans mes poumons. Je me redresse alors immédiatement sur mes deux jambes en écarquillant les yeux, ne croyant pas à cet e-mail que je viens de recevoir. J'ai été accepté pour un échange universitaire d'un an à l'université de Californie. Voilà déjà un an que je n'y ai pas mis un pied et Ben non plus. Je n'arrive pas à y croire. Si j'y vais, ce n'est pas pour revoir les garçons, mais pour m'éloigner de mon cadre familial défaillant.
Depuis cet été-là, mon frère ne m'a presque pas adressé un mot. Il a été soigné, il a réussi à vaincre son addiction et je pensais qu'il me pardonnerait après cela, mais mon espoir est vain. Il m'en veut encore de l'avoir trahi en aimant son meilleur ami bien plus que je n'aurai dû. Quant à mes parents, ils m'en ont aussi voulu de ne pas leur avoir dit plus tôt pour Ben, mais avec le temps, eux, ils m'ont pardonné ma faute. Néanmoins, rien qu'à l'évocation du mot « Californie » ou « Los Angeles », je me prends des regards noirs et des sermons me rappelant que je n'ai plus le droit d'y aller.
Évidemment, toute cette histoire nous a tous changés. Moi la première, cette première année à l'université, mais fait découvrir un monde que je m'interdisais avant ça. À présent, je crois que je ne suis plus du tout la même qu'il y a un an. Je suis sûrement tombée bien bas, mais je réussis tout de même à m'en sortir, que ce soit avec les études ou avec mes parents. Je survis.
Mes parents sont au courant de mon désir de faire cet échange soi-disant enrichissant, mais ils ne sont pas au courant que d'autres universités étaient proposées. J'avoue leur avoir délibérément menti en disant qu'il ne restait plus que Los Angeles et que l'université de Californie était très bien encadrée par celle de New-York, que cet échange allait être un moyen de respirer et d'apprendre de nouvelles choses. Mes parents n'ont pas eu le choix d'accepter. Ils m'ont aussi confié qu'ils n'ont jamais vendu la maison qui s'y trouve et que j'y logerai si je suis acceptée.
J'écrase ma cigarette dans le pot de fleur du balcon et rejoins à la hâte le bureau dans lequel mes parents travaillent sept jours sur sept. J'arrive en trombe toute souriante, le téléphone en main. Les deux relèvent la tête vers moi, leur lunette au bout du nez, en me dévisageant pour comprendre ce qu'il se passe.
- J'ai été prise ! Je pars à Los Angeles, affirme-je en sautant presque sur place.
Mes parents soupirent simultanément et retirent leur lunette.
- Est-ce que Clarissa et Banks aussi ? demande mon père.
- Je ne le sais pas encore, je voulais vous l'annoncer en premier.
- Très bien, tu diras à tes amis que si elles sont prises, vous logerez toutes à la maison et ce n'est pas négociable. La maison sera sécurisée, pas de soirée ni d'escapade nocturne. Nous avons déjà été victimes des problèmes de cette ville une fois, déclare-t-il d'un tout ferme.
- Papa, je t'en prie. Fais-moi confiance, tu as vu mes amies, elles font partie de bonne famille, essaye-je.
Je sais pertinemment que si mon père nous met un garde du corps, il sera impossible à corrompre. Il est bien trop effrayant pour tenter de lui désobéir. Mes parents se jaugent, ils vont craquer, je le sens.
- Alors, je veux pouvoir localiser ton téléphone, dit-il.
Je souris victorieuse et accepte en hochant rapidement la tête.
- Je vais appeler les filles, je reviens.
Sur ces mots, je quitte la pièce en sautant de joie et rejoins ma chambre et mon balcon. Je m'assois sur une des chaises et me rallume une cigarette en appelant Banks et Clarissa. Le visage de mes deux copines apparaît et en un regard, nous sautons de joie.
- On est prise, on est prise ! chantonne Banks en sautant sur son lit.
- J'ai tellement hâte ! fait Clarissa.
- C'est géniale les filles, vous verrez les soirées sont incroyables là-bas et les garçons... ricane-je en faisant une moue aguicheuse.
Mes deux amies éclatent de rire tandis que je tire une nouvelle fois sur ma cigarette.
- D'ailleurs, mon père est d'accord pour que vous veniez vivre dans notre maison, enfin, que dis-je notre manoir ! poursuis-je, prenant un air des plus distingués.
Banks et Clarissa me regardent avec de grands yeux, ne croyant pas à ce que je viens de leur annoncer. Quand elles réalisent qu'elles ont bien entendu mes mots, les deux sautent de joie. Banks fait une danse de la joie humiliante sur son lit et Clarissa remue les pieds vers le ciel en sautillant sur son gigantesque matelas.
- On prend l'avion demain soir, j'ai si hâte, on se rejoint à l'aéroport, n'est-ce pas ? demande Clarissa un peu plus calme.
Moi et Banks confirmons.
- Bon, les filles, je vous laisse, je dois aller jouer à la bonne fille devant mes parents. Ah et Banks ! Achète-moi un téléphone avant demain, s'il te plait.
- Bien reçu chef ! affirme-t-elle avant que je ne quitte l'appel de groupe.

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Clearest Sin
RomantikAprès une année tumultueuse marquée par l'absence de son frère, le fossé qui s'est créer entre elle et ses parents et une série de choix difficiles, Nova Montgomery revient à Los Angeles pour une expérience d'échange universitaire. Alors qu'elle ten...