CHAPITRE 30

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La lumière m'extirpe peu à peu de mon sommeil ce matin, mais les bras de Clarke quant à eux, ils m'emprisonnent fermement et me retiennent dans son lit. Ce n'est pas pour me déplaire, nous avons passé une soirée incroyable avec les parents de Clarke. Ceux sont des personnes formidables, Clarke a même reconsidéré la proposition de ses parents de travailler pour leur entreprise. J'ai aussi appris beaucoup de choses sur Clarke, son enfance et son lien spécial avec ses parents dont il s'est malheureusement éloigné avec les années. Cependant, Betsy, la maman de Clarke m'a évoqué le changement de comportement de Clarke depuis notre rencontre. Elle m'a très bien fait comprendre qu'elle espérait retrouver son petit garçon et qu'avec le temps, tout redeviendra comme avant. Je lui ai alors promis que oui, je ferais tout pour pousser Clarke vers les bonnes choses, comme ses parents.

Je crois que j'aurais aimé avoir ce même lien avec les miens, j'y ai beaucoup pensé cette nuit à m'en torturer un peu l'esprit. J'aimerais pouvoir enfin m'assumer et faire entendre à mes propres parents que je suis la seule qui vivra ma vie alors autant en faire ce que je veux et m'y plaire. J'ai environ encore soixante années à passer sur terre et je veux en profiter, la vie mérite d'être vécu avec passion et joie. Je ne veux pas me cacher. Alors, je pense qu'il est temps pour moi de prendre mon envol, que ça déplaise ou non à mes parents, je suis en âge de faire mes propres choix comme de choisir avec qui je veux être et je pense que je dois commencer par là. Je suis prête à me dresser face à mes parents et alors soumettre mes décisions.

- Qu'est-ce qui te fait froncer des sourcils de bon matin ? Cette nuit ne t'a pas plus ? Tu veux peut-être qu'on recommence sobre ?

La voix rauque de Clarke m'arrache à mes pensées. Je pose les yeux sur le brun décoiffé et ébouriffe davantage ses cheveux.

- Je doute que mon frère apprécie de nous entendre, alors plus tard, tu veux bien ?, réplique-je avec un sourire narquois.

- Mais...

- Pas de « mais », monsieur Rockefeller !

Je secoue mon doigt sous son nez en signe négatif et il râle, marmonne un dialecte incompréhensible qu'il a dû créer dans ses rêves avant de poser mon menton sur son torse.

- C'est bon ? Tu as fini ? Je peux te dire quelque chose d'un peu plus décent ?

- Quoi ? grogne-t-il avec une moue d'enfant à en faire tomber.

- On va appeler mes parents et leur dire la vérité.

- Comment ça, « on » ? fait-il d'un air inquiet.

- Je vais tout leur dire, pour toi, moi, nous, Ben, ici. TOUT !

- Tu veux vraiment que je finisse en taule ma pauvre.

- Et non, tu ne finiras pas en taule. Mes parents sont sévères, mais ceux ne sont pas des monstres. Il faut juste qu'ils apprennent à te connaître autrement que par drogue, gros baiseur ou même connard ambulant.

- C'est gratuit ça !, se plaint-il.

- Complètement. Bien habille-toi, je doute mon très cher papa ait envie de te voir à poil avec sa fille.

Clarke râle, je pense qu'il est juste inquiet et qu'il ne s'était pas préparé à cette éventualité.

Au bout d'un long moment où nous nous sommes habillés, envoyés en l'air, douchés puis rhabillés, nous avons finalement appelé mes parents en vidéo. Je ne sais pas entièrement comment entamer le sujet, mais je pense qu'il va vite être mis sur table quand ils le verront sur leur écran. La sonnerie de l'appel installe une ambiance angoissante et augmente d'un cran la pression.

Lorsque le visage de mes parents apparaît, nous restons tous silencieux. Mon père a l'air de devenir fou, il serre les poings sur son bureau et me jette un regard qui donne froid dans le dos. Ma mère quant à elle, elle reste vide, rigide comme à son habitude. Cependant, quand mon père frappe ses poings sur la table, nous sursautons tous les trois. La rage de mon père a besoin de sortir, il frappe une bonne dizaine de fois son bureau en chêne et puis me pointe du doigt d'un air menaçant.

- Tu veux nous narguer, Nova ?! Hein ! C'est ce que tu cherches depuis le début ! Je le savais !

- Papa, dis-je d'un ton très calme alors qu'il déblatère un tas d'insultes à l'égard du monde entier, papa...

Je le répète de multiples fois jusqu'à ce qu'enfin il daigne m'écouter et se calmer, sans pour autant ne plus être en colère.

- Laisse-moi t'expliquer. En fait, laissez-moi vous expliquer. Je ne veux plus me battre.

Ma mère semble s'adoucir un instant face à mon air apaisé, elle croise ses doigts sous son menton indiquant qu'elle m'écoute et mon père, quant à lui, il se renfrogne dans son fauteuil à huit mille balles.

- Vous ne m'avez jamais donné l'occasion de m'exprimer sur moi, sur ce pourquoi j'ai voulu revenir ici ou même pourquoi je voulais tant revoir Ben l'an passé. En fait, vous n'avez jamais cherché à me comprendre, moi, ou à m'écouter. Si vous saviez comme j'ai eu mal pendant des années. J'ai tout donné pour vous plaire, pour avoir votre attention et la seule fois où je l'ai eu, c'est quand vous l'avez découvert pour Ben et par la suite pour Clarke et moi. Clarke a fait des erreurs et moi aussi, je sais que j'aurais dû vous prévenir de l'état de mon frère, mais je voulais l'aider et au passage nous éviter des problèmes.

- Il a failli mourir, affirme mon père.

- Mais ce n'est pas le cas, réponds-je amèrement, Ben a fait des erreurs comme nous tous. Mais une erreur que vous ne pouvez pas me reprocher, c'est d'être tombée amoureuse. J'aime Clarke et je sais qu'il vous faudra du temps pour l'accepter, que ce soit lui ou même notre relation. Cependant, papa, maman, je ne veux plus me cacher. Je suis revenue à Los Angeles pour lui et c'est la pure vérité, cet échange n'était qu'un prétexte pour m'éloigner de vous, Ben y compris et me rapprocher de Clarke.

- Où est Benjamin ? demande ma mère.

- Ici, avec nous, il est au courant de tout ce que je vous raconte, mais lui, il a compris qu'il fallait me laisser faire mes choix comme lui a pu les faire. Sauf que moi, je décide de ne pas vous le cacher pour ne pas reproduire ses erreurs. Il m'a certes montré le mauvais exemple, mais grâce à lui, je décide de ne pas vous mentir. Alors pour terminer, je compte rester avec Clarke que vous le vouliez ou non. Ça va prendre du temps et si vous n'arrivez pas à accepter ça, je suis prête à me retrouver seule.

- Tu penses aux conséquences ? me demande mon père sur un ton dur.

- Oui, papa, oui. J'y réfléchis depuis que j'ai mis un pied ici. Papa, tu ne peux pas m'interdire d'aimer, c'est la seule chose sur laquelle tu n'as pas le contrôle.

Mes deux parents se regardent, ce serait trop beau qu'ils acceptent du jour au lendemain notre relation, mais comme je l'ai dit, je suis prête à tout perdre pour Clarke parce qu'avec lui, je gagne beaucoup.

Clearest SinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant