Chapitre trois. Retour au bercail.

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Tout se fige. La respiration difficile d'Abbie se bloque dans sa gorge, tandis que sa foutue chimère approche à grands pas. La jeune femme tente tant bien que mal de se dégager, mais à sa grande stupeur, ses forces ne sont toujours pas revenues. L'adrénaline retombe, la décharge et la fatigue ajoutant à ce cocktail peu sain une fatigue accablante. C'est à peine si ses jambes parviennent à tenir  sa silhouette  recroquevillée contre l'homme. Avec effroi, ils avisent tous les deux le géant qui s'arrête à quelques centimètres de leurs visages. Pourtant, quelque chose cloche dans les azures froides d'Alaric. Ses prunelles sont assombries par la colère, et observent un point invisible en ignorant complètement les deux fraudeurs. Mais l'autre ne la lâche pas, et la brune ne sent aucun souffle contre sa nuque. Tout comme elle, il retient sa respiration.

« - ... Chef, intervient un soldat à quelques mètres dans le dos de l'intéressé, pourtant rapidement interrompu par l'index autoritaire de ce dernier.

Les prunelles d'Alaric ne suivent pourtant pas la trajectoire, vrillant l'espace tel un rayon X.

- Comment elle a fait ça ? lâche-t-il finalement, arrachant un froncement de sourcils à Abbie.

Se pourrait-il qu'ils ne les voient pas ?

L'un des soldats en drôle d'armure approche, ses bras allant retirer un casque sombre pour découvrir la bouille rouquine de la fameuse Xan'Dras. Cette fille était là à son réveil. Une vision reliée à un souvenir trop proche, trop  angoissant. Son palpitant dans sa poitrine bat à tel point qu'elle a l'impression de pouvoir le gerber à tout instant de ses lippes pâles. Une légère pression à son épaule l'invite pourtant à garder son calme. Visiblement, cet étranger s'avère être un allié sur lequel elle se doit de compter.

Xan'Dras dépose son casque à ses pieds, sortant de son dos un petit appareil semblable à un écran de verre. Avec intérêt, la trouille coulant toujours dans ses veines, Abbie étudie les gestes de la jeune femme, qui approche d'un pas assuré des parois sombres sous le regard attentif d'Alaric. La petite main gantée frôle la pierre, tandis que les onyx de la frêle créature détaillent les minéraux noires. Dos à eux, la rousse plaque son petit appareil semblable à du verre. Ce dernier reste inerte, jusqu'à ce que plusieurs lumières rougeoyantes clignotent.

- L'aimant était opérationnel, confirme finalement Xan'Dras.

Un pli contrarié se forme entre les sourcils d'Alaric, qui continue d'observer les alentours.

- Alors comment a-t-elle fait ? Le champ magnétique est bien trop puissant, dix hommes ne parviendraient pas à s'en extraire, siffle-t-il entre ses dents, avant de faire les cents pas.

Il risque de les toucher, de les frôler ou de les sentir, mais le blond ne trésaille même pas, serrant un peu plus la jeune femme contre lui.

- Elle a forcément reçu de l'aide, conclut le brun-roux au bout d'une fraction de secondes, ses prunelles brillant d'une lueur soupçonneuse.

Une exclamation leur arrache un sursaut à tous, tandis que Xan'Dras semble s'insurger. Pourtant, ses exclamations lui échappent complètement, invectives saccadées et entrecoupées par des ondes grillées. Ca recommence. Tout comme le picotement à l'arrière de son crâne.

- Xan, insulter de la roche noire ne nous aidera pas, soupire le leader du groupe en approchant d'elle à pas de loup.

- Klyde ! gronde-t-elle sans lui porter attention. Cet espèce de petit ... on doit se dépêcher, et vite.

- Klyde ? répète Alaric, semblant soudainement abasourdi. J'espère que tu plaisantes. Qu'il grogne en la suivant, faisant signe à ses hommes de les suivre.

ECHOS - La sentinelle pourpre. T.1 ( 1er jet ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant