Le ciel est mauve, presque rose pâle. En levant ses prunelles châtaignes, Will entrevoit même deux sphères pendues dans l'espace. Ciel qui a son grand étonnement, est parsemé d'étoiles voilées. L'une d'entre elle ressemblerait presque à une lune, si une partie de cette dernière ne serait pas presque défragmentée. L'autre semble disséminée d'irisations turquoises. Sur les talons d'Edgard, le jeune homme tente de se faire le plus discret possible. Même si son palpitant manque d'exploser dans sa poitrine. Rien de tout cela ne peut être réel. Les mains dans ses poches et le dos légèrement courbé, ce dernier se mord la lèvre jusqu'au sang. Edgard lui jette quelques œillades, sans pour autant ajouter quoi que ce soit. Taciturne un jour ... Lui ne comprend rien, et malgré le fait que les questions le rongent, il préfère éviter de mettre le vieux plus en rogne qu'il ne l'est déjà. A son oreille, un ronflement de moteur lui arrache un sursaut, le poussant jusqu'à l'épaule d'Edgard qu'il serre avec force.
« - Gamin, tiens-toi un peu tu veux ? Grogne-t-il en continuant son chemin.
La foule est dense, une vague humaine de bipèdes vêtus d'accoutrements tous plus insolites les uns que les autres. Le brun se racle la gorge tout en tirant sur son pull, évitant soigneusement un couple de géants. Les êtres présents ici sont pratiquement tous de deux mètres, lui qui frôle presque le mètre quatre-vingt-dix se sent minuscule à côté de ces femmes perchées sur des semelles compensées. William note aussi la divergence des teints de peau, avant de sentir un long frisson le parcourir de la tête aux pieds. Ses lippes crachent un nuage de vapeur, tandis que le bout de ses doigts s'engourdie.
-Edgard ... Y commence à faire froid ou je rêve ?
Le vieillard s'arrête, ses lèvres visiblement devenues aussi pâles que les siennes. Dans son dos, un décor tout autant surréaliste ouvre sur d'immenses roches. Au sommet, une forêt aux reflets pourpres s'éparpille jusqu'à l'infini. Et, arrivant à l'aurore de la ville, William perd presque sa mâchoire. Au loin, une immense bâtisse sombre est éloigné de tout, d'immenses tours de granits grimpant jusqu'au ciel, des reflets de lumières serpentant et miroitant comme autant de lianes sauvages. L'une d'entre elle disparaît même dans les nuages.
- C'est là-bas qu'on se rend, mais j'avais oublié à quel point la température est basse ici, soupire le vieillard en reculant pour faire demi-tour, l'air décontenancé par son oubli. On doit prendre quelques vêtements avant de sortir de la ville. La température est régulée à partir du sol et grâce aux bâtiments, mais en dehors, on risque de mourir de froid.
Tout en se frictionnant le torse sous les bras, William balbutie en claquant des dents :
- C-Combien ?
- Pratiquement – 20. Hors de la citée, on descend jusqu'à - 50. Répond Edgard en le dépassant pour se diriger vers un immense building, qui semble avoir été forgé à même la pierre.
Pourtant, ce dernier est totalement lisse.
- Quoi ?! Mais comment c'est possible ?! S'épouvante William en s'efforçant de récupérer un peu de chaleur, lançant un regard effaré à une drôle de bestiole à ... Trois jambes ?
- On est au nord, se contente de lâcher Edgard d'un ton blasé, chez les nordistes, c'est normal. C'est les sudistes, qui flambent. Mais si tu veux mon avis, 'fait trop chaud chez ces sauvages – Le regarde pas comme ça, tu vas te prendre un coup de queue. Et autant te dire que la pointe empoisonnée au bout ne fait pas que de bien.
William jure de ne jamais avoir vu le vieux causer autant. Suivant son conseil avisé, le brun baisse les yeux vers les portes aux pieds de la bâtisse. Ce dernier s'attend même à les voir coulisser de chaque côté, tandis qu'un grand blond vêtu de cuir sombre passe devant eux, accompagnée d'une jeune femme dissimulée sous une drôle de cape. Les deux jeunes gens ne les remarquent même pas, tandis qu'Edgard avise les inscriptions sans faire attention à quoi que ce soit. Sourcils froncés, le brun secoue vivement le menton et trottine légèrement pour rejoindre le grand-père de sa meilleure amie. Personne ici ne semble surpris par leurs accoutrements. Intrigués seulement, peut-être. Mais rarement déboussolés ou méfiants. A vrai dire, tous les regards s'arrêtent sur Edgard, les passants lâchant des murmures bas et stupéfaits. William remarque même que plusieurs passants s'écartent, se retournant tout en alertant leurs compagnons de marche. Visiblement ... Le vieux Ed est connu dans le coin.
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ECHOS - La sentinelle pourpre. T.1 ( 1er jet )
Fiksi IlmiahQu'est-ce qui peut changer votre vie ? Une relation ? Un espoir brisé ? Gagner au Loto ? Devenir votre propre patron ? Tout foutre en l'air et partir pour une autre vie sous un coup de Folie ? Ces choses en apparence dérisoires qui peuvent avoir une...