ECHOS - La sentinelle pourpre. T.1 ( 1er jet )

Chapitre quatorze - Apparences trompeuses.

« - Trouvez cette garce, j'ai des comptes à régler avec elle ! beugle une voix rocailleuse qu'elle reconnait immédiatement.

Le type d'un Cartel de drogue les plus malfamés et prolifique de tout Paris. Et surtout, elle sait pourquoi ces derniers sont ici. Abbie  cherche mille et une solutions pour expliquer leur arrivée chez elle en se glissant sous la table basse. Personne ne connaît son identité, personne n'a jamais vu son visage ni entendu son véritable nom. Aux pas qui font vibrer le parquet de son salon, Abbie devine qu'ils sont au moins trois. Trois hommes armés jusqu'aux dents contre elle, un pauvre silencieux et tous les éléments de son appartement à disposition. Si la jeune femme vise juste et sait avoir des choix judicieux, elle pourrait avoir le dessus.

- Salle de bain ? demande une seconde voix plus rêche.

- Rien, mais c'est humide. Elle en sort à peine.

- Regardez ça, fait le premier homme à la voix rocailleuse, l'ordinateur est allumé ... P'tain, la salope, je le savais ! C'est elle les mecs, visez un peu ce truc ...

La brune se mord les lèvres pour ne pas se frapper. Comment a-t-elle pu oublier de fermer l'écran ? ... Le choix inévitable s'impose alors à elle. Ils sont des témoins. Ils connaissent son identité. Et comme une épée de Damoclès, la table basse du salon s'élève soudainement en l'air, projetée avec force par la brune.

- Qu'est-ce que ...

Le chef de la bande, un grand tatoué aux cheveux tressés, se contorsionne pour éviter la planche en bois ronde  bien trop lourde pour la femme planquée en dessous. Le regard figé d'horreur, ce dernier avise le trou du canon pointé sur lui, entouré de deux prunelles d'un bleu hypnotique moucheté de mauve. Un regard qu'il n'avait jusqu'alors encore jamais cru possible de toute son existence. Dernière vision enchanteresse pour un coup fatidique. Une pauvre exclamation est gerbée de ses lippes épaisses, rapidement étouffé par la balle du silencieux venant se ficher dans son crâne. Un jet d'hémoglobine gicle de sa boite crânienne jusqu'au mur. Le tout se déroulant en quelques secondes à peine. Le temps de l'exécution, la table basse est déjà retournée sur le sol, et Abbie a disparu. Les deux derniers survivants jurent en s'agitant, pointant leurs flingues droit devant eux.

- C'était quoi ça, elle est passée où ?! s'insurge un grand brun aux origines asiatiques en jetant un coup d'œil à son acolyte, tout aussi agité et surpris que son partenaire. Leur chef est mort, l'indiscipline prend le dessus sur ces pauvres nigauds. 

L'asiatique fait un pas en direction de la porte de cuisine, évitant de justesse le corps gracile de la jeune femme qui fonce droit vers son acolyte. Ce premier est submergé par la stupeur, tandis que la jeune femme frappe son collègue en plein plexus solaire. Une fois le coup asséné et l'homme plié en deux, cette dernière assène un coup de coude dans  l'échine de sa victime, assommant ce dernier pour passer au prochain. Celui-là, elle en a besoin. D'un mouvement fluide et rapide, la jeune femme esquive de justesse une balle en grognant. Le coup de feu va alerter tout l'immeuble ! Jetant son silencieux déchargé pour se pencher en avant, la jeune femme bondit sur le dernier homme de petite taille, mais large d'épaules. D'un coup de talon, cette dernière bondit et ricoche contre le mur pour atterrir sur son adversaire.  Elle agrippe alors les épaules du baraqué pour s'élever et enserrer sa tête autour de ses cuisses. Ainsi perchée sur lui, Abbie doit se courber pour éviter de se cogner la tête contre le plafond. Elle tourne alors abruptement le bassin et entraîne l'asiatique dans sa chute. Avant de s'étaler à terre et de finir écrasée par l'intrus, la jeune femme retient tout son poing sur le plat de ses paumes, la tête du fumier toujours coincée entre l'étau de ses jambes. Pourtant, à la dernière minute, Abbie change d'avis au sujet du connard qu'elle tient en respect. D'un mouvement souple, cette dernière agrippe le menton de sa victime pour faire craquer sa clavicule.